Le prix du Bitcoin a atteint de nouveaux sommets, dépassant ce mercredi les 6 600 dollars.
À chaque fois que le prix atteint un nouveau record historique, de nombreux investisseurs tendent à regretter de ne pas en avoir acheté plus tôt, lorsque le prix était bien inférieur.
« C’est trop cher maintenant, j’aurais du acheter avant » expliquent-ils souvent.
Mais alors que le prix parait élevé sur les gros marchés occidentaux, qui bénéficient d’une excellente liquidité, ce n’est pas le cas dans des pays émergents tels que le Zimbabwe, où les habitants sont prêts à débourser des sommes plus élevées pour s’offrir un Bitcoin.
On sait que la monnaie digitale s’échange souvent dans les pays en voie de développement avec un « premium » – la demande est forte, parfois du fait de l’instabilité de la monnaie nationale, alors que le volume d’échange sur les plateformes de trading est relativement faible.
C’est au Zimbabwe que l’on peut trouver le prix du Bitcoin le plus élevé : celui-ci a dépassé les 12 400 dollars ce mardi, soit un « premium » de 87% par rapport à la moyenne internationale.
Ceci correspond à une hausse de 2 400 dollars depuis le 20 octobre, alors que le prix du Bitcoin n’augmentait, au niveau mondial, que de 1000 dollars sur la même période.
La source de ce phénomène ? Elle est liée aux difficultés rencontrées par les zimbabwéens. En 2009, le pays a remplacé sa monnaie nationale par le dollar américain, ce qui a conduit à une inflation rampante. Il n’existe pas assez dollars américains dans le pays pour faire face à la demande, et les banques se sont mises à rationner l’offre de monnaie.
C’est la raison pour laquelle de nombreux zimbabwéens utilisent le Bitcoin – ils peuvent l’obtenir sans argent liquide, et peuvent également l’utiliser en dehors du pays.
« Il n’est pas nécessaire de détenir des espèces pour acheter des Bitcoins. La plupart des personnes utilisent des moyens électroniques.« a expliqué Yeukai Kusangaya, un employé de la plateforme d’échange Golix, au journal The Standard.
« C’est la raison pour laquelle l’achat de Bitcoins n’est pas impactée par les problèmes de pénurie de monnaie. Si un vendeur veut des espèces contre ses Bitcoins, il devra trouver un acheteur possédant ses espèces pour engager un échange de pair à pair. »
Certains observateurs ont suggéré que le gouvernement allait tenter d’empêcher l’utilisation du Bitcoin, dans le cadre d’une politique de contrôle des capitaux. D’autres estiment au contraire que le gouvernement n’a pas les ressources nécessaires pour cela, et qu’il risquerait d’apparaître comme étant vulnérable s’il échouait dans cette tâche.
C’est la raison pour laquelle Nigel Gambanga, un consultant en technologie zimbabwéen, a expliqué à CNN que la situation était si critique qu’il ne serait pas surpris si le gouvernement venait à décider d’autoriser officiellement le Bitcoin, voire même de l’adopter comme une monnaie légale.
« Si l’échange de Bitcoins s’intensifie sans que le pays ne parvienne à redresser sa monnaie, nous pourrions assister à un revirement de la part de la Banque Centrale et du gouvernement. Ils pourraient ainsi prendre part à cet échange de crypto-monnaies » a expliqué Nigel Gambanga.
« L’État a déjà pris des mesures extrêmes, telles que l’interdiction de l’importation de fruits… alors l’idée d’ajouter le Bitcoin au panier multi-devises du pays ne semble pas si absurde » a‑t-il conclu.
Référence : CryptocoinNews