La Banque populaire de Chine (BPC) a décidé de s’en prendre aux airdrops – ces distributions gratuites de tokens proposées par des sociétés de la crypto-sphère.
Les airdrops, des ICOs « déguisées »
Dans son rapport 2018 sur la stabilité financière, publié vendredi dernier, l’institution s’inquiète de la multiplication des airdrops, qui sont présentés comme des Initial Coin Offerings (ICOs) « déguisées ».
La BPC explique que des sociétés parviennent à échapper à la réglementation en offrant gratuitement une partie de leur offre de tokens aux investisseurs. Elles chercheraient ainsi à susciter l’intérêt des acteurs des marchés secondaires pour faire gonfler le cours de leurs actifs, ce qui leur permettrait de pouvoir ensuite revendre ceux-ci à un meilleur prix.
La banque alerte sur la multiplication de ces distributions, et ce malgré ses diverses tentatives visant à encadrer l’émission de crypto-tokens dans le pays. Elle appelle les régulateurs à effectuer une « détection précoce » et évoque le besoin d’une coopération internationale afin de protéger plus efficacement les investisseurs.
L’institution rappelle également ses inquiétudes vis-à-vis des manipulations de prix et du non-respect des lois anti-blanchiment d’argent. Elle estime que les crypto-monnaies posent un risque élevé dans la mesure où elles pourraient permettre d’échapper au contrôle des capitaux et aux sanctions internationales, et qu’elles seraient susceptibles de contribuer au financement du terrorisme.
ICOs : 330 millions d’euros levés en Chine
La BPC réaffirme la position sévère de la Chine à l’égard des ICOs et du trading de crypto-monnaies, en définissant ces premières comme des formes de financement « illicites ».
Elle pointe également du doigt les risques de fraude financière et de systèmes pyramidaux qui pèseraient sur la crypto-sphère, et alerte sur les « White Papers » frauduleux et les projets d’investissement douteux qui cherchent à capitaliser sur l’engouement suscité par la technologie blockchain.
Le document évoque par ailleurs les inquiétudes des autorités vis-à-vis des sociétés délocalisées à l’étranger qui proposent à des clients basés en Chine d’investir pour leur compte dans les crypto-monnaies.
Selon la BPC, le 18 juillet 2017 – soit quelques semaines avant leur interdiction – 65 ICOs avaient été conduites dans le pays, dont seulement 5 lancées avant 2017. Plus de 105 000 investisseurs y ont participé, pour un total de 2,6 milliards de yuans (330 millions d’euros). L’institution explique ainsi que la Chine représentait alors 20% des financements captés par ces levées de fonds numériques.
En août dernier, la National Internet Finance Association of China – une organisation fondée par la BPC – avait inséré une catégorie « vente de tokens » sur sa plateforme, pour permettre aux citoyens de dénoncer la conduite d’ICOs.
Rappelons qu’en dépit de la frilosité des autorités chinoises vis-à-vis de la crypto-sphère, le fait de détenir des crypto-monnaies n’est pas considéré en soi comme illégal dans le pays. C’est ce qu’avait rappelé en octobre dernier une instance arbitrale de la ville de Shenzhen (la traduction est approximative) :
« Aucune loi ou régulation n’interdit explicitement à des parties de détenir des Bitcoins ou de conduire des transactions privées en Bitcoin. On ne retrouve que des avertissements adressés au public sur les risques d’investissement. En l’espèce, ce contrat précise l’obligation de transférer des Bitcoins d’une personne à une autre, et il n’est donc pas concerné par l’interdiction de septembre 2017 ».
Références : CoinTelegraph, CoinDesk