Mario Draghi : les monnaies numériques ne constituent pas une menace pour la BCE

Le pré­sident de la Banque cen­trale euro­péenne (BCE) estime que les les mon­naies numé­riques ne consti­tuent pas une menace, et ce mal­gré la hausse de leur cours.

S’a­dres­sant au Par­le­ment euro­péen, Mario Dra­ghi, pré­sident de la BCE, a déclaré :

« Nous esti­mons que ce risque est plu­tôt limi­té. Par consé­quent, il ne s’a­git pas, pour l’ins­tant, d’un élé­ment sus­cep­tible de consti­tuer une menace pour les banques centrales.

Ces com­men­taires inter­viennent alors que la valeur totale des cryp­to-mon­naies aug­mente de manière impor­tante depuis plu­sieurs mois, et a même dépas­sé les 240 mil­liards de dol­lars hier matin.

La prin­ci­pale mon­naie à l’o­ri­gine de cette hausse, c’est le Bit­coin, qui est pas­sé de moins de 1000 dol­lars au début de l’an­née à plus de 8100 dol­lars aujourd’­hui – soit une hausse de plus de 700% en moins d’un an.

Pas de risque… du moins pour le moment

M. Dra­ghi avait déjà évo­qué à plu­sieurs reprises les cryp­to-mon­naies. En juillet, dans une lettre adres­sée aux membres du Par­le­ment euro­péen, il avait affir­mé ceci :

« Bien que la capi­ta­li­sa­tion des mon­naies vir­tuelle ait aug­men­té depuis la publi­ca­tion de ces rap­ports [ndlr : qui avaient été publiés en 2012 et 2015, et selon les­quels elles ne posaient pas de risques pour la sta­bi­li­té des prix si leur uti­li­sa­tion demeu­rait réduite], aucune preuve ne vient sug­gé­rer un ren­for­ce­ment signi­fi­ca­tif du lien entre ces mon­naies et l’économie. »

Mario Dra­ghi avait alors ajou­té que, même si les cryp­to-mon­naies ne posaient pas, pour le moment, de risque pour l’é­co­no­mie finan­cière, une « accu­mu­la­tion de risques » éma­nant des mon­naies numé­riques pour­raient poser pro­blème d’i­ci quelques années.

Il avait éga­le­ment pré­ci­sé qu’une « hausse de l’u­ti­li­sa­tion des mon­naies vir­tuelles [était] conce­vable, » et appe­lait alors l’Eu­ro­sys­tème à « une sur­veillance des volumes d’é­change et des dyna­miques de prix des prin­ci­pales cryp­to-mon­naies, ain­si que de leurs liens avec le sec­teur “tra­di­tion­nel” de la finance. »

Le mois der­nier, il avait décla­ré au cours d’une confé­rence de presse :

« Pour le moment, en ce qui concerne le Bit­coin et les cryp­to-mon­naies, nous ne pen­sons pas que la tech­no­lo­gie soit suf­fi­sam­ment mature pour que l’on doive s’en pré­oc­cu­per. »

Des inquiétudes naissantes

Pour cer­tains tenants des mon­naies numé­riques, l’ar­ri­vée des cryp­to-mon­naies dans le monde dans la finance (avec notam­ment les ICOs, qui per­mettent de lever des fonds en cryp­to-mon­naies) com­men­ce­rait à inquié­ter de nom­breux dirigeants.

Ces craintes pour­raient se mani­fes­ter au tra­vers de cer­taines décla­ra­tions, comme celle de Vitor Constan­cio, vice-pré­sident de la BCE, qui avait affir­mé ceci le mois dernier :

« Ces pré­ten­dues “cryp­to-mon­naies” pri­vées ne pour­ront jamais rem­pla­cer les mon­naies traditionnelles »

La Banque BNP Pari­bas semble éga­le­ment inquiète face à la mon­tée de mon­naies numé­riques – un phé­no­mène qui est pris très au sérieux. Dans un rap­port publié récem­ment, elle évoque les consé­quences défla­tion­nistes que pour­rait induire l’u­ti­li­sa­tion d’une cryp­to-mon­naie comme mon­naie natio­nale, et a appe­lé à la mise en place d’un cadre régle­men­taire clair visant à enca­drer et res­treindre leur usage.

Réfé­rences : Live­Bit­coin­News, Reu­ters, CNBC