Les cours des actifs numériques ont plongé sur la plateforme d’échange indienne WarzirX suite à l’annonce d’un projet de loi visant à interdire l’utilisation des « cryptomonnaies privées » dans le pays.
C’est un véritable vent de panique. En Inde, les discussions réglementaires récentes au sujet d’une potentielle interdiction des cryptomonnaies ont suscité la crainte des utilisateurs de WazirX, la première bourse d’échange du pays. Les principaux actifs numériques, au premier rang desquels le Bitcoin et l’Ether, ont ainsi lourdement chuté ce mercredi sur la plateforme.
Ce crash est intervenu après que le parlement a annoncé l’inscription de 26 projets de loi lors de la session d’hiver, dont fait notamment partie le Cryptocurrency and Regulation of Official Digital Currency Bill. Ce projet de loi, qui sera examiné dès lundi prochain, vise à approuver la création d’une monnaie numérique d’État couplée à l’interdiction de « l’ensemble des cryptomonnaies privées ».
Le pays pourrait toutefois y renoncer, selon un article publié ce mercredi par Bloomberg. Selon Blockworks, il pourrait seulement interdire les cryptomonnaies en tant que moyen de paiement, tout en continuant à les autoriser en tant que classe d’actifs dans laquelle investir.
About India’s new crypto bill :
1) No plans to ban it as an asset class
2) Wants to create a regulatory framework
3) Intends to ban it as a payment method
4) Plans to create a CBDCIn detail below by @thesamreynolds https://t.co/sfgKt1zwBX
— Blockworks (@Blockworks_) November 24, 2021
Cette annonce a suscité une chute du cours du Bitcoin sur WazirX, la principale crypto-plateforme d’échange d’Inde. L’actif est passé ce mercredi matin de 4,593 millions de roupies indiennes (61 746 dollars) à un plus bas à 3,797 millions de roupies indiennes (51 046 dollars) – soit une baisse de 17% en l’espace de moins de 3 heures.
Lors de la rédaction de cet article, le BTC avait depuis retrouvé quelques couleurs, s’échangeant à près de 4,2 millions de roupies indiennes (56 464 dollars). Il s’agissait d’un prix très proche du cours mondial moyen du Bitcoin, qui s’élevait alors à environ 56 600 dollars.
D’autres tokens avaient enregistré des baisses importantes, comme l’Ether (ETH), le Cardano (ADA), le Shiba Inu (SHIB) ou encore le Dogecoin (DOGE).
Impossibles à interdire totalement
Dans un entretien accordé au site CoinTelegraph, Nischal Shetty, le PDG de WazirX, a indiqué que les actifs numériques s’échangeaient généralement à des cours plus élevés sur les crypto-marchés indiens que sur les autres marchés :
« Cette vente de panique a permis une correction sur le marché indien, avec des prix qui ont atteint les niveaux mondiaux ».
Le dirigeant a rapporté les déclarations de Subhash Chandra Garg, ancien secrétaire des finances de l’Inde, qui estime qu’il « convient d’interdire l’utilisation des crypto-actifs en tant que “monnaies” ».
Jay Hao, PDG de la plateforme d’échange OKEx, espère de son côté que l’Inde adoptera une approche plus nuancée dans sa volonté de réglementer les cryptomonnaies :
« L’Inde abrite le plus grand nombre de détenteurs de cryptomonnaies au monde », a‑t-il indiqué dans des propos confiés à CoinTelegraph.
« Il incombe au gouvernement de protéger les intérêts de ces investisseurs ».
Voici ce qu’a déclaré Caroline Bowler, PDG de BTC Markets, en évoquant la potentielle interdiction des cryptomonnaies en Inde :
« Cette interdiction ne fonctionnera pas sur le long terme et constituerait un véritable retour en arrière », ajoutant qu’une telle décision « ne constituerait pas un choix destiné à protéger l’intérêt des investisseurs ».
« Ce qu’il faut comprendre avec les cryptomonnaies, c’est que même si les gouvernements tentent de les interdire ou de les contenir, la nature décentralisée de cette technologie les en empêcheront ».
L’initiative de l’Inde intervient après un débat parlementaire sur les cryptomonnaies qui s’est tenu le 15 novembre. Les régulateurs en ont conclu qu’il était nécessaire de mettre sur pied un cadre réglementaire plus strict autour de ces actifs.
En août, un représentant de la Banque de réserve de l’Inde avait déclaré que l’institution prévoyait d’entamer des essais préliminaires pour mettre en place une monnaie numérique de banque centrale avant la fin de l’année 2021.
L’Inde est l’un des plus grands marchés au monde pour les actifs numériques : plus de 20 millions de particuliers détiendraient des cryptomonnaies.