Certains traders utilisent l’application Telegram afin d’orchestrer des opérations de « pump and dump ». Ils peuvent ainsi réaliser facilement des profits, aux dépens des autres investisseurs.
« Nous sommes la plus grande communauté “pump”, et nous allons vous aider à gagner de l’argent. ». C’est ce que l’on peut lire sur une publicité envoyée sur un « channel » Telegram qui regroupe 17 000 followers.
Le groupe en question s’appelle PumpKing Community. Il s’agit de l’un des nombreux groupes à proposer des « pumps » sur l’application de messagerie anonyme.
Les « pumps », ce sont des achats coordonnés, qui vont faire artificiellement gonfler le prix d’une crypto-monnaie, dans l’espoir d’attirer d’autres acheteurs. Les instigateurs de la manœuvre, qui ont pu acheter la monnaie avant les autres, vont pouvoir réaliser un profit en la revendant ainsi à un très bon prix.
On peut trouver d’autres groupes de ce type, comme Pump.im, Crypto4Pumps, We Pump, ou encore AltTheWay.
Comment fonctionne un « pump and dump » sur Telegram
BusinessInsider a présenté ce mardi un « pump and dump » typique. Celui-ci émane du groupe PumpKing, qui regroupe déjà plus de 14 000 membres.
Étape 1 : prévenir la communauté de l’arrivée imminente d’une bonne affaire
Le créateurs du groupe annoncent l’heure exacte à laquelle le « pump » va se produire, afin de s’assurer que les abonnés soient prêts à passer à l’action. Ils ne dévoilent pas encore le nom de la crypto-monnaie, et peuvent ainsi continuer à l’acheter à un prix intéressant.
Étape 2 : annonce de la monnaie à acheter
À 16h53, les créateurs du groupe annoncent la crypto-monnaie dont il s’agit : XMG. Ils donnent par ailleurs le lien permettant de se la procurer sur la plateforme Bittrex :
Et dans la foulée, le prix et le volume d’échange de XMG se mettent à grimper :
On peut constater que la hausse du prix de XMG a démarré bien avant. C’est très certainement lié à de nombreux achats de la part des créateurs du groupe dans les heures précédant l’annonce.
Étape 3 : remotiver ses troupes
Afin d’éviter que le prix ne baisse, le message est relayé par d’autres groupes « pump and dump » :
Mais la fête est bientôt finie. Après la vague d’achat initiale, le « pump » est sur le point de se transformer en « dump ».
Les personnes impliquées dans la première vague d’achat se rendent sur d’autres channels Telegram et sur des forums de discussion afin d’encourager d’autres investisseurs de se procurer la monnaie en question.
Pour promouvoir cette monnaie, ils peuvent évoquer une nouvelle récente (comme une refonte du site qui présente la monnaie), ou expliquer qu’il s’agit d’une excellente opportunité à long terme.
Et la hausse récente du prix, qui a pratiquement doublé en quelques heures, vient apporter du crédit à leurs affirmations.
Étape 4 : le « dump »
Alors que de nouveaux acheteurs entrent sur le marché, les individus qui avaient participé à la première vague d’achat vont pouvoir vendre leur monnaie à un bon prix.
Mais, dans la mesure où tous les détenteurs de XMG commencent à sentir que cette hausse touche à safin, ils cherchent à revendre leur monnaie. Il va ainsi s’agir de vendre ses tokens le plus rapidement possible, pour pouvoir en tirer un prix intéressant.
Ceci va faire radicalement chuter le prix de XMG :
Des pratiques illégales ?
Comme les marchés de crypto-monnaies restent peu réglementés, ces méthodes ne sont pas, techniquement, illégales – en tout cas pas pour l’instant. Mais il faut savoir que de telles opérations exposent leurs auteurs à des poursuites judiciaires lorsqu’il s’agit de marché régulés, comme ceux qui permettent d’acheter des actions ou des obligations.
Toutefois, les créateurs de ces groupes n’ont probablement pas à s’inquiéter. En effet, les messages envoyés via l’application Telegram sont chiffrés. Et même si le compte des utilisateurs est relié à leur numéro de téléphone, Telegram leur permet d’utiliser des pseudonymes afin de masquer leur identité.
Pour le moment, les autorités de régulation concentrent leurs efforts sur les marchés plutôt que de s’intéresser à leurs clients : la Chine a fait fermer les plateformes nationales d’échange de crypto-monnaies, tandis que la SEC américaine a indiqué, à plusieurs reprises, que les ICOs devaient respecter la même réglementation que celle qui prévaut dans le cadre d’offres de titres boursiers.
Ben Yates, un avocat spécialisé dans la fintech au sein du cabinet RPC, a expliqué à Business Insider :
« La réalité, c’est que, à moins qu’une réglementation efficace soit apportée, ces escrocs n’ont pas à s’en faire. »
Références : Cryptovest, Business Insider