Crypto-monnaies

Le business très juteux des plateformes d’échange de crypto-monnaies : Binance, Upbit et consorts parviendraient à générer plusieurs millions de dollars de recettes par jour

Plateformes d'échange

Selon une étude menée par le média Bloom­berg, les prin­ci­pales pla­te­formes d’é­change de cryp­to-mon­naies par­vien­draient à géné­rer chaque jour plu­sieurs mil­lions de dol­lars de recettes – des recettes liées aux frais de tran­sac­tions et à d’autres commissions.

« Les grandes gagnantes de l’écosystème »

Les recettes de deux des prin­ci­pales pla­te­formes d’é­change de mon­naies numé­riques, Binance et Upbit, dépas­se­raient quo­ti­dien­ne­ment le seuil des 3 mil­lions de dol­lars – soit plus d’1 mil­liard de dol­lars par an.

Pour arri­ver à de telles conclu­sions, Bloom­berg s’est appuyée sur les volumes d’é­change réfé­ren­cés sur le site CoinMarketCap.com, ain­si que sur les grilles tari­faires four­nies par les dif­fé­rentes plateformes.

Il s’a­git par ailleurs d’es­ti­ma­tions pru­dentes, puisque ce sont les four­chettes infé­rieures liées à ces frais qui ont été rete­nues pour effec­tuer ces calculs.

Chiffre d'affaires des plateformes d'échange de crypto-monnaies

Notons éga­le­ment qu’il est impos­sible de connaître pré­ci­sé­ment les reve­nus de ces socié­tés – et que cer­taines offri­raient des remises aux clients les plus actifs. Mais même s’ils sont impré­cis, ces chiffres montrent tou­te­fois dans quelle mesure ces pla­te­formes ont pu pro­fi­ter de l’en­goue­ment crois­sant sus­ci­té par les actifs numé­riques.

« Les pla­te­formes d’é­change et les socié­tés spé­cia­li­sées dans le trai­te­ment des tran­sac­tions sont les grandes gagnantes de l’é­co­sys­tème, dans la mesure où elles per­mettent aux indi­vi­dus d’ef­fec­tuer des tran­sac­tions et de prendre part à ce sec­teur flo­ris­sant », s’est enthou­sias­mé Gil Luria, un ana­lyste finan­cier pour la socié­té D.A. David­son & Co, qui s’est inté­res­sé à la métho­do­lo­gie uti­li­sée pour réa­li­ser ces esti­ma­tions. « Il s’a­git d’un busi­ness énorme, et je ne serais pas sur­pris si j’ap­pre­nais que ces pla­te­formes par­ve­naient véri­ta­ble­ment à géné­rer des cen­taines de mil­lions de dol­lars, voire même plu­sieurs mil­liards de dol­lars de recettes par an ».

Ce sont Binance, un site d’é­change basé à Tokyo, et OKEX, une pla­te­forme hong­kon­gaise, qui gèrent les grands volumes d’é­change les plus impor­tants : envi­ron 1,7 mil­liard de dol­lars par jour chacune.

Viennent ensuite Huo­bi, Bit­fi­nex, Upbit et Bithumb – toutes les quatre asia­tiques. Elles traitent quo­ti­dien­ne­ment entre 600 mil­lions et 1,4 mil­liard de dol­lars de volumes, et fac­turent en moyenne 0,3% de frais sur ceux-ci.

Selon Zhu­ling Chen, le co-fon­da­teur de la pla­te­forme de « smart contracts » Aelf, plus de la moi­tié des échanges de cryp­to-mon­naies auraient lieu en Asie.

Zhuling Chen

Il estime que le poids du conti­nent asia­tique sur cet éco­sys­tème serait inti­me­ment lié à la pro­li­fé­ra­tion, dans les pre­mières années sui­vant le déploie­ment du Bit­coin, de socié­tés de minage – les mineurs tirant ain­si pro­fit des coûts éner­gé­tiques attrac­tifs qui pré­valent dans la région.

Par­mi les autres fac­teurs ayant par­ti­ci­pé à l’en­goue­ment actuel autour des actifs numé­riques en Asie, il cite éga­le­ment la jeu­nesse de la popu­la­tion, qui tend à se tour­ner plus rapi­de­ment vers les nou­velles tech­no­lo­gies, le fait que les consom­ma­teurs asta­tiques soient plus à l’aise avec les nou­velles formes de paie­ment, mais aus­si une forte culture « gaming » – un éco­sys­tème où l’on retrouve déjà depuis de nom­breuses années  des tran­sac­tions vir­tuelles entre les participants.

