Aspect Légal Minage Régulation

Kazakhstan : des agents du ministère des Finances pris en flagrant délit de minage de crypto-monnaies

Après s’être aper­çu que quatre de ses employés minaient des actifs numé­riques sur ses ser­veurs, le minis­tère des Finances du Kaza­khs­tan a annon­cé qu’il allait prendre des mesures visant à amé­lio­rer la sécu­ri­té et la sur­veillance de son dépar­te­ment informatique.

Un dépu­té a plai­san­té en indi­quant que ces mineurs avaient cher­ché à concur­ren­cer la banque cen­trale – qui détient le mono­pole de l’é­mis­sion moné­taire – avant d’ap­pe­ler à la mise en place d’un cadre régle­men­taire autour des mon­naies numé­riques. C’est jus­te­ment ce sur quoi planche la Natio­nal Bank, qui n’en­vi­sage tou­te­fois pas d’in­ter­dire l’u­ti­li­sa­tion de ces actifs.

Des ordinateurs appartenant à l’État utilisés pour miner des monnaies numériques

Ordinateurs entreprisesAu sein de quatre régions dif­fé­rentes du Kaza­khs­tan, des spé­cia­listes en tech­no­lo­gies infor­ma­tiques tra­vaillant pour le minis­tère des Finances ont uti­li­sé du maté­riel appar­te­nant au gou­ver­ne­ment pour miner des cryp­to-mon­naies.

Comme le rap­porte le site Ten­gri­news, les enquê­teurs ont décla­ré que ces indi­vi­dus étaient employés par le Dépar­te­ment des reve­nus de l’É­tat du minis­tère des Finances. Ceux-ci ont ain­si uti­li­sé les ordi­na­teurs les plus puis­sants qui étaient pro­po­sés aux employés.

« Ils ont secrè­te­ment ins­tal­lé des logi­ciels de minage, ce qui a consi­dé­ra­ble­ment réduit la vitesse de trai­te­ment des infor­ma­tions et a ralen­ti les ordi­na­teurs du gou­ver­ne­ment », a décla­ré le Comi­té de la sécu­ri­té natio­nale du Kaza­khs­tan (KNB) dans un com­mu­ni­qué de presse. « Ces pro­grammes ont été ajou­tés aux listes d’ex­cep­tions des appli­ca­tions anti­vi­rus », a expli­qué l’a­gence publique.

« Des enquêtes cri­mi­nelles ont été lan­cées contre quatre employés de dif­fé­rentes divi­sions régio­nales. Le KNB en a la charge, mais nous avons éga­le­ment lan­cé une enquête interne », a décla­ré Ardak Tan­ge­baev, chef du Dépar­te­ment des reve­nus de l’É­tat. « Nous allons ren­for­cer le contrôle de notre dépar­te­ment infor­ma­tique », a‑t-il ajouté.

Les employés ont été ain­si accu­sés « d’en­trave au tra­vail des sys­tèmes d’in­for­ma­tion et des réseaux de télé­com­mu­ni­ca­tions » et de « créa­tion, uti­li­sa­tion ou dis­tri­bu­tion de pro­grammes infor­ma­tiques et de logi­ciels mal­veillants ». Car il n’existe pas dans le code pénal du pays, du moins pour le moment, de dis­po­si­tion spé­ci­fique pour de tels agissements.

« Ils minent juste sous votre nez »

Drapeau KazakhstanLes auto­ri­tés finan­cières du Kaza­khs­tan ont récem­ment fait l’ob­jet de cri­tiques pour avoir ralen­ti l’in­tro­duc­tion de régle­men­ta­tions vis-à-vis des mon­naies numériques.

Un dépu­té a plai­san­té en indi­quant que les infor­ma­ti­ciens du minis­tère des Finances étaient par­ve­nus à assu­mer l’un des prin­ci­paux rôles de la Banque natio­nale : l’é­mis­sion de mon­naie. « Ils minent juste sous votre nez, et les pro­cu­reurs n’ont aucune idée des accu­sa­tions à por­ter », a décla­ré Gleb Shche­gels­kiy, appe­lant ain­si à la mise en place d’un cadre régle­men­taire autour des crypto-monnaies.

