Seulement quelques mois après la folie CryptoKitties – qui s’adressait au marché occidental – c’est au tour de la Chine de s’y mettre en lançant CryptoDogs. Et même si le site semble être un simple « copycat », on retrouve une différence notable : le jeu ne s’appuie pas sur Ethereum, mais sur une autre plateforme blockchain, Achain.
L’ascension et la chute de CryptoKitties
CryptoKitties avait été lancé en décembre dernier. Le jeu avait rapidement su séduire un large public, en offrant une application simple et divertissante de la technologie blockchain – avec une sorte de token Tamagotchi évoluant sur Ethereum.
Le site permet ainsi aux joueurs de collectionner des chats virtuels, qu’ils peuvent acheter et revendre. Ils ont également la possibilité de former des couples afin de mettre au monde de nouveaux chatons.
Chaque chaton est associé à son propre « ADN », qui détermine certaines caractéristiques : de la couleur de la fourrure à la période d’accouplement. Et chacun de ces attributs est codé sur la blockchain Ethereum.
Lors des premiers jours de son lancement, CryptoKitties avait suscité un engouement sans précédent – jusqu’à être à l’origine de plus de 13% des transactions effectuées sur le réseau Ethereum. De quoi déplaire à certains observateurs, mécontents qu’un simple jeu puisse être aussi gourmand – et s’indignant de constater que certains individus étaient près à payer l’équivalent de plus de 100 000 dollars pour s’offrir un chat virtuel.
La popularité du site avait progressivement diminué à la fin du mois de décembre. Et l’on peut d’ailleurs penser que beaucoup d’utilisateurs n’étaient pas nécessairement intéressés par le jeu en lui-même, mais espéraient pouvoir générer des profits en achetant et en revendant des chatons. Il convient d’ajouter à cela la hausse des frais de transaction sur le réseau Ethereum à partir du mois de décembre, qui peut avoir incité de nombreux joueurs à quitter le site.
Lors de la rédaction de cet article, le chat le moins onéreux de CryptoKitties pouvait être obtenu sans casser sa tirelire : il était proposé à 0.0021 Ethers, soit moins de 2 dollars.
CryptoDogs : Un CryptoKitties 2.0 ?
CryptoKitties ne semble pas avoir été pensé pour le marché asiatique – le site n’est toujours disponible qu’en anglais. Et même si certains membres de la communauté chinoise avaient fait part de leur intérêt sur les réseaux sociaux, la barrière de la langue a surement découragé de nombreux utilisateurs potentiels.
Mais ils peuvent désormais se tourner vers CryptoDogs, qui s’adresse au marché chinois. Alors que le service est proposé exclusivement dans la langue de l’Empire du Milieu, les utilisateurs étrangers ont toujours la possibilité de s’appuyer sur Google Translate pour utiliser la plateforme, comme nous l’avons fait :
Ceux qui connaissent déjà CryptoKitties remarqueront qu’il s’agit d’un site très similaire – tant au niveau de la mise en page que du style « cartoon » des dessins. À première vue, la seule différence notable est liée à la race des animaux : des chiots plutôt que des chatons.
Mais on peut constater une autre différence : le jeu n’est pas basé sur Ethereum, mais sur Achain.
Achain et sa « Fork Theory »
Achain est une plateforme blockchain analogue à Ethereum : elle offre aux développeurs la possibilité d’émettre des tokens, de créer des smart contrats et des applications décentralisées.
Mais elle s’appuie sur un concept baptisé « Fork Theory ». Plutôt que de créer un token sur la blockchain d’un réseau (par exemple, sur Ethereum), les développeurs ont la possibilité de « forker » la chaîne d’Achain. Ils peuvent ainsi créer une nouvelle plateforme indépendante, associée à sa propre blockchain. Ceci avait notamment permis de mettre en place un fork du Bitcoin, nommé ABitcoin.
Et pas de risque de congestion du réseau, comme cela avait été le cas sur Ethereum, en partie à cause de CryptoKitties. Alors que celui-ci ne peut gérer qu’une douzaine de transactions par seconde, Achain est capable de traiter 1000 transactions par seconde, avec un « blocktime » moyen de 10 secondes.
Par ailleurs, CryptoDogs utilise sa propre blockchain : si des millions d’utilisateurs se mettaient subitement à acheter et vendre des chiots, l’ensemble de ces transactions s’effectueraient sur la blockchain de CryptoDogs, et seraient validées par ses propres mineurs.
Les capacités d’Achain en termes de nombre de transactions par seconde, mais également le fait qu’elle offre la possibilité de « forker » facilement sa blockchain, pourraient s’avérer utiles dans d’autres applications susceptibles de susciter un rythme élevé de transactions.
Références : Bitcoinist, HackerNoon, CryptoDogs