Il indique par ailleurs que de nom­breux acteurs asia­tiques de cet éco­sys­tème ont été inci­tés à s’in­ter­na­tio­na­li­ser du fait des res­tric­tions crois­santes impo­sées par les gou­ver­ne­ments chi­nois et sud-coréen.

Binance, numéro 1 des revenus en seulement quelques mois

Binance Tutoriel AvisEn seule­ment quelques mois d’exis­tence, la pla­te­forme Binance a su s’im­po­ser comme le lea­der du mar­ché.

Après l’a­voir lan­cée en juillet 2017, la socié­té qui gère ce site d’é­change avait rapi­de­ment déci­dé de trans­fé­rer son siège social de Shan­ghai vers le Japon, après que le gou­ver­ne­ment chi­nois ait com­men­cé à ser­rer la vis autour de l’u­ni­vers des actifs numériques.

Pour assu­rer sa crois­sance, Binance a pu s’ap­puyer sur une tech­no­lo­gie per­for­mante : elle serait l’une des pla­te­formes les plus rapides du mar­ché, en étant à même de gérer jus­qu’à 1,4 mil­lions de tran­sac­tions par seconde.

Pour Chris Slaugh­ter, le co-fon­da­teur de la pla­te­forme Sam­sa, l’é­mer­gence de Binance a sans doute pu éga­le­ment s’ap­puyer sur une poli­tique accom­mo­dante vis-à-vis des nou­veaux clients :

« Ils ne contraignent pas les uti­li­sa­teurs à se sou­mettre à un pro­ces­sus “Know Your Cus­to­mer” lors de l’ins­crip­tion. Il s’a­git d’un pro­ces­sus com­plexe. Vous pou­vez perdre des clients du fait du temps (2 à 4 heures) néces­saire. Sur Binance, vous pou­vez obte­nir un compte et y trans­fé­rer vos fonds en moins de 20 minutes ».

De son côté, le sud-coréen Upbit, qui fait par­tie du top 5 en termes de volumes échan­gés, n’a­vait démar­ré ses acti­vi­tés qu’au mois d’oc­tobre 2017. Il est contrô­lé par Duna­mu Inc., qui gère éga­le­ment Kakao Talk, l’ap­pli­ca­tion de mes­sa­ge­rie la plus popu­laire du pays. Celle-ci intègre d’ailleurs direc­te­ment Upbit, et réfé­rence plus de 120 cryp­to-mon­naies grâce à un par­te­na­riat noué récem­ment avec la pla­te­forme d’é­change amé­ri­caine Bit­trex.

Un grand manque de transparence du côté de certaines plateformes

Transparence des marchésToutes ces pla­te­formes ne sont âgées que de quelques années – et c’est peut-être la rai­son pour laquelle il est par­fois dif­fi­cile d’ob­te­nir des infor­ma­tions finan­cières les concer­nant, ou cer­tains détails rela­tifs à leur mode de ges­tion.

HitBTC, le 10ème plus grand site d’é­change de mon­naies numé­riques au monde, n’offre ain­si aucune infor­ma­tion concer­nant le lieu où il est basé, ou l’i­den­ti­té de ceux qui le gèrent – et ce mal­gré l’in­sis­tance de cer­tains uti­li­sa­teurs. Par­mi les 20 prin­ci­pales pla­te­formes, on peut éga­le­ment citer les cas de Bit‑Z, WEX ou encore EXX, qui font preuve d’une grande opacité.

Bit­fi­nex, qui fait par­tie du top 5 des pla­te­formes d’é­change de mon­naies numé­riques, avait com­men­cé il y a peu à faire l’ob­jet de contrôles, alors que la Com­mo­di­ty Futures Tra­ding Com­mis­sion amé­ri­caine lui avait fait par­ve­nir en décembre der­nier une assi­gna­tion à comparaître.

Pour M. Slaugh­ter, l’ar­ri­vée d’une nou­velle concur­rence éma­nant des socié­tés finan­cières tra­di­tion­nelles pour­rait contraindre ces pla­te­formes à faire preuve d’une trans­pa­rence accrue, mais aus­si à réduire leurs coûts :

« De plus en plus d’en­tre­prises “conven­tion­nelles” – telles que des banques ou des fonds d’in­ves­tis­se­ments – sont enclines à rache­ter des pla­te­formes d’é­change de mon­naies numé­riques, afin de s’of­frir une prise de par­ti­ci­pa­tion stra­té­gique sur ces mar­chés », a‑t-il indiqué.

Et de conclure ainsi :

« C’est évident : les véri­tables recettes liées aux cryp­to-mon­naies se trouvent dans les ser­vices financiers »

Réfé­rences : Cryp­to­vest, Bloom­berg

Rate this post
S’abonner
Notification pour
guest

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x