Selon Bloomberg, plusieurs fonds d’investissement traditionnels auraient déjà commencé à s’offrir des crypto-monnaies. Ils obtiendraient celles-ci en négociant directement avec des mineurs, en dehors des plateformes d’échange.
Les crypto-transactions exécutées hors marché prendraient de l’ampleur
Alors qu’aucun ETF sur le Bitcoin n’a encore été approuvé aux États-Unis, les investisseurs institutionnels seraient déjà nombreux à spéculer sur les crypto-marchés. C’est en tout cas ce dont est convaincu Bobby Cho, le dirigeant du trading de la crypto-société d’investissement Cumberland, spécialisée dans les échanges de gré à gré.
Dans le même temps, les mineurs se seraient mis à programmer des ventes régulières pour sécuriser leurs pactoles – certains auraient même mis en place leurs propres bureaux d’échange, destinés aux sociétés d’investissement.
« Cela témoigne de la professionnalisation qui prend place dans cet écosystème », explique M. Cho. « L’époque de “Far West” des crypto-monnaies est en train de réellement disparaître ».
Selon des chercheurs des sociétés Digital Assets Research et TABB Group, les transactions exécutées hors marché auraient permis d’effectuer chaque jour entre 0,25 et 30 milliards de dollars d’échanges durant le mois d’avril. De leur côté, les plateformes d’échange ont récemment traité environ 15 milliards de dollars de trades quotidiens, selon les données recueillies par le site CoinMarketCap.
« Nous avons pu enregistrer une croissance à trois chiffres dans nos opérations de gré à gré », s’enthousiasme Jeremy Allaire, directeur général de l’entreprise Circle. « Il s’agit d’un secteur à très forte croissance ».
Si l’activité en vigueur sur ces marchés parallèles a été ralentie avec la chute des prix des crypto-monnaies, il semblerait que les volumes impliqués n’aient pas autant diminué que ceux qui sont traités par les plateformes d’échange, en baisse de 80% depuis leur pic. Pour M. Cho, si de nombreux acheteurs institutionnels ont décidé de de se tourner vers les crypto-monnaies, c’est en partie lié au fait que leurs prix sont plus stables qu’ils ne l’étaient il y a encore quelques mois.
« L’une des principales critiques adressées aux crypto-marchés par les investisseurs institutionnels concerne la volatilité », explique M. Cho. « Sur les quatre à six derniers mois, les prix ont évolué dans une fourchette étroite, et cela semble coïncider avec le changement d’attitude de certaines institutions financières traditionnelles, qui sont plus à l’aise avec l’idée d’interagir avec cet écosystème ».
Les atouts de ces « ventes privées »
Si les gros acteurs privilégient de telles ventes, c’est parce qu’ils savent qu’une transaction importante réalisée sur une plateforme d’échange classique peut fortement influer sur les prix. À l’inverse, lors d’une vente de gré à gré, les deux parties peuvent s’entendre sur un cours fixe, et n’ont pas à craindre une brusque variation des prix lors de leur échange.
« Lorsqu’ils revendent des coins, ils le font de gré à gré », indique Tom Flake, le fondateur de la société Bcause, qui offrent des services à des entreprises de minage de crypto-monnaies.
Et les acheteurs s’y retrouvent également. Pour Sam Doctor, directeur général de la société d’investissement Fundstrat Global Advisers, les plateformes d’échange ne référenceraient pas suffisamment d’offres de vente pour satisfaire les besoins des institutionnels.
« Actuellement, dans la mesure où un nombre croissant d’institutions commencent à entrer sur le marché, on constate un certain déséquilibre », ajoute M. Doctor. Selon lui, ceci expliquerait l’émergence de nombreuses sociétés de courtage proposant d’aider les acheteurs institutionnels à se procurer les coins sur lesquels ils souhaitent miser.
Enfin, il existerait une autre raison qui expliquerait pourquoi ces gros investisseurs lorgneraient sur les crypto-monnaies proposées par les mineurs. Selon Travis Kling, le fondateur du fonds d’investissement Ikigai, il serait plus facile de montrer que ces coins fraîchement minés n’ont pas été impliqués dans des opérations de blanchiment d’argent. Ceci permettrait aux sociétés de minage d’écouler ces actifs à des prix jusqu’à 20% plus élevés que ceux du marché.
Référence : Bloomberg