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Europol : près de 5 milliards d’euros seraient blanchis chaque année grâce aux crypto-monnaies

Blanchiment d'argent

Depuis leur appa­ri­tion, le Bit­coin et les autres cryp­to-mon­naies ont été, à de nom­breuses reprises, pré­sen­tés comme des outils favo­ri­sant la conduite d’ac­ti­vi­tés cri­mi­nelles. C’est au tour d’Eu­ro­pol d’a­jou­ter son grain de sel, en indi­quant que des mil­liards de dol­lars seraient blan­chis chaque année à tra­vers l’Eu­rope grâce aux actifs numériques.

3,4 à 4,5 milliards d’euros par an

EuropolPour Euro­pol (Euro­pean Police Office), trois à quatre mil­liards de livres ster­ling (3,4 à 4,5 mil­liards d’eu­ros) de fonds d’o­ri­gine cri­mi­nelle seraient blan­chis chaque année grâce aux crypto-monnaies.

C’est ce qu’a décla­ré hier son direc­teur, Rob Wain­wright, dans le cadre de l’é­mis­sion Pano­ra­ma, dif­fu­sée sur CNBC :

Ce phé­no­mène prend rapi­de­ment de l’am­pleur, et nous sommes inquiets. Ces actifs ne sont pas liés à des banques, et ils ne sont pas gérés par une auto­ri­té cen­trale. Par consé­quent, la police ne peut pas sur­veiller ces tran­sac­tions. Et même si elle par­ve­nait à iden­ti­fier un cri­mi­nel, elle n’au­rait aucun moyen de geler ses actifs, comme elle peut le faire dans le cadre du sys­tème ban­caire classique ».

Cette somme repré­sen­te­rait 3 à 4% des 100 mil­liards de livres ster­ling qui seraient blan­chis chaque année en Europe.

Les cri­mi­nels se ser­vi­raient ain­si de fonds obte­nus illé­ga­le­ment pour ache­ter des Bit­coins – des Bit­coins qui seraient répar­tis à tra­vers plu­sieurs por­te­feuilles. Ils s’ap­puie­raient ensuite sur des « mules » afin de les échan­ger à nou­veau contre des mon­naies fidu­ciaires, comme l’eu­ro ou le dollar.

Cer­tains sites indiquent d’ailleurs que ce pro­cé­dé per­met­trait « d’ef­fa­cer les traces que les fonds de nature cri­mi­nelle laissent d’ha­bi­tude der­rière eux ». Sauf que le Bit­coin n’est pas ano­nyme, et qu’il est pos­sible, en théo­rie, de remon­ter la trace d’une tran­sac­tion en ana­ly­sant les don­nées four­nies par un explo­ra­teurs de blocs.

Quoi qu’il en soit, les chiffres relayés par Euro­pol étonnent cer­tains membres de l’é­co­sys­tème blo­ck­chain. C’est le cas de Simon Tay­lor, qui explique que ces don­nées ne repré­sentent que 0,5% de la « Mar­ket Cap » des cryp­to-mon­naies. Mais sur­tout, il s’a­gi­rait de sommes extrê­me­ment modestes si on les com­pare aux 2 000 mil­liards de dol­lars qui seraient blan­chis chaque année à tra­vers le monde.

Il accuse ain­si l’ar­ticle de la BBC d’être « ter­ri­ble­ment trom­peur », dans la mesure où celui-ci ne four­ni­rait pas suf­fi­sam­ment d’élé­ments pour remettre dans leur contexte les chiffres qui sont présentés.

Malgré la régulation, le blanchiment d’argent prospère

RégulationQue les chiffres d’Eu­ro­pol sur les cryp­to-mon­naies soient justes ou non, il semble illu­soire de croire qu’une régle­men­ta­tion plus stricte autour des cryp­to-mon­naies per­met­trait de mettre un terme défi­ni­tif à leur uti­li­sa­tion pour blan­chir de l’argent.

Car du côté de la finance « tra­di­tion­nelle », qui fait pour­tant l’ob­jet d’un cadre régle­men­taire extrê­me­ment strict, des mil­liards de dol­lars conti­nuent de pas­ser chaque année à tra­vers les mailles du filet.

La semaine der­nière, on appre­nait que la Rabo­bank s’é­tait vue infli­ger une amende de 368 mil­lions de dol­lars pour ne pas avoir signa­lé des tran­sac­tions dou­teuses liées aux car­tels de la drogue mexi­cains. Une amende rela­ti­ve­ment faible si on la com­pare à celle reçue par HSBC en 2012, qui avait du s’ac­quit­ter de 1,9 mil­liards de dol­lars pour des failles liées à son dis­po­si­tif anti-blan­chi­ment d’argent.

Les plateformes d’échange sont déjà régulées

Régulation BitcoinPar ailleurs, même si les cryp­to-mon­naies ne sont pas émises et gérées des socié­tés, leur conver­sion vers et à par­tir de mon­naies fidu­ciaires a géné­ra­le­ment lieu sur des pla­te­formes d’é­change – des pla­te­formes qui doivent désor­mais, pour la plu­part, se sou­mettre aux mêmes régu­la­tions KYC et anti-blan­chi­ment d’argent que celles que les banques doivent respecter.

Et si cer­taines tran­sac­tions peuvent avoir lieu en dehors de ces pla­te­formes, avec des échanges en liquide, elles sup­posent des dif­fi­cul­tés simi­laires à celles que l’on retrouve dans des opé­ra­tions de blan­chi­ment d’argent plus classiques.

Ain­si, il est pos­sible, en théo­rie, de retrou­ver l’i­den­ti­té des indi­vi­dus qui uti­li­se­raient ces pla­te­formes d’é­change pour blan­chir des fonds. Et le Bit­coin ne serait donc, à cet égard, pas plus « ano­nyme » que ne le sont les mon­naies « traditionnelles ».

La donne est dif­fé­rente avec des cryp­to-mon­naies ano­nymes telles que le Mone­ro ou le Zcash. Pour­tant rare­ment évo­quées par les régu­la­teurs, celles-ci per­mettent d’ef­fec­tuer des tran­sac­tions qui sont, en théo­rie, impos­sibles à tra­cer.

Réfé­rences : Bit­coi­nist, Bit­son­line, BBC

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