Depuis plusieurs années, de nombreuses figures de la Silicon Valley lorgnent sur la possibilité d’augmenter radicalement l’espérance de vie de l’espèce humaine – voire même de pouvoir atteindre un jour l’immortalité.
Pour financer les recherches qui pourraient permettre d’y arriver, certains dirigeants de sociétés tech ont accordé plusieurs dizaines de millions de dollars de dons. Et certains laboratoires, comme la Bay Area’s Unity Biotechnology – qui planche sur le développement de médicaments permettant de traiter des maladies qui surviennent avec l’âge – sont parvenues à lever des sommes conséquentes.
Ce secteur semble désormais attirer un nouveau groupe de bienfaiteurs : les riches détenteurs de crypto-monnaies.
Ils sont ainsi plusieurs à avoir accordé des dons au docteur Aubrey de Grey. Présenté comme un « gourou de la longévité », il ambitionne d’étendre l’espérance de vie à plusieurs milliers d’années.
Vitalik Buterin, le co-fondateur d’Ethereum, a récemment accordé 2,4 millions de dollars d’Ethers à la fondation SENS Research que dirige le Dr. de Grey. Le programmeur espère ainsi contribuer au développement d’innovations en biotechnologie destinées à permettre le rajeunissement cellulaire. De son côté, le Pineapple Fund, mis en place par un « early-adopter » qui a fait fortune grâce au Bitcoin, a également apporté son soutien à cette fondation.
Un « problème qui pourrait être résolu »
Pour le Dr. de Grey, qui s’est entretenu avec Danny Forston, un journaliste du Sunday Times, une telle appétence des membres de l’écosystème des crypto-monnaies pour ces recherches n’est pas étonnante.
Ceux-ci seraient « très proches des personnes intéressées par les progrès technologiques », indique ce docteur de 54 ans, connu pour ses travaux sur l’intelligence artificielle. Il estime par ailleurs que ces individus sont généralement jeunes, et que le vieillissement constituerait à leurs yeux « un problème très important, qui pourrait potentiellement être résolu ».
On peut s’appuyer sur l’exemple de Vitalik Buterin, qui n’est âgé que de 24 ans. La monnaie native de son réseau, l’Ether, est actuellement le deuxième actif numérique le plus valorisé, juste derrière le Bitcoin. En évoquant l’initiative de SENS Research, le jeune développeur a salué sa « volonté d’apporter des solutions permettant de combattre les maladies liées au vieillissement, l’un des principaux problèmes auquel est confrontée l’humanité ».
Aubrey de Grey a indiqué que sa fondation était parvenue à récolter un total de 6,5 millions de dollars de Bitcoin et d’Ether depuis la mi-décembre. Il a précisé qu’elle avait immédiatement revendu ces actifs contre des dollars, dans la mesure où les organisations à but non lucratif ne sont pas autorisées à spéculer sur les marchés financiers. Et d’ajouter qu’il s’agit de sommes conséquentes pour le financement de ses recherches, dans la mesure où la fondation dispose d’un budget annuel de 4 millions de dollars.
Le Dr. de Grey a déclaré au Sunday Times que son objectif consistait à progresser très rapidement, afin de pouvoir s’attaquer au « problème » du vieillissement. Il estime à 50% ses chances de prouver, d’ici aux cinq prochaines années, la viabilité de ses travaux menés sur des souris de laboratoire. La réussite de ces recherches pourrait lui permettre d’entamer une « une guerre contre le vieillissement ».
« Tout dépend de la rapidité avec laquelle nous parviendrons à franchir certaines étapes clés », a‑t-il indiqué, en précisant que ses travaux suivaient une logique du « tout ou rien ». Il estime qu’à l’avenir, l’Homme pourrait bénéficier d’une durée de vie à « quatre chiffres ».
Difficile de savoir si l’on doit s’en réjouir ou s’en inquiéter.
Références : QZ