Au cours des dernières années, l’Amérique Latine a été marquée par de forts troubles économiques et politiques. Qu’il s’agisse de révolutions populaires, de coups d’état militaires ou de décisions visant à contrôler les agissements des citoyens, les personnes fortunées ont, depuis longtemps, cherché à trouver des moyens pour protéger leur argent de confiscations ou de l’hyperinflation.
Alors qu’elles avaient tendance à se tourner vers des banques offshore, des investissements immobiliers ou des achats d’or, il semblerait que l’une des meilleurs solutions prenne désormais la forme d’une classe d’actifs accessible à tous : le Bitcoin.
Se prémunir contre une « inflation galopante »
Comme l’a indiqué une étude récente, au moins deux nouveaux fonds d’investissement spécialisés dans les monnaies numériques ont été lancés en 2017. Ceux-ci visent à de répondre à la demande de riches investisseurs latino-Américains, qui souhaitent protéger leur patrimoine.
La majeure partie de leurs clients sont des « family offices » situés en Argentine, en Amérique Centrale, au Mexique, et aux Caraïbes. Ils peuvent ainsi stocker de manière sécurisée des fonds pour le compte de leurs clients, en les plaçant à l’étranger au travers de monnaies numériques.
« L’Amérique Latine est très “volatile”, » a confié Carlos Mosquera, un gestionnaire d’actifs romain dont le fonds d’investissement Solidus Capital, se focalise sur les 8 principales crypto-monnaies, mais investit également dans quelques ICOs. « Les crypto-monnaies constituent désormais des valeurs refuge pour ces familles, » a‑t-il ainsi indiqué.
Car contrairement à de nombreux spéculateurs provenant d’Asie orientale et d’autres parties du globe, qui ont « découvert » le Bitcoin cette année du fait de sa forte appréciation, les latino-américains semblent y voir avant tout un moyen de se prémunir contre de fortes incertitudes économiques, alors que les monnaies nationales ont déjà perdu une grande partie de leur valeur.
M. Mosquera a ainsi évoqué l” »inflation galopante » qui sévit actuellement au Venezuela, un pays au sein duquel les habitants voient leur richesse et leur pouvoir d’achat s’effriter progressivement.
Certains citoyens se sont ainsi tournés vers le Bitcoin, un actif susceptible d’apporter une réponse à cette problématique. L’achat de crypto-monnaies permet également de contourner le contrôle des capitaux instauré par le gouvernement vénézuélien, qui encadre les transferts internationaux et les achats de dollars.
Selon certaines estimations, l’inflation au Venezuela pourrait augmenter jusqu’à près de 2500 % en 2018 :
Et pour se faire une idée de l’ampleur du phénomène, il suffit de consulter les statistiques du site LocalBitcoins, une plateforme d’échange anonyme, pour le bolivar venezuelien :
Une nouvelle classe d’actifs
L’autre fonds d’investissement latino-américain mentionné dans cette étude est le Crypto Assets Funds, basé à Miami. Il a été fondé en septembre dernier par Roberto Ponce Romay.
Voici ce qu’il a indiqué :
« Nous sommes convaincus que les crypto-monnaies vont devenir une nouvelle classe d’actifs, comme le sont les actions et les obligations. »
Il avait fondé sa propre société d’investissement privé il y a une dizaine d’années, et occupe également la fonction de directeur général au sein d’Invermaster Ventures.
Le Crypto Assets Fund de M. Ponce, doté de 15 millions de dollars de crypto-monnaies sous gestion, fonctionne comme un fonds passif – la part du capital alloué à chaque crypto-monnaie correspond à sa capitalisation.
L’homme espère proposer dès l’année prochaine un deuxième fonds d’investissement, le CAF2, qui sera géré de manière plus active. Il espère que le le CAF1 atteindra bientôt les 50 millions de dollars d’encours, et ambitionne de lever 100 millions de dollars pour le CAF2 – des fonds qui seront entièrement investis dans des crypto-monnaies.
Références : news.bitcoin.com, Bloomberg, Coin.dance