Les États membres de l’Union européenne et les parlementaires européens se sont mis d’accord hier pour renforcer le cadre réglementaire qui prévaut sur les plateformes d’échange de crypto-monnaies. Elles ambitionnent ainsi d’empêcher que le Bitcoin ne soit utilisé dans le cadre d’opérations de blanchiment d’argent, d’évasion fiscale ou de financement du terrorisme.
L’Union Européenne aimerait instaurer des règles visant à accroître la transparence des plateformes d’échange et des fournisseurs de « wallets », afin de lutter contre le blanchiment d’argent, l’évasion fiscale et le financement du terrorisme.
Il s’agit principalement de contraindre ces plateformes à se mettre en conformité avec les règles qui prévalent déjà au sein des établissements financiers « traditionnels », qui sont tenus de respecter les exigences de KYC (« Know Your Customer »).
« Prévenir le blanchiment d‘argent et couper les sources de financement du terrorisme »
Le Conseil européen (composé des chefs d’État ou chefs de gouvernement des vingt-huit États membres de l’Union européenne) et les parlementaires européens se sont mis d’accord sur un certain nombre de mesures.
Avec l’instauration de ces nouvelles règles, les inscriptions sur les plateformes d’échange européennes ne pourront plus être anonymes.
Le groupe estime que le Bitcoin et les autres crypto-monnaies ont pu être utilisés afin de financer des actes terroristes, et permettraient plus généralement de jouir d’un anonymat facilitant la conduite de transactions illicites.
“L‘accord aujourd’hui va apporter davantage de transparence pour aider à prévenir le blanchiment d‘argent et couper les sources de financement du terrorisme,” s’est félicitée Vera Jourova, la Commissaire européenne à la Justice et aux Consommateurs.
Transparency International, un collectif dédié à la lutte contre la corruption, à également salué l’arrivée de ces nouvelles régulations. Les membres ont expliqué qu’il s’agissait d’un « progrès », ajoutant ceci :
« Toutefois, certains lacunes restent à combler, comme par exemple l’absence de la possibilité d’un accès à ces informations pour les bénéficiaires de trusts, ou d’autres accords similaires. Ces manquements devraient être considérées par les États membres de l’Union européenne afin d’être pris en compte. »
Des négociations étaient menées depuis déjà un an, suite notamment aux attaques terroristes de Paris en 2015, ainsi qu’à celles de Bruxelles en 2016.
Au-delà de la lutte contre le terrorisme, ces nouvelles règles visent également à combattre l’évasion fiscale. Cette décision semble apporter une réponse aux révélations des Panama Papers et des Paradise Papers, qui avaient mis en lumière les circuits utilisés pour faire transiter des fonds vers des paradis fiscaux.
Les gouvernements auront la possibilité d’accéder à des informations diverses
Pour être appliquées, de telles mesures devront être d’abord approuvées par les Etats membres et les parlementaires européens. Reuters indique qu’en cas d’accord, elles pourront « prendre force de lois dans les pays de l’Union Européenne dans les 18 mois. »
Les plateformes d’échange, mais également les sites qui proposent des portefeuilles numérique, devront ainsi contraindre leurs utilisateurs a s’identifier. Par ailleurs, des plafonds seront imposés aux clients qui souhaiteraient avoir recours à des cartes prépayées – les pays membres de l’Union Européenne estimeraient que celles-ci auraient pu avoir été utilisées pour financer des actes terroristes.
Les autorités gouvernementales, mais également les “personnes pouvant prouver un intérêt légitime” auront la possibilité d‘accéder à des informations relatives aux bénéficiaires effectifs des entreprises.
Probablement pas un grand impact
Cette décision intervient alors que la majorité des plateformes européennes ont pris depuis longtemps les devants. La plupart demandent déjà aux utilisateurs de s’identifier, en fournissant notamment une copie de leur pièce d’identité et un selfie.
Certaines plateformes d’échange de pair à pair, comme LocalBitcoins, permettent toutefois d’obtenir des crypto-monnaies sans avoir à dévoiler son identité.
La plateforme rencontre d’ailleurs un fort succès depuis quelques semaines. Elle est particulièrement utilisée dans certains pays pour contourner la réglementation qui y prévaut, comme au Venezuela ou en Chine.
Enfin, on rappellera que, quelles que soient les lois qui viendront encadrer l’utilisation des plateformes liées aux crypto-monnaies, le Bitcoin fonctionne de manière décentralisée, et les gouvernements n’auront jamais la possibilité de tout contrôler.
Les utilisateurs pourront ainsi toujours créer un portefeuille numérique ou conduire une transaction de pair à pair de manière pseudonyme, sans avoir à s’identifier au préalable.
Références : Reuters (en français), Reuters (en anglais)
Ce n’est deja plus anonyme puisque qu’il faut fournir preuve d’ID et nom qui doit correspondre au compte en banque. Vos infos d’anonymat ne tiennent pas.
Bonjour,
Si vous souhaitez acheter des Bitcoins sur une plateforme, vous devrez – comme c’est le cas aujourd’hui – fournir des documents d’identité. Ce pourra être aussi le cas sur certains sites qui proposent des portefeuilles numériques « cloud », comme Blockchain.info ou MyEtherWallet.com – même si nous ignorons si ceux-ci accepteront de se soumettre à de telles règles.
Mais personne ne pourra vous demander de vous identifier, ou contrôler la création d’un compte BTC à partir d’un wallet « open-source » : des portefeuilles papiers, logiciels (comme Electrum) ou matériels (comme le Ledger Nano S).
Vous pourrez, comme aujourd’hui, créer des centaines d’adresses sans qu’il ne soit possible de connaître votre identité. Il sera toutefois possible de remonter votre trace, du fait de l’aspect « pseudonyme » du Bitcoin, en fonction des paiements que vous aurez reçus ou envoyés.
Enfin, de nombreuses crypto-monnaies anonymes empêchent de connaître le solde d’une adresse, ou les transactions entrantes ou sortantes effectuées au travers de celle-ci.
En tout cas, c’est la manière dont nous voyons les choses. Si quelqu’un souhaite nous corriger ou ajouter d’autres informations, qu’il (ou elle) n’hésite pas à se manifester 🙂
Cordialement,