Yoon Suk-heun, le nouveau gouverneur du Financial Supervisory Service sud-coréen, a récemment confié vouloir alléger la réglementation en vigueur autour des crypto-marchés afin que le pays puisse mieux tirer profit de leurs « aspects positifs ».
Un marché impacté par une réglementation trop stricte
M. Yoon a déclaré cette semaine au Korea Times que « les crypto-monnaies comportent certains aspects positifs ». Il a ajouté que l’organe de régulation qu’il dirige comptait accompagner la mise en place d’un cadre réglementaire plus souple autour de celles-ci. Il s’agirait d’offrir une certaine stabilité à ces marchés, dans un pays dont les investisseurs comptent encore parmi les plus actifs de l’écosystème.
Le dirigeant a été décrit par des observateurs locaux comme un réformiste, qui prone la mise en place de règles souples, destinées à mieux protéger les investisseurs et à faciliter la croissance des sociétés évoluant dans le secteur des crypto-monnaies. Il a indiqué que son agence s’apprêtait à coopérer avec la Financial Services Commission (FSC) – le principal régulateur financier du pays – afin d’évaluer les réglementations en vigueur sur les crypto-marchés.
« Le FSS collaborera avec la FSC. […] La FSC évaluera l’aspect réglementaire, tandis que la FSS supervisera les institutions financières sous le contrôle de la FSC », a déclaré M. Yoon.
Bithumb : des volumes d’échange en chute de 90%
Car les règles actuelles semblent avoir laissé des traces sur les principales plateformes d’échange.
La première d’entre elles, Bithumb, avait ainsi vu s’effondrer ses volumes d’échange journaliers de 90%. Ceux-ci étaient passés de 4 000 milliards de wons (3,1 milliards d’euros) à 400 milliards de wons (310 millions d’euros) après que le pays ait mis en place un système imposant aux traders de se soumettre à des dispositifs de vérification d’identité.
Voici ce que la plateforme a indiqué :
« Les transactions journalières de crypto-monnaies ont chuté à environ 400 milliards de wons, contre 4 000 milliards avant la mise en œuvre de la nouvelle réglementation par les organismes de régulation financière. Les marchés s’attendaient à ce que l’arrivée de dispositifs de vérification d’identité soient positifs pour le trading, mais ces efforts ont été vains dans la mesure où les banques locales étaient devenues réticentes à l’idée d’offrir cette possibilité à un plus grand nombre de traders ».
Upbit, l’une des principales plateforme de trading du pays, a proposé un point de vue similaire. Si elle n’est pas opposée à la mise en place de règles, elle estime que le gouvernement ne devrait pas « tuer » le marché en mettant en place une réglementation trop stricte ou trop complexe à mettre en œuvre :
« Nous ne nous sommes pas opposés à la mise en place de règles. Mais l’on ne peut pas tuer les marchés à cause de celles-ci. Ce à quoi doit songer le nouveau dirigeant de la FSS, c’est à la manière dont les organes de régulation doivent fournir des solutions pour aider le trading d’actifs numériques et la technologie blockchain à devenir meilleurs », a‑t-elle indiqué.
Un nouveau décollage en perspective pour les marchés sud-coréens ?
Le fameux « Kimchi Premium » – qui décrit le fait que les prix en vigueur sur les plateformes sud-coréennes soient généralement plus élevés qu’ils ne le sont sur les autres sites – a récemment fait son retour. Il témoigne d’une hausse de l’appétence des investisseurs locaux pour de nombreuses crypto-monnaies. Et alors que les volumes échangés sur les principales plateformes sud-coréennes sont en hausse, le sentiment des acteurs de l’écosystème semble progressivement s’améliorer.
De nombreux observateurs estiment que si la FSS et M. Yoon prenaient l’initiative d’assouplir la réglementation qui prévaut autour des crypto-monnaies, ceci pourrait stimuler la demande pour ces actifs, et favoriser une nouvelle hausse des volumes d’échange.
Parallèlement, le pays pourrait prochainement décider d’autoriser à nouveau les Initial Coin Offerings, qui sont interdites depuis septembre 2017. Selon un article publié la semaine dernière par le Korea Times, l’un des membres du Parti démocrate de Corée aurait pris l’initiative de contester cette interdiction. Il bénéficierait de l’appui de 10 autres membres du Parlement, et compterait présenter avant la fin de l’année une version finale d’un projet de loi visant à légaliser ces levées de fonds.
Références : News.8Btc, Korea Times