Le président de la Fair Trade Commission sud-coréenne – l’autorité de la concurrence du pays – estime que le gouvernement n’a pas le pouvoir de faire fermer les plateformes d’échange de monnaies numériques. Et il ne voit d’ailleurs pas pourquoi il le ferait : si ces investissements sont risqués, il juge que ce sont les épargnants qui doivent décider s’ils souhaitent courir de tels risques.
Une fermeture que le gouvernement ne serait pas en mesure de prononcer
Dans un entretien accordé hier, Kim Sang-Joo, le président de la FTC, a déclaré qu’il n’était « pas possible, en étant réaliste » de faire fermer les plateformes d’échange de crypto-monnaies. Il a ainsi expliqué que les lois actuelles n’offraient pas la possibilité à des administrations, comme le ministère de la Justice, de décider de la fermeture de ces plateformes.
Voici ce qu’il a déclaré, selon des propos rapportés par le quotidien JoongAng (la traduction est approximative) :
« La fermeture de ces plateformes n’est pas, de manière réaliste, possible. Si l’on s’appuie sur les lois qui régissent le commerce électronique, le gouvernement n’a pas le pouvoir de faire fermer les plateformes de trading de crypto-monnaies. »
Ces déclarations interviennent suite aux propos controversés du ministre de la Justice, Park Sang-ki. Il avait déclaré la semaine dernière que son ministère « était en train de préparer un projet de loi visant à interdire le trading de crypto-monnaies sur les plateformes d’échange ».
La réaction de nombreux investisseurs ne s’est pas fait attendre, ce qui avait conduit Jeong Ki-joon, le porte-parole de l’Office for Government Policy Coordination, à tenter d’apaiser les craintes de certains citoyens.
« Cette proposition sera discutée et modifiée par la ‘task force’ à laquelle participent le ministère de la Stratégie et des Finances, la Banque centrale, la Fair Trade Commission, ainsi que d’autres agences gouvernementales. »
« Le gouvernement ne devrait pas interdire cette activité au simple motif qu’elle est risquée »
Il convient d’apporter du poids à ces déclarations, qui proviennent du président de l’autorité de la concurrence du pays. Mais il est surtout membre de la « task force » qui a été récemment mise en place pour élaborer un cadre réglementaire autour des échanges de crypto-monnaie.
Il est d’ailleurs soutenu par un autre membre du groupe, le ministère de la Stratégie et des Finances, qui s’opposait également à la proposition du ministère de la Justice.
D’après Joseph Young, un observateur des marchés asiatiques, voici ce que Kim Sang-Joo aurait indiqué lorsqu’on lui a demandé si l’engouement qui prévaut actuellement autour des crypto-monnaies est lié à une spéculation excessive :
Whether cryptocurrency investment is excessive speculation or not, the risk is on the investor, and thus the government should not outright ban economic activity because it is risky. That’s for the individual investors to decide.
— Joseph Young (@iamjosephyoung) 18 janvier 2018
« Que les investissements dans les crypto-monnaies consituent ou non une spéculation excessive, le risque est porté sur l’investisseur. Par conséquent, le gouvernement ne devrait pas interdire cette activité économique au simple motif qu’elle est risquée. Il appartient aux investisseurs individuels de prendre leurs propres décisions.
Le dirigeant a par ailleurs appelé les autorités à faire preuve d’une plus grande sévérité vis-à-vis des limites de retrait imposées par certaines plateformes. Il estime qu’une interdiction, si elle était nécessaire, ne devrait être prononcée que contre les sites qui ne respectent pas certaines règles.
Il a déclaré :
« Le gouvernement enquête actuellement auprès des plateformes d’échange pour examiner si celles-ci n’ont pas respecté leurs propres conditions générales, en établissant des limites sur les retraits que peuvent effectuer les investisseurs individuels ».
La menace d’une interdiction du trading de crypto-monnaies en Corée du Sud est-elle désormais éteinte ? Pas