Il y a 5 ans, Matthew Moody, alors âgé de seulement 26 ans, trouvait la mort dans le crash tragique d’un avion en Californie. Et, malgré son jeune âge, l’individu était à la tête de ce qui représente aujourd’hui une véritable fortune : il était mineur de Bitcoins.
« Mon fils était l’un des premiers à miner cet actif », a confié son père, Michael Moody, dans un entretien accordé à Bloomberg, dans lequel était présenté le parcours de cette famille qui ne parvienait pas à récupérer le patrimoine de son fils. « À la maison, il utilisait son ordinateur pour miner des Bitcoins, alors qu’il était possible de le faire à l’époque, et nous pensons qu’il a pu ainsi en obtenir un certain nombre ».
M. Moody, un ingénieur informaticien désormais à la retraite, a commencé à chercher à récupérer les crypto-actifs de son fils il y a 3 ans. Il a découvert que celui-ci avait utilisé un wallet « online » sur le site Blockchain.info, mais n’a pas été en mesure d’obtenir le mot de passe de déchiffrement ou la clé privée associée à ce wallet.
“Il n’existe aucune autorité à laquelle faire appel pour trouver une solution », a indiqué Nolan Bauerle du site CoinDesk au sujet de l’impossibilité d’accéder aux Bitcoins d’un défunt. « Ces coins sont définitivement perdus ».
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Et c’est d’ailleurs ce qui fait la force du Bitcoin. L’un des principes derrière son invention en 2008 par Satoshi Nakamoto, c’est que les individus doivent être en mesure de jouir d’un contrôle total sur leurs fonds. Ils ont ainsi la possibilité, comme l’indiquent certains « crypto-enthusiasts », de « devenir leur propre banque ». Un pouvoir qui peut avoir de fâcheuses conséquences lors du décès d’un investisseur.
Certes, il existe de nombreux services de garde, qui permettent de confier à une entreprise la conservation de son patrimoine numérique. Mais celles-ci supposent de faire confiance à un tiers – ce qui va à l’encontre de l’objectif poursuivi par le Bitcoin, qui permet d’avoir accès à une réserve de valeur sans risque de contrepartie.
Et l’on peut penser que la plupart des détenteurs de crypto-monnaies ne se préoccupent pas du sort de leurs coins si quelque chose devait leur arriver. D’autant que la majeure partie d’entre eux seraient des millennials, et que certaines recherches indiquent que seule une minorité des individus appartenant à cette classe d’âge auraient rédigé un testament.
« Les êtres humains meurent. Pas les crypto-monnaies »
Pamela Morgan, une avocate spécialisée dans les questions liées aux crypto-monnaies, a rédigé de nombreux articles sur ce sujet. Elle y évoque les mesures que doit prendre un détenteur d’actifs numériques pour permettre à ses héritiers, suite à un événement tragique, de pouvoir accéder à ses fonds.
« Avec des actifs “auto-contrôlés”, le fait d’ignorer votre propre mortalité implique un coût pour vos descendants, vos groupes communautaires et les causes politiques que vous soutenez dans la mesure où les clés – et donc par extension l’accès à ces actifs – peuvent mourir avec vous », avait-elle écrit dans un article publié l’année dernière.
Et d’ajouter :
« Les êtres humains meurent. Pas les crypto-monnaies ».
Pamela Morgan, qui rédige actuellement un guide de planification successorale, a publié un modèle de « Lettre adressée au proches » sur lequel peuvent s’appuyer les investisseurs. Ils ont ainsi la possibilité d’aider leurs héritiers – en particulier ceux qui ignorent le fonctionnement des crypto-monnaies – d’accéder à ces actifs, et d’être en mesure, s’ils le souhaitent, de les convertir en monnaies fiduciaires.
Références : CCN, Medium-@pamelawjd