Ceci est la traduction libre d’un article de CoinDesk, qui présente le parcours d’un investisseur en crypto-monnaies. S’il ne reflète pas forcément notre point de vue (nous privilégions un portefeuille de monnaies numériques principalement investi en Bitcoins et en Ethers), il nous a semblé comporter des idées intéressantes, que nous avons souhaité relayer.
Willy Woo est loin d’être un investisseur comme les autres.
Il ne semble s’intéresser qu’aux crypto-monnaies à fort potentiel d’appréciation, quitte à faire face à une volatilité susceptible de lui faire perdre les 3/4 de son portefeuilles en quelques semaines.
Mais si l’on s’intéresse à l’histoire de M. Woo, tout cela n’est pas très surprenant.
Connu pour son approche innovante vis-à-vis des crypto-monnaies, M. Woo s’était lancé dans le trading en achetant des produits dérivés dans la période ayant précédé la crise financière de 2008. Il s’était ainsi mis à spéculer à la baisse sur des actions bancaires, juste avant leur effondrement.
C’est cette expérience qui lui a offert une compréhension solide des méthodes à utiliser pour spéculer sur des marchés au sein desquels règne une forte volatilité.
M. Woo s’est intéressé aux crypto-monnaies peu après avoir emmenagé à Bali, alors que la capitalisation du Bitcoin venait tout juste de dépasser le milliard de dollars.
Si, comme pour beaucoup d’investisseurs, son incursion dans le monde des monnaies numériques a commencé au travers du Bitcoin, il a depuis changé son fusil d’épaule, en se focalisant sur les « altcoins » (c’est à dire l’ensemble des autres crypto-monnaies).
« Mon portfolio est à très, très haut risque, mais avec des gains potentiellement très élevés. Il est extrêmement volatil. » a‑t-il ainsi révélé.
Pas du trading, mais de l’investissement
Pour effectuer ses investissements, l’homme s’appuie sur d’importants volumes de données.
« D’après les données que j’ai pu réunir, la plupart des coins qui se lancent et qui rencontrent du succès suivent une évolution bien particulière, » a‑il expliqué en montrant des clichés du lanceur Falcon 9.« Voici les photos d’une fusée qui est lancée en suivant une trajectoire raide, puis qui redescend, avant de remonter progressivement. »
Contrairement à d’autres traders, qui achètent une monnaie dans le but de la revendre dans les minutes ou les heures qui suivent, les investissements conduits par M. Woo s’inscrivent dans une logique long terme.
Il explique : « Nous ne faisons pas du trading. Nous investissons. Nous plaçons ensuite notre investissement dans un tiroir, comme le fait un capital-risqueur. »
M. Woo s’intéresse particulièrement aux crypto-monnaies fraîchement introduites sur les marchés – il espère que certaines d’entre elles pourront lui permettre de bénéficier de retours sur investissement élevés.
Il estime que cette stratégie est plus lucrative que de rester investi en Bitcoin – même si cela nécessite une connaissance pointue de ces marchés, et suppose des risques bien plus élevés.
Mais même s’il ne suivait aucune thèse d’investissement, M. Woo estime que les « altcoins » lui fourniraient tout de même des rendements intéressants.
Voici ce qu’il a ainsi expliqué à CoinDesk :
« Même si vous arrêtez d’effectuer une sélection, et que vous achetez l’ensemble des nouveaux coins qui sont proposés sur le marché, même les « scam coins », c’est en fait du 50/50, avec 50% qui sous-performent le Bitcoin, mais 50% qui surperforment le Bitcoin. »
À la recherche d’indicateurs
Mais ce sont surtout les calculs sur lesquelles s’appuie M. Woo pour effectuer ses choix d’investissements qui pourraient probablement susciter la convoitise de n’importe quel investisseur en crypto-monnaies.
Le trader a expliqué qu’il s’appuyait bien souvent sur les données fournies par les « explorateurs de blocs », comme blockchain.info, en y collectant des données diverses : taille de la mempool, volume des transactions, récompenses attribuées aux mineurs,… Ces données vont lui permettent de se faire une idée de la « santé » d’un réseau.
Il va ensuite s’intéresser aux graphiques, à la recherche de « patterns » qui pourraient lui indiquer un possible mouvement haussier.
M. Woo travaille également avec des métaphores et des analogies, cherchant des moyens lui permettant de comparer des réseaux blockchain à des sociétés « classiques ». Il pourrait ainsi se demander se poser la question suivante : si le Bitcoin remplit un rôle similaire à celui de Paypal – le fait de faciliter les paiements numériques – quelles sont les données qu’il est possible d’utiliser afin de mesurer le potentiel du Bitcoin ?
L’investisseurs a cherché, pendant longtemps, un ratio clé pour ses investissements en monnaie numérique – un indicateur grâce auquel il pourrait évaluer la valeur d’une crypto-monnaie par rapport à ses concurrentes, comme ce que permet le PER (price-earning ratio) dans le cadre d’analyses d’actions boursières.
Car s’il est possible de se référer à la capitalisation d’une monnaie numérique pour définir la partie « price », la deuxième composante, les revenus (« earnings »), fait défaut lorsqu’il s’agit de crypto-monnaies.
Il pourrait ainsi, pour le Bitcoin, s’intéresser à la valeur totale des transactions conduites sur son réseau.
« J’ai utilisé la chose la plus proche d’un price-earning ratio dont nous disposons, » a‑t-il confié.
« Vous pouvez juste regarder cet indicateur afin de voir s’il vous semble pertinent. Est-ce que la valorisation suit le rythme des transactions ? Une fois que vous comprenez ces données, vous pouvez commencer à regarder où est-ce que le cours de la monnaie a augmenté, et où est-ce qu’il a diminué. »
Mais M. Woo ne s’arrête pas là, et va s’appuyer sur de nombreuses données complémentaires, à la recherche d’indicateurs qui pourraient l’amener à savoir si un « altcoin » recèle un véritable potentiel.
« Comme si on achetait un terrain »
M. Woo semble avoir décidé de s’intéresser principalement aux crypto-monnaies qui constituent des « plateformes ».
Il estime ainsi que la majorité des 10 crypto-monnaies les plus importantes en termes de capitalisation sont des infrastructures décentralisées sur lesquelles d’autres applications peuvent être développées.
« Pour la première fois, on peut investir sur ces protocoles, et dans le même temps, c’est comme si ont détenait une partie de toutes les applications qui sont conçues sur ceux-ci » s’est-il enthousiasmé, ajoutant que :
« C’est comme si on achetait un terrain sur lequel des individus vont construire leur entreprise. »
C’est la raison pour laquelle M. Woo ne s’intéresse plus vraiment aux applications. Dans son esprit, les applications qui s’appuient sur des plateformes blockchain ressemblent de plus en plus aux startups de la Silicon Valley – des milliers sont lancées chaque année, et seule une poignée d’entre elles vont rencontrer un veritable succès, et devenir des licornes comme Facebook.
Il évite par ailleurs d’investir dans la plupart des Initial Coin Offerings (les ICOs, des levées de fonds conduites au travers de monnaies numériques), en expliquant que de nombreuses ventes de tokens offrent des « packages » à certains individus, ce qui les rend encore plus risquées.
M. Woo recommande aux investisseurs de mener des recherches poussées avant de miser sur une crypto-monnaie. Il les appelle à s’intéresser tout particulièrement aux fondateurs et aux conseillers du projet – la présence d’une personnalité reconnue, prête à risquer sa réputation sur une startup, constitue un véritable atout – mais également à passer du temps sur les réseaux sociaux et les forums.
« Une fois que vous avez fait vos recherches, vous n’avez plus qu’à attendre entre 6 mois et deux ans, en tenant bon pendant les secousses. »
Référence : CoinDesk