Le continent africain a reçu un total de 105,6 milliards de dollars de cryptomonnaies entre juillet 2020 et juin 2021. Majoritairement utilisés pour recevoir de l’argent de proches partis à l’étranger, ces actifs permettent également de se prémunir face à l’inflation et au contrôle de capitaux.
Plus de 100 milliards de dollars de cryptomonnaies reçues par l’Afrique en moins d’un an : c’est ce que révèle une étude publiée cette semaine par la société Chainalysis. L’entreprise explique que si « l’Afrique dispose de la plus petite crypto-économie du globe », ce marché à enregistré « une croissance de 1 200% de la valeur reçue sur un an ».
La majorité de ces flux sont liés à des envois de fonds réalisés par des migrants partis s’installer à l’étranger, qui transfèrent de l’argent à leurs proches grâce aux cryptomonnaies :
Chainalysis estime qu’un montant record de près de 150 millions de dollars d’actifs numériques a ainsi été envoyé en mai dernier à des proches restés en Afrique, alors que les crypto-marchés traversaient une période d’euphorie.
On remarque que le Nigeria enregistre les plus gros volumes d’échange sur les principales plateformes de pair-à-pair, avec une croissance très nette depuis le début de l’année 2017 :
Cette hausse est notamment liée, nous explique Chainalysis, à la décision du pays d’interdire les plateformes d’échange centralisées.
« Le trading informel de “pair-à-pair” au Nigeria a pris beaucoup d’ampleur sur Whatsapp et sur Telegram », rapporte Adedeji Owonibi, fondateur de la société de conseil blockchain nigérienne Convexity.
« J’ai pu voir dans ces groupes de jeunes gens et des hommes d’affaires effectuer des transactions importantes »
S’émanciper de l’inflation et des contrôles de capitaux
L’une des principales raisons de l’intérêt des Africains pour les cryptomonnaies est aussi liée au contrôle des capitaux imposés par certains pays, qui peuvent démarrer à partir de seulement 500 dollars.
« Si vous travaillez avec un partenaire en Chine afin d’importer des biens de consommation pour les vendre au Nigeria ou au Kenya, il peut être difficile de lui envoyer de la monnaie fiduciaire », explique Artur Schaback, fondateur de la bourse Paxful.
« Il est souvent bien plus simple d’acheter du Bitcoin localement sur une plateforme d’échange de pair-à-pair, et de l’envoyer à votre partenaire ».
Autre motif d’intérêt pour les actifs numériques : l’inflation importante que peuvent connaître certaines monnaies africaines. On peut ainsi constater que la baisse récente du cours du shilling kényan est allée de pair avec une hausse des volumes d’échange sur les plateformes de pair-à-pair locales :