« Garder un esprit ouvert »
Pour Christine Lagarde, la directrice du Fonds monétaire international (FMI), les crypto-monnaies ne cessent de prendre de l’ampleur.
Alors que le prix du Bitcoin est remonté il y a quelques jours au-dessus de la barre des 8000 dollars, Mme Lagarde a récemment offert un point de vue relativement positif au sujet des crypto-monnaies, en déclarant notamment que celles-ci « ne constituent pas un danger immédiat ».
Dans un article de blog publié lundi, elle a ainsi évoqué les avantages offerts par les actifs numériques, en appelant à une « approche équilibrée » – un appel qui pourrait traduire un changement de sentiment du côté des organes de régulation.
» Je souhaite ici analyser la promesse qu’ils offrent. Un regard judicieux sur les crypto-actifs ne doit ni nous conduire à une “crypto-condamnation”, ni à une “crypto-euphorie” », a‑t-elle déclaré.
Elle a toutefois souligné les dangers liés aux opérations à effet de levier à travers lesquelles les investisseurs peuvent s’endetter, ainsi que la possibilité que les monnaies numériques puissent un jour présenter un risque systémique pour l’économie. Mais son message était globalement positif.
« De la même manière que quelques technologies de l’ère numérique ont transformé nos vies, les crypto-actifs qui survivront pourraient avoir un impact significatif sur la façon dont nous épargnons, investissons et payons nos factures. C’est pourquoi les responsables politiques doivent garder un esprit ouvert, et doivent s’efforcer de mettre en place un cadre réglementaire équitable qui minimise les risques tout en permettant au processus créatif de porter ses fruits ».
Un point de vue qui évolue
Au fil des années, le regard de Madame Lagarde vis-à-vis des actifs numériques semble avoir progressivement évolué. La directrice du FMI avait dans un premier temps invité les banques à « ne pas s’inquiéter » de la technologie blockchain et du Bitcoin, avant d’associer ce marché à la fraude et aux activités anti-blanchiment d’argent, pour avertir ensuite les institutions financières que les crypto-monnaies seraient susceptibles de venir « disrupter » leurs activités.
Elle propose désormais une approche plus mesurée. Elle a ainsi évoqué cette semaine le fait que, avec plus de 1600 devises numériques actuellement disponibles, « beaucoup ne survivront pas au processus de destruction créatrice » – un point de vue partagé par de nombreux observateurs de l’écosystème. Dans le même temps, elle semble avoir pris conscience du potentiel que les crypto-monnaies ont à offrir, soulignant certaines de leurs caractéristiques comme leur « vitesse », ou le fait qu’elles soient « peu coûteuses ».
Mme Lagarde suggère que la technologie des registres distribués pourrait aider les banques à travailler de manière plus efficace – ce que Ripple et Santander cherchent déjà à démontrer. Elle serait aussi susceptible d’être utile au sein d’autres secteurs comme la santé ou l’immobilier. La dirigeante a également souligné les avantages des « smart contracts », et a admis qu’ils pourraient être précieux pour le système bancaire.
Mais si la directrice du FMI estime que la technologie blockchain pourrait révolutionner le secteur financier, elle pense que l’humain continuera d’y jouer une place importante. Elle a notamment souligné la nécessité d’un équilibre entre « prestataires de services centralisés et décentralisés ».
Référence : CCN