L’Arizona pourrait prochainement devenir le premier État américain à offrir aux contribuables la possibilité de payer leurs impôts d’État en Bitcoin. Des projets de loi ont été récemment soumis à l’assemblée législative de l’État, et l’un d’entre eux a été adopté ce jeudi par le Sénat de l’Arizona.
La décision est désormais entre les mains de la Chambre des représentants. L’État du Grand Canyon pourrait ainsi faire figure de pionner, et envoyer un signal fort à travers le monde.
Un signal fort
Le projet de loi SB1091, qui prévoit d’autoriser les contribuables à régler leurs impôts en crypto-monnaies, avait été présenté le 10 janvier, avant d’être adopté deux semaines plus tard par le comité des finances du Sénat de l’Arizona. Le 8 février, le Sénat de l’Arizona adoptait ce projet de loi avec 16 votes pour contre 13 votes contre.
Il a depuis été envoyé à la Chambre des représentants de l’Arizona. Si ce projet de loi était adopté, l’Arizona deviendrait le premier État américain a accepter les paiements des impôts en crypto-monnaies.
En effet, cette loi permettrait aux contribuables d’utiliser « un mode de paiement comme le Bitcoin, le Litecoin, ou toute autre crypto-monnaie reconnue par l’administration, en s’appuyant sur un système électronique de pair à pair ».
Une autre proposition de loi (HB2601) portant sur la réglementation du crowdfunding et des Initial Coin Offerings (ICOs) sera présentée le 2 juin prochain.
« Nous sommes en train d’envoyer un signal à travers les États-Unis, et peut-être même dans le monde entier – un signal qui montre que l’Arizona va devenir une zone géographique incontournable pour la blockchain et les monnaies numériques », s’est enthousiasmé Jeff Weninger, un représentant de l’Etat de l’Arizona, au cours d’un entretien accordé à la chaîne de télévision Fox News. Il estime que, d’ici 5 à 10 ans, les crypto-monnaies et la blockchain auront bouleversé de nombreux secteurs, avec un impact similaire à celui de la démocratisation de l’internet.
M. Weninger insiste sur le fait que cette nouvelle loi, si elle était adoptée, permettra aux contribuables de payer plus facilement leurs impôts, sans avoir à ouvrir leur « portefeuilles normaux ». Ceux-ci pourraient ainsi régler leurs taxes « au beau milieu de la nuit, à la maison, en regardant la télévision… Je pense que dans quelque années, on ne se posera même plus une telle question », a‑t-il indiqué.
Des opinions divergentes
D’après les résultats d’une étude récente, il existerait aujourd’hui environ 45 millions de détenteurs de crypto-monnaies à travers le monde. L’homme d’affaires Jack Biltis, qui fait partie de ce groupe, estime que ces actifs deviendront bientôt incontournables.
« Nous permettons à nos employés de recevoir leur salaire en Bitcoin, et même d’investir une partie de leur 401(k) [ndlr : un système d’épargne retraite par capitalisation] en Bitcoin ».
M. Biltis, qui gère une société de services de paie, est convaincu que les crypto-monnaies permettront de remplacer « ce dont nous disposons actuellement, avec des cartes de crédit et des systèmes bancaires inefficaces », grâce à des transferts d’argent peu coûteux et quasi-instantanés. C’est la raison pour laquelle il aimerait que l’État de l’Arizona puisse contribuer à la démocratisation de ces actifs.
Si le Sénat de l’Arizona semble convaincu du potentiel des crypto-monnaies, d’autres législateurs sont beaucoup moins enthousiastes. C’est le cas de Steve Farley, un sénateur de l’État de l’Arizona, qui estime que la volatilité du Bitcoin ferait peser des risques aux contribuables qui souhaiteraient y avoir recours pour régler leurs impôts. Il prévient par ailleurs que c’est l’État qui serait alors tenu d’échanger ces crypto-monnaies contre des monnaies fiduciaires.
M. Farley pointe ainsi « des avantages accordés à certains », et indique que les impôts ne devraient pouvoir être payés qu’en dollars :
« Les dollars américains me conviennent parfaitement. Et ils devraient aussi parfaitement convenir à quiconque souhaite payer ses impôts ».
Mais de telles déclarations ne devront probablement pas s’avérer suffisantes pour faire changer d’avis Jack Biltis.« Au début, c’est toujours un peu effrayant, mais c’est aussi enthousiasmant », explique-t-il. « Le monde sera tellement différent dans 20 ans, et les personnes qui vont vraiment réussir sont celles qui se tournent d’ores et déjà vers ces actifs ».
Aucun coût, aucun risque
Ce n’est pas la première fois qu’une telle initiative est menée : il y a deux ans, un projet de loi similaire avait été rejeté par les législateurs du New Hampshire.
Eric Schleien, qui avait rédigé ce projet de loi, avait pourtant expliqué que cette modification réglementaire ne supposait aucun coût ni aucun risque pour l’Etat, dans la mesure où la conversion des actifs numériques en dollars serait automatique – et que celle-ci permettrait d’apaiser les craintes liées à la volatilité du Bitcoin.
Reste à voir désormais si les législateurs de l’Arizona l’entendront de cette oreille. S’ils décidaient d’adopter ce nouveau projet de loi, l’État du Grand Canyon pourrait accepter le paiement des impôts en crypto-monnaies dès l’année 2020.
Référence : News.Bitcoin, CoinTelegraph