Dans un communiqué publié lundi, l’agence de notation Fitch Ratings fustige la décision du Salvador de faire du Bitcoin sa monnaie officielle. Elle rejoint l’une de ses concurrentes, Moody’s, qui avait, elle aussi, critiqué cette initiative il y a quelques jours.
Des risques accrus pour les entreprises de la finance et de l’assurance
Nayib Bukele, président du Salvador, a récemment révélé que le Bitcoin allait devenir la monnaie nationale du Salvador.
Suite à l’adoption de la « loi Bitcoin », toutes les entreprises du pays auront ainsi l’obligation d’accepter les paiements en Bitcoin dès septembre prochain. Elles pourront toutefois se prémunir face à la forte volatilité du BTC en échangeant leurs coins contre des dollars.
Si cette nouvelle, qui confère une légitime accrue au Bitcoin, a ravi les « crypto enthusiasts », le projet a suscité des manifestations, des procès et des critiques de la part de nombreux individus et organisations.
Depuis peu, ce sont les grandes agences de notation financière qui s’en prennent à cette initiative. Faisant écho aux inquiétudes de l’agence Moody’s, émises au début du mois d’août, l’agence Fitch Ratings alerte à son tour sur les conséquences négatives de l’adoption du Bitcoin par le Salvador sur ses institutions financières et son secteur des assurances.
Pour Fitch, la « loi Bitcoin » du Salvador ne laissera que deux possibilités à ces institutions pour survivre : conserver leurs Bitcoins ou adapter l’ensemble de leur organisation pour vendre leurs BTCs dès qu’elles en recevront.
L’agence estime que si ces institutions décidaient de conserveur leurs Bitcoins pour effectuer leurs transactions au quotidien, l’exposition à la volatilité du BTC augmenterait fortement leur niveau de risque :
« Les assureurs qui détiendront du Bitcoin dans leur bilan durant de longues périodes seront fortement exposés à la volatilité du cours, ce qui augmentera leur risque », explique la société dans son analyse.
Toujours selon Fitch, cela ne fera qu’accroître le risque auquel sont déjà soumis les assureurs locaux, qui sont notamment exposés à des obligations souveraines mal notées.
De nouvelles dépenses pour les institutions
Deuxième possibilité : adopter une « politique de monnaies fiduciaires ». Puisque le Salvador compte obliger les entreprises à accepter le Bitcoin, cela implique que ces institutions vendent systématiquement tous les Bitcoins qu’elles recevront.
Mais de telles transactions supposeront des dépenses importantes pour ces sociétés, qui disposeront dès lors de moyens réduits dans d’autres domaines stratégiques.
« La capacité des assureurs à minimiser leur durée de détention de BTC dépendra du cadre réglementaire – à savoir si celui-ci permettra de convertir immédiatement chaque BTC en USD, ce qui n’est toujours pas clair », explique le rapport. « Fitch s’attend à ce que l’adoption du Bitcoin oblige les compagnies d’assurances à engager de nouvelles dépenses informatiques, opérationnelles et administratives ».
Parmi ces dépenses, certaines devraient être liées à la mise en place de nouveaux protocoles technologiques internes, à un renforcement des mesures de sécurité et de lutte contre la fraude, ainsi qu’à la formation du personnel qui devra manipuler des cryptomonnaies.
Dans un autre rapport publié en juin dernier, Fitch avait souligné le déficit budgétaire du pays, qui venait s’ajouter aux craintes du FMI liées à l’adoption du Bitcoin.
Nayib Bukele, qui contrôle le corps législatif du Salvador, a pu facilement faire promulguer sa « loi Bitcoin ». Fitch estime que ceci a donné lieu à l’adoption d’une loi « inutilement précipitée », qui laisse trop peu de temps aux sociétés locales pour se préparer à ce bouleversement.
Référence : Decrypt