La banque cen­trale tra­vaille actuel­le­ment sur une série de pro­po­si­tions légis­la­tives. Selon Daniyar Aki­shev, le pré­sident de la Banque cen­trale, de nou­velles res­tric­tions concer­nant le fonc­tion­ne­ment des opé­ra­tions liées aux devises numé­riques et à leurs échanges contre la mon­naie locale, le tenge, devraient bien­tôt être mises en place.

« Cette situa­tion montre la néces­si­té de ren­for­cer les exi­gences rela­tives à l’u­ti­li­sa­tion des actifs numé­riques. Nous pen­sons qu’il est oppor­tun de mettre en place des res­tric­tions légales », a‑t-il décla­ré dans des pro­pos rap­por­tés par le Kaz­tag.

Le diri­geant a ajou­té que des « amen­de­ments appro­priés » étaient en cours de pré­pa­ra­tion. Au même titre qu’une grande par­tie de ses homo­logues à tra­vers le monde, il a éga­le­ment mis en garde les épar­gnants du Kaza­khs­tan sur les risques liés à l’a­chat d’ac­tifs numé­riques.

« Si 2017 a été l’année des ICOs, 2018 sera l’année de la régulation »

Depuis plu­sieurs années, le Kaza­khs­tan ambi­tionne de deve­nir un centre mon­dial pour les entre­prises liées au actifs numé­riques. En 2017, les auto­ri­tés avaient annon­cé leur inten­tion de mettre en place « le cli­mat d’af­faires le plus favo­rable » pour les entre­prises liées à cette tech­no­lo­gie, en leur offrant « un cadre régle­men­taire très pro­gres­siste ».

Cette année, elles ont appe­lé au lan­ce­ment d’une « devise numé­rique démo­cra­tique, trans­pa­rente et glo­bale […] garan­tie par des actifs ». Les auto­ri­tés finan­cières du Kaza­khs­tan semblent tou­te­fois tou­jours ren­con­trer des dif­fi­cul­tés à sai­sir les réa­li­tés d’un éco­sys­tème en plein essor – ce qui a d’ailleurs sus­ci­té cer­taines critiques.

Pour le moment, la Banque natio­nale ne pré­voit pas de mettre en place des inter­dic­tions concer­nant les devises numériques.

Discussion autour des crypto-monnaies au Kazakhstan

C’est ce qu’a décla­ré Alexey Sido­rov, le co-fon­da­teur de Kaz­Fin­Tech. Cette conclu­sion serait le fruit d’une réunion, bap­ti­sée « Expert Update », à laquelle on assis­té des repré­sen­tant de la Banque cen­trale et des membres d’as­so­cia­tions Fin­tech. Il pré­cise tou­te­fois que l”’institution finan­cière reste pru­dente, et qu’elle ne pré­voi­rait pas de léga­li­ser les cryp­to-mon­naies en tant que moyen de paiement.

La semaine der­nière, plus de 1 000 acteurs de l’é­co­sys­tème blo­ck­chain (inves­tis­seurs, mineurs, start-ups,…) ont par­ti­ci­pé au cru 2018 de la « Cryp­to-confe­rence » qui s’est tenue à Alma­ty. Ils ont ain­si fait part de leurs pers­pec­tives pour les mois et les années à venir.

« Si 2017 a été l’an­née des ICOs, 2018 sera l’an­née de la régu­la­tion », a décla­ré Ser­gey Kolo­miets, repré­sen­tant de Strea­mi­ty, à Ten­gri­news. Le pré­sident de l’As­so­cia­tion Kaza­khs­ta­naise de la Blo­ck­chain et des cryp­to-mon­naies, Eset Butin, estime de son côté qu”  »en 2018, la Répu­blique popu­laire de Chine pren­dra sa déci­sion concer­nant le sec­teur des actifs numé­riques ».

Ils sem­blaient pour la plu­part s’être mis d’ac­cord sur un point : le sec­teur a besoin d’une régu­la­tion accrue, mais il ne doit pas faire l’ob­jet de res­tric­tions trop impor­tantes, qui seraient sus­cep­tibles de limi­ter son expansion.

Réfé­rence : News.bitcoin

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