Alors que les plateformes d’échange centralisées continuent de traiter la majorité des volumes, on a pu voir fleurir ces derniers mois de nombreux projets décentralisés, qui visent à offrir plus de sécurité à leurs utilisateurs.
L’utilisation de plateformes centralisées suppose des risques
Les services centralisés sont susceptibles d’être piratés – et à plus forte raison s’ils n’ont pas mis en place des systèmes de sécurité adaptés. Même de grandes plateformes telles que Bithumb ou Bitfinex font régulièrement l’objet d’attaques, et plusieurs établissements bancaires ont déjà été victimes de l’exploitation de failles de sécurité.
En décembre 2017, Bithumb – la deuxième plus grande plateforme d’échange de crypto-monnaies sud-coréenne, et la seule à être cotée en bourse – a révélé détenir l’équivalent de plus de 6 milliards de dollars d’actifs numériques pour le compte de ses clients. La valorisation des crypto-marchés ayant depuis diminué d’environ 50%, le site devrait désormais détenir l’équivalent d’approximativement 3 milliards de dollars de crypto-monnaies.
Selon Bloomberg, Xapo – un service de wallet et de garde de fonds – stockerait de son côté plus de 10 milliards de dollars d’actifs numériques dans différents bunkers.
La majorité des plateformes d’échange ou des services de garde stockent la plupart des actifs de leurs clients dans des « cold wallets » – des portefeuilles qui ne sont pas connectés à internet. Il leur est toutefois impossible de conserver l’ensemble des fonds dans ces wallets, dans la mesure où le délai de traitement des demandes de retrait de leurs utilisateurs serait trop important.
Henri Arslanian, directeur des technologies liées à la finance et à la régulation pour PricewaterhouseCoopers (PWC) Hong Kong – qui a récemment investi dans le projet blockchain chinois VeChain – a indiqué que de nombreux traders de crypto-monnaies ne conserveraient pas leurs fonds dans des wallets qui leur appartiennent. Ils préfèrent généralement privilégier l’aspect pratique, et s’appuyer sur les plateformes d’échange pour stocker leurs actifs.
Pourtant, ces sites d’échange centralisés ne permettent pas de bénéficier d’une excellente sécurité : ce mode de stockage induit des risques, dans la mesure où les clés privées des portefeuilles des utilisateurs sont détenues et gérées par les plateformes d’échange. En janvier dernier, la bourse japonaise Coincheck avait ainsi été victime du plus grand « crypto-hack » de l’histoire, en se faisant dérober l’équivalent de plus de 500 millions de dollars d’actifs XEM appartenant à ses clients.
L’arrivée de nombreuses plateformes d’échange décentralisées
Dans le même temps, de nombreux projets ont été développés afin de proposer des plateformes d’échange décentralisées, qui offrent aux utilisateurs la possibilité de trader des actifs numériques tout en gardant le contrôle de leurs fonds. On peut ainsi citer l’arrivée de plateformes telles que Kyber Network, 0x, AirSwap, ou encore Bancor.
Mais ces plateformes pourraient-elles d’ici quelques mois prendre le dessus sur leurs homologues centralisées ? Pour Matthew Leising, un éditorialiste de Bloomberg, les avis sont partagés :
« Cela dépend de la personne à qui vous posez cette question. Sam Tabar, stratégiste chez AirSwap, qui a ouvert une plateforme décentralisée en avril dernier, prédit que la principale évolution des crypto–marchés cette année sera liée à la migration des traders vers ce nouveau modèle. Mais d’autres observateurs comme Chia Hock Lai, le président de la Singapore Fintech Association, estiment que ce nouveau type de bourse d’échange comporte des problèmes particuliers, comme une expérience utilisateur moins bonne ainsi que des supports techniques moins aboutis ».
Notons que certaines plateformes d’échange centralisées se tournent déjà vers ce nouveau modèle. C’est le cas de Binance, qui planche sur la création d’une bourse décentralisée destinée à offrir une sécurité accrue aux traders.
Références : CCN, Bloomberg