Au début de l’année 2016, les masternodes (des ordinateurs exécutant un wallet Dash et participant à la prise de décision) composant le système de gouvernance de Dash ont voté à 99% la mise à jour faisant passer la taille des blocs à 2 Mo.
Cette mise à jour 12.2 constitue une étape supplémentaire vers Dash Evolution, ce terme matérialisant l’objectif que se sont fixés les développeurs : faire en sorte que les « crypto-monnaies soient si simples à utiliser que votre grand-mère aimerait s’en servir. »
UdjinM6, le développeur principal de Dash, a ainsi présenté les différentes modifications liées à cette mise à jour, qui ne se limite pas à l’augmentation de la taille des blocs :
Les modifications les plus importantes concernent :
- L’implémentation DIP0001 (qui correspond à une augmentation de la taille des blocs à 2Mo)
- Une division des frais de transactions par 10
- La réparation d’une vulnérabilité d’InstantSend
- L’apport d’améliorations à PrivateSend, qui permet à l’utilisateur d’obtenir ses fonds plus rapidement
- Plusieurs modifications du protocole
- De nombreux « rétroportages » depuis Bitcoin Core, et un remaniement de notre propre code originel. Ceci devrait permettre d’améliorer la performance de Dash, et de rendre son code informatique plus fiable et plus facile à analyser
- Un wallet expérimental disposant de BIP39 et BIP44.
Dash n’en avait pourtant pas besoin
Ce qu’il faut comprendre, c’est que le réseau Dash n’a pas, pour l’instant, besoin de plus grands blocs – les transactions n’étant pas encore suffisamment nombreuses pour remplir les blocs actuels. Mais ces blocs de taille accrue s’inscrivent dans le plan de « scaling » de la Blockchain de Dash, annoncée cette année par son fondateur Evan Duffield.
L’homme avait ainsi déclaré, dans un article publié sur Medium, que Dash allait pouvoir profiter d’un réseau capable de gérer des volumes importants de transactions, grâce à l’utilisation de blocs de taille accrue.
M. Duffield a ainsi écrit :
« De nombreux projets dans l’écosystème semblent penser que le “scaling on-chain” est impossible. C’est tout simplement parce qu’ils n’ont pas exploré des architectures alternatives, de pair à pair, permettant d’obtenir une performance accrue. Nous avons pour ambitions de montrer jusqu’où une architecture de masternodes, grâce à un système d’incitations, peut porter un projet comme Dash. »
Le Bitcoin et Ethereum cherchent également à régler la problématique du « scaling »
Pour la résoudre, le Bitcoin semble avoir choisi un autre chemin.
Alors que le hard fork SegWit2x a finalement été abandonné, la crypto-monnaie pourrait se tourner vers une solution de « scaling off-chain », autrement dit une technologie qui lui permettrait de supporter un grand nombre de transactions, sans avoir à modifier le code qui régit le fonctionnement de sa Blockchain.
La réponse pourrait venir du Lightning Network, qui fonctionne en déplaçant des transactions en dehors de la Blockchain vers des « canaux de paiement », pour ensuite « compenser » de manière périodique les résultats sur la Blockchain du Bitcoin.
Prenons un exemple :
- À 20h00, Bob envoie 1 BTC à Alice
- À 20h15, Bob envoie 2 BTC à Alice
- À 20h30, Bob envoie 1,5 BTC à Alice
Il s’agit de trois transactions séparées, qui doivent chacune être enregistrées sur la Blockchain. Mais ces trois transactions pourraient être réunies au sein d’un unique canal de paiement. C’est ce que propose le Lightning Network, qui pourrait permettre de regrouper ces transactions. Une seule serait alors enregistrée sur la Blockchain du Bitcoin : une transaction correspondant aux 4,5 BTC envoyés par Bob à Alice.
Les critiques adressées à l’encontre de ces « canaux de paiements » évoquent le manque d’informations concernant la façon dont ils seront réellement utilisées une fois déployés.
Et certains suggèrent que le fait de déplacer des transactions en dehors de la chaîne du Bitcoin nuit à la fois à la décentralisation et à l’immutabilité du Bitcoin.
Les soutiens de cette technologie expliquent quant à eux que de tels échanges « off-chain » surviennent déjà très fréquemment, par exemple sur les plateformes d’échange comme Bittrex ou Binance. En effet, si une personne utilise ces plateformes pour échanger 1 Bitcoin contre des Ethers, cela ne va provoquer aucun enregistrement de la transaction, ni sur la Blockchain du Bitcoin, ni sur celle d’Ethereum.
La communauté Ethereum recherche également une solution aux problématiques de « scaling ». Ses équipes visent à implanter le « Raiden Network », un système qui fonctionne avec des « canaux de paiement » similaires à ceux que l’on pourrait retrouver sur le Lightning Network du Bitcoin.
Les forks sont les bienvenus
Alors que la communauté Bitcoin semble encline à vouloir éviter les hard forks, celle de Dash les accueille avec bienveillance.
La clé du mécanisme de mise à jour de Dash, c’est le « spork ». Ce mécanisme permet à une portion d’une mise à jour d’être « éteinte » en cas de problème sur le réseau.
Un exemple de ce mécanisme peut être retrouvé dans l” »enforcement », qui veille à ce que les récompenses soient bien partagées au sein de la communauté.
Ainsi, le réseau Dash requiert de la part des mineurs qu’ils partagent avec les masternodes les récompenses liées aux blocs. Pour s’en assurer, et éviter décourager les mineurs qui chercheraient à se réserver l’ensemble des récompenses, ceux-ci verront leurs prochains blocs rejetés par le réseau.
Toutefois, lors d’une mise à jour, l” »enforcement » peut être désactivé (et il l’est généralement). Ceci permet à la fois aux mineurs et aux masternodes de bénéficier d’un délai raisonnable pour mettre à jour leur logiciel, tout en éliminant le risque que le fork devienne « incontrôlable » – c’est ce qui pourrait se produire si une partie du réseau se mettait à rejeter l’autre partie.
Pas de solution miracle
Les incertitudes demeurent quant à la capacité de Bitcoin, d’Ethereum ou de Dash à résoudre avec succès leurs problèmes de « scaling ».
Les deux méthodes que nous avons évoquées – l’introduction de plus grands blocs et l’utilisation de « canaux de paiement » – récoltent toutes deux certaines critiques, et aucune ne s’est pour le moment véritablement imposée comme une solution idéale.
Ainsi, il est possible que ces deux solutions s’avèrent viables sur le long terme, ou qu’une alternative puisse émerger dans les prochains mois.
Ce qui est certain, c’est que les monnaies numériques devront, si elles souhaitent pouvoir un jour véritablement s’imposer, permettre à des milliers de personnes d’effectuer simultanément des transactions. À titre de comparaison, VISA est capable de gérer 2000 transactions par seconde – une telle capacité constituerait pour l’une de ces trois crypto-monnaies une véritable avancée.
Référence : CoinTelegraph