Plus de 200 000 signatures. C’est ce qu’a pu recueillir une pétition visant à inciter le gouvernement sud-coréen à ne pas prendre des mesures de régulation trop contraignantes autour du trading de crypto-monnaies. Il s’agit du seuil à partir duquel celui-ci est contraint d’examiner la requête, et d’y apporter une réponse.
Titrée « Le gouvernement n’a-t-il jamais rêvé d’un rêve heureux pour le peuple ? », cette pétition a été mise en place le 28 décembre dernier. Dans le même temps, une autre pétition appelle à la destitution du gouverneur du gendarme financier du pays.
« Ne nous volez pas notre rêve »
Le gouvernement sud-coréen avait annoncé à la mi-décembre qu’il comptait contraindre les plateformes d’échange de crypto-monnaies à se soumettre à un cadre réglementaire strict.
Le 28 décembre, il avait tenu une réunion destinée à discuter des mesures qu’il allait prendre pour faire face à l’engouement suscité dans le pays par les monnaies numériques. Il avait notamment décidé d’interdire l’anonymat sur les plateformes, d’imposer les gains des traders et d’empêcher les personnes âgées de moins de 18 ans de les utiliser.
Mais certains craignent que le gouvernement n’aille plus loin, et ne se décide un jour à prononcer une interdiction totale de cette activité.
C’est sans doute ce qui a poussé un citoyen, resté anonyme, à mettre en place une pétition destinée à calmer les ardeurs des autorités. Intitulée « Le gouvernement n’a-t-il jamais rêvé d’un rêve heureux pour le peuple ? », elle restera en ligne jusqu’au 27 janvier.
D’après les règles instaurées par la Maison Bleue – le bureau du président de la Corée du Sud – si plus de 200 000 personnes signent une pétition dans le mois suivant sa mise en ligne, le gouvernement dispose d’un délai de 30 jours pour y apporter une réponse.
Hier, le nombre de signatures recueillies par cette pétition dépassait largement ce seuil :
Voici ce que l’on peut y lire (la traduction est approximative) :
« Nos compatriotes sont parvenus à faire le rêve heureux qu’ils n’auraient jamais pu faire en Corée, et c’est grâce aux monnaies virtuelles […] Je vais peut-être pouvoir m’offrir une maison en Corée, alors qu’il m’aurait sinon été difficile de le faire. »
En évoquant le fait que le trading de monnaies numériques risquerait d’être un jour assimilé à des jeux d’argent illégaux, l’auteur explique que « les gens ne sont pas stupides. À notre époque, ils investissent dans les monnaies virtuelles parce qu’elles sont considérées comme la 4ème révolution, et il ne s’agit pas d’un investissement effectué sans réfléchir. […] J’investis sagement, en évitant de prendre trop de risques avec mon argent ».
Après avoir reconnu les risques associés aux crypto-monnaies, l’auteur a indiqué qu’il estimait que le gouvernement se trouvait trop loin des préoccupations des citoyens :
« Le monde que vous [le gouvernement] voyez est différent du monde que nous, les citoyens, voyons. Vous pensez que vous protégez les citoyens, mais ceux-ci pensent que le gouvernement leur vole leurs rêves. »
La pétition n’évoque pas les mesures que les autorités ont déclaré vouloir prendre – mettre fin à l’anonymat sur les plateformes de trading, mais également imposer les gains en capital générés à travers celles-ci.
Elle se conclut ainsi :
« S’il vous plaît, ne nous prenez pas la joie et les rêves que nous avons pour la première fois en Corée »
Révoquer le directeur du gendarme financier
Le 28 décembre, une autre pétition avait été mise en place. Elle appelait à « la révocation de Choi Heung-shik, le directeur du Financial Supervisory Service, qui soumet aux citoyens des vues spéculatives ».
Le Financial Supervisory Service est le régulateur financier sud-coréen, qui examiner et supervise le fonctionnement des institutions financières.
Cette pétition intervient en réaction à un discours donné le même jour par le dirigeant. Celui-ci aurait déclaré que le cours du Bitcoin allait certainement plonger. « La bulle du Bitcoin va éclater. Vous pouvez miser dessus », aurait-il affirmé, d’après les propos rapportés par Hankook-Ilbo et d’autres médias locaux.
Hier soir, plus de 37 000 personnes avaient déjà signé cette pétition :
Pendant ce temps, la Cour constitutionnelle de Corée a tenu une audience préliminaire pour étudier une requête liée au cadre réglementaire que souhaite mettre en place le gouvernement.
Celle-ci émane d’un cabinet d’avocat, Anguk Law Offices, qui estime que « les régulations autour du trading de crypto-monnaies par le gouvernement, qui déclare vouloir réguler les échanges à travers certaines orientations administratives, n’a aucun fondement légal, et il s’agit d’une violation du droit propriété », comme l’avait rapporté le Korea Times.
Référence : News.Bitcoin