Le plaignant principal, qui poursuit la société texane Nano, demande que les développeurs soient contraints par la justice de mettre en place un « fork de secours ». Ce dernier permettrait aux victimes de récupérer les fonds qu’elles ont perdus lors du piratage de la plateforme d’échange BitGrail.
Cette action collective vise à obtenir des dommages et intérêts suite au vol, en février dernier, de 17 millions de Nanos (soit alors environ 170 millions de dollars) détenus par la plateforme d’échange italienne BitGrail.
Celle-ci aurait été, d’après la plainte, recommandée par les équipes de Nano.
Le plaignant principal leur reproche également de ne pas avoir enregistré leur coin XRB auprès des autorités financières américaines.
Cette plainte a été déposée le 6 avril dernier auprès de l’US District Court for the Eastern District of New York, à l’encontre de Nano (anciennement Raiblocks), de Colin Lemahieu (créateur et développeur principal), de Mica Busch (développeur), de Zach Shapiro (développeur iOS) et de Troy Retzer (chargé relations publiques).
Représenté par le cabinet d’avocats The Braunstein Law Firm et par Silver Miller, le plaignant principal, Alex Brola, est originaire de l’Arizona. Il avait initialement investi 50 000 dollars – une somme qui avait atteint les 237 000 dollars au moment du piratage, alors que le XRB s’échangeait à environ 10 dollars.
Nano aurait recommandé BitGrail
Cette plainte concerne non seulement le piratage du XRB, mais également la relation entretenue par les équipes de Nano avec BitGrail. Elle leur reproche ainsi d’avoir vanté la fiabilité de la plateforme, comme le montre cette conversion entre M. Shapiro et un investisseur :
Les plaignants estiment ainsi que Nano devrait assumer sa part de responsabilité dans le vol de 17 millions de XRBs dont avait été victime BitGrail.
Voici ce que l’on peut lire dans la plainte :
« Les accusés ont soudainement tenté de prendre leurs distances avec BitGrail – une distance que même l’océan Atlantique n’était pas suceptible de leur offrir ».
BitGrail fut, pendant plusieurs mois, la plateforme de référence pour la paire XRB/BTC, traitant plus de 80% des volumes d’échange mondiaux.
Les plaignants souhaitent que le tribunal ordonne un « fork de secours »
Les plaignants estiment que la solution « réside entre les mains des accusés ». Ils demandent ainsi à ce que le tribunal ordonne un « fork de secours », qui suppose que les développeurs modifient le code informatique du XRB pour pouvoir « rendre à leurs propriétaires les actifs volés ».
Ils indiquent que, si les accusés n’ont jusqu’ici pas accepté de mettre en place un fork, c’est parce que cela irait à l’encontre de leurs intérêts financiers – ils détiendraient une part importante des 133,25 millions de XRBs en circulation (« des millions, si si ce n’est des dizaines de millions »)
Voici le tweet publié la semaine dernière par Stephen Palley, un avocat de Washington, qui estime qu’il s’agit d’une action en justice sans précédent :
Most interesting/novel part of this new class action involving Nano/XRB is the demand that the court order a « rescue fork. » First time I think, but will not be the last. pic.twitter.com/lWmfCokHo2
— Palley (@stephendpalley) 6 avril 2018
Depuis ce vol, les équipes de Nano ont pris leurs distances avec BitGrail, expliquant que ce piratage n’aurait pas eu lieu si la plateforme avait bénéficié d’un niveau de sécurité suffisant. Voici ce qu’elles ont indiqué dans un article de blog :
« Nous n’avons aucune raison de croire que la perte est due à un problème dans le protocole Nano. Les problèmes semblent être liés au logiciel de BitGrail ».
Un fonds de soutien aux victimes
Il y a quelques jours, la Fondation Nano s’est présentée comme la représentante légitime des victimes du piratage. Elle a mis en place une collecte de fonds destinée à entamer une action judiciaire à l’encontre de BitGrail :
The Nano Foundation Announces Legal Fund for BitGrail Victimshttps://t.co/r8yEABbTJN
— Nano (@nanocurrency) 9 avril 2018
Le groupe explique avoir formé une alliance avec « Espen Enger, alors représentant d’environ 600 victimes de BitGrail – désormais plus de 1400, suite à l’annonce de notre volonté de lancer une collecte de fonds. Nous avons pu mener toute une série de discussions productives avec M. Enger. Au fur et à mesure, nous sommes devenus confiants qu’il s’agissait de la meilleure personne pour s’occuper d’une telle collecte, et accompagner de nombreuses victimes de BitGrail dans leur action en justice, menée en Italie ».
Les membres de la Fondation Nano ont indiqué qu’ils souhaitaient ainsi venir en aide aux petits épargnants victimes de ce vol. Le 9 avril dernier, ils étaient parvenus à collecter 600 000 dollars, indiquant que Nano offrirait « la même somme que les contributions reçues par ce fonds établi par M. Enger – aussi bien les donations passées que futures, jusqu’à 1 million de dollars – avec l’objectif de disposer de 2 millions de dollars de financement ».
Références : CCN, News.Bitcoin, Medium