Les investisseurs russes possèderaient 12% de l’ensemble des crypto-marchés, selon des estimations du gouvernement. Celui-ci prépare en ce moment un cadre réglementaire autour des actifs numériques.
Les citoyens russes détiendraient plus de 16 500 milliards de roubles (environ 214 milliards de dollars) de cryptomonnaies, selon les estimations du Kremlin, qui planche actuellement sur un cadre réglementaire pour le secteur.
Ce chiffre – qui correspond à près de 13% de la valorisation totale des crypto-marchés, mais aussi à un tiers de la valorisation de l’indice boursier russe – permet sans doute d’expliquer pourquoi le gouvernement a privilégié une attitude de régulation vis-à-vis du secteur plutôt qu’une interdiction pure et simple.
Cette estimation a été calculée en analysant les adresses IP des principales crypto-plateformes d’échange ainsi que d’autres informations, d’après ce qu’ont confié à Bloomberg deux sources proches du dossier.
Ces statistiques permettent de se faire une idée de l’appétence des épargnants locaux pour les crypto-actifs, alors que la Russie est le troisième plus grand pays de minage de Bitcoin. Si plusieurs cadres de la banque centrale ont précédemment appelé à une interdiction des actifs numériques, le gouvernement semble privilégier une approche plus accommodante.
Plus de 17 millions de Russes, soit environ 12% de la population, détiendraient des cryptomonnaies, selon les données du prestataire de paiement singapourien tripleA. 60% des crypto-investisseurs du pays seraient âgés entre 25 et 44 ans, tandis que 500 000 informaticiens travailleraient dans la crypto-sphère.
Un représentant du vice-premier ministre Dmitry Chernyshenko, en charge de la supervision de l’économie numérique, a refusé de fournir à Bloomberg une estimation des crypto-portefeuilles détenus par les investisseurs russes.
L’estimation de 214 milliards de dollars pourrait se situer en-deçà de la réalité, les sources de Bloomberg indiquant que de nombreux traders utiliseraient des réseaux privés virtuels pour réaliser leurs activités.
« La crypto-sphère russe se développe, on assiste à l’arrivée d’un nombre croissant d’investisseurs », a rapporté Stanislav Koritsky, présentateur du podcast “InvestBRO”.
« Il s’agit souvent de jeunes gens qui ne comprennent pas le marché et qui se sont lancés suite au battage médiatique ».
Interdire ou réglementer ?
Le gouvernement et la Banque de Russie étant en désaccord sur l’avenir des cryptomonnaies dans le pays, le président Vladimir Poutine a appelé les autorités à trouver un compromis réglementaire.
La banque centrale – qui estime à 5 milliards de dollars la valeur annuelle des crypto-transactions en Russie – souhaite que le minage et les échanges soient interdits, car ceux-ci représenteraient une menace pour l’ensemble du système financier russe.
Selon le journal d’État Rossiyskaya Gazeta, le gouvernement réfléchirait de son côté à l’élaboration d’un ensemble de règles. Il pourrait notamment décider de n’autoriser que les banques russes à proposer des services de crypto-trading et de faciliter le processus de blocage des crypto-bourses étrangères.
Alors que les services de sécurité russes auraient fait pression sur la banque centrale pour qu’elle interdise totalement les crypto-monnaies au motif que celles-ci pourraient être utilisées pour financer les partis d’opposition, ils auraient depuis fait volte-face. Ils seraient ainsi désormais disposés à soutenir l’approche réglementaire proposée par le gouvernement, toujours selon les personnes interrogées par Bloomberg.