Si la plupart des individus peuvent, dans le monde, librement créer une entreprise en lien avec les monnaies numériques, ce n’est pas le cas dans certains pays, où les gouvernements cherchent à endiguer un phénomène qu’ils veulent interdire.
Au Népal, la création d’un site d’achat de Bitcoins peut mener directement à la case prison. Le gouvernement vient d’arrêter deux nouveaux bitcoiners – alors qu’il a déjà envoyé en prison une douzaine d’entrepreneurs en quelques mois.
Une arrestation « pour escroquerie »
Dans d’autres parties du globe, où l’innovation est relativement libre et où les entrepreneurs peuvent exprimer leurs talents, des noms comme Ram Dhakal et Purusottam Dhar Tuladhar pourraient symboliser une certaine réussite. Mais au Népal, un pays connu pour son hostilité vis-à-vis des monnaies digitales, de tels noms sont associés à des activités criminelles.
« Le Département des enquêtes criminelles [(CIB)] de la police népalaise vient d’arrêter deux personnes, suspectées d’avoir mis au point une escroquerie liée au Bitcoin », rapporte le journal TheHimalayanTimes, « sous couvert d’une entreprise de technologies dans l’internet ».
L’article précise que « SP Jeevan Shrestha, le porte-parole du CIB, a déclaré que les deux hommes étaient suspectés d’exploiter une « escroquerie » liée aux crypto-monnaies avec leur société Bitsewa Pvt Ltd ».
Le site en question, www.bitsewa.com, était hors ligne lors de la rédaction de cette article. Il est toutefois possible d’accéder à la version archivée du site, qui permet de voir qu’il permet d’acheter non seulement des Bitcoins, mais des Litecoins, des Ethers, des Ripple et des DASH.
On peut également encore accéder à la page Facebook de la plateforme – une page sur laquelle il était fait mention de cette arrestation :
Fondateurs de Bitsewa : « Nous aidons les népalais à mieux comprendre le Bitcoin et la Blockchain »
Avocats du gouvernement : « Nous ignorons ce qu’est le Bitcoin. Pourquoi avez-vous commis cet acte illégal ? Vous allez finir immédiatement en prison ! »
#Nepal, est-ce ainsi que vous traitez les gens qui s’adonnent à du trading de Bitcoin dans le pays ? Commencez par mettre en place un cadre législatif clair avant de punir des innocents, seulement coupables d’avoir aidé les citoyens à mieux comprendre ces nouvelles technologies.
En effet, pour les autorités népalaises, « ils ont créé une société sous le nom de Bitsewa Pvt Ltd, une société prétextant exploiter une affaire de technologies Internet, de diffusion d’informations et de développement de logiciels. Ils ont également ouvert le site www.bitsewa.com, qu’ils ont choisi de nommer « Bitsewa : première société népalaise de Bitcoins et plateforme d’échange d’actifs numériques ». »
« Ils utilisent Facebook pour escroquer des népalais »
L’article du journal local, très sévère à l’égard de cette initiative, explique que « le duo cherchait également à tromper des particuliers au travers de la page Facebook de la société », sous-entendant ainsi que le simple fait de vendre des actifs numériques constituerait nécessairement l’existence d’une escroquerie.
Une partie des informations relayées par les deux entrepreneurs népalais ont ainsi certainement du déplaire aux autorités :
L’article précise que, « même s’il est légal dans certains pays et que plus de 1100 crypto-monnaies sont actuellement sur le marché, le fait d’en échanger peut faire l’objet de poursuites, d’après le Nepal Rastra Bank Act. »
Le Nepal Rastra Bank Act est un document légal de 49 pages qui ne mentionne nullement la moindre crypto-monnaie. Dans la mesure où il a été publié en 2002 et mis à jour en 2006, une telle évocation seraient compliquée, puisque le Bitcoin n’a été présenté pour la première fois par son créateur qu’en 2008.
Il est ainsi difficile de connaître les règles édictées par ce document qui auraient pu ne pas être respectées par les deux entrepreneurs.
L’article souligne pourtant que « la banque centrale avait déjà imposé une interdiction des transaction de Bitcoin et de Gravity coin au Nepal. »
Abhishek Gupta, du site TechLekh, explique qu” »alors que le Bitcoin est prospère dans certains pays, il semblerait qu’il constitue une menace pour d’autres ». Cette menace serait principalement liée à l’anonymat (ou au pseudonymat pour être plus précis) des transactions, qui en ferait des monnaies numériques « un outil de chez toi pour perpétrer des crimes, notamment du blanchiment d’argent. »
En l’espèce, aucune accusation de blanchiment d’argent ne semble toutefois peser sur les deux ex-gérants de Bitsewa, qui n’auraient sans doute pas mis en place une telle plateforme (et ne risqueraient pas de passer des années en prison) si le gouvernement avait été en mesure de proposer un cadre légal clair concernant les crypto-monnaies.
Référence : News.bitcoin.com, TechLekh