Paul Krugman, lauréat du prix Nobel d’économie, a démarré l’année 2022 en critiquant (à nouveau) la première cryptomonnaie.
Paul Krugman n’est toujours pas un fan invétéré du Bitcoin. Dans un tweet publié ce dimanche 2 janvier, il s’en est pris une nouvelle fois à l’actif numérique de Satoshi Nakamoto, indiquant que celui-ci n’avait toujours « aucun véritable cas d’usage » :
Why do crypto prices keep rising even though Bitcoin was created 13 years ago and still has almost no legitimate uses ? Because of this kind of thinking 1/ https://t.co/ltJ90vhrGw
— Paul Krugman (@paulkrugman) January 2, 2022
« Pourquoi est-ce que le prix des cryptomonnaies continue d’augmenter, alors que le Bitcoin a été créé il y a 13 ans et qu’il n’a toujours aucun véritable cas d’usage ? »
« C’est à cause de ce type de raisonnement », a‑t-il ajouté en citant un article récemment publié sur le site Bloomberg Wealth. Celui-ci rapporte les propos du milliardaire Thomas Peterffy, qui recommande aux investisseurs de placer 3% de leur patrimoine dans les cryptomonnaies afin de se protéger en cas d’effondrement des monnaies fiduciaires.
Pour l’économiste, cet effondrement irait nécessairement de pair avec des problèmes politiques et sociétaux bien plus graves, qui ne pourraient être réglés avec la seule aide des cryptomonnaies.
The thing is, money does sometimes « go to hell » — but always in the context of intense political disorder, usually civil war and social collapse. So you have to think of this guy logging on to the Internet to get access to his funds 2/ pic.twitter.com/cZ1bBr343b
— Paul Krugman (@paulkrugman) January 2, 2022
« Oui, l’argent peut parfois « plonger en enfer » – mais il le fait toujours dans un contexte de désordre politique tendu, généralement accompagné d’une guerre civile et d’un effondrement social.
Par conséquent, vous devez imaginer ce type [Mad Max] se connecter à internet pour tenter d’accéder à ses fonds ».
Des commentaires qui ne sont pas de nature à effrayer les « Bitcoiners ». On retrouve parmi eux Tuur Demeester, patron du fonds d’investissement Adamant Capital. Selon lui, les « cypherpunks » sont en train de « créer une infrastructure “Mad Max proof” » grâce à des « cold storages » résistants aux explosions nucléaires, à des nœuds Bitcoin placés sur des satellites ou encore à des mines alimentées par de l’énergie volcanique :
Krugman laughs at the idea of using ≅Coinbase during a monetary collapse.
Meanwhile cypherpunks are building Mad Max proof infrastructure : Nuclear Blast-Proof Cold Storage, Bitcoin Satellite Nodes, Volcano Mines, HAM Radio Nodes, Lightning Powered Mesh Networks, … 🔫🌋🛰️ pic.twitter.com/A8QoHi0PO5
— Tuur Demeester (@TuurDemeester) January 3, 2022
Si Thomas Peterffy conseille aux investisseurs de placer une partie de leur fortune dans les cryptomonnaies, il a toutefois reconnu ignorer la trajectoire qu’elles emprunteront :
« Je pense que [le Bitcoin] peut plonger à zéro, tout comme il pourrait atteindre le million de dollars ».
Un autre milliardaire, Ray Dalio – qui avait précédemment déclaré que « cash is trash » – a lui aussi vanté les mérites du BTC l’année dernière, qu’il présentait comme un bon moyen de diversifier son portefeuille. En septembre, le fondateur de Bridgewater Associates avait toutefois déclaré que les gouvernements pourraient chercher à « tuer » le Bitcoin s’il continuait à enregistrer une hausse de son adoption :
« Je pense qu’en fin de temps compte, s’il rencontre véritablement le succès, ils tenteront de le tuer », avait-il déclaré.
Paul Krugman : 10 ans de critiques contre le Bitcoin
Ce n’est pas la première fois que Paul Krugman décrie la première cryptomonnaie – ses premières critiques à son encontre datent de 2011.
Deux ans plus tard, il avait déclaré que « le Bitcoin [était] diabolique » :
« On a l’impression que le Bitcoin a été inventé en tant qu’arme destinée à nuire aux banques centrales et aux banques émettrices de monnaie, avec un agenda politique libertarien – pour nuire à la capacité à collecter l’impôt et à surveiller les transactions financières des citoyens ».
En mai 2021, dans une tribune publiée dans le New York Times, il avait déclaré que les cryptomonnaies étaient « une pyramide de Ponzi persistante » qui pourrait être comparée à la célèbre escroquerie menée par Bernard Madoff.
« Une pyramide de Ponzi peut-elle vraiment durer si longtemps ? En fait, oui : Bernard Madoff a mené son escroquerie pendant près de 20 ans, et celle-ci aurait pu durer encore plus longtemps si la crise financière n’était pas survenue ».
Il avait toutefois ajouté qu’il cesserait désormais de tenter de prédire « la disparition » du Bitcoin, expliquant que le culte suscité par l’actif numérique pourrait durer « indéfiniment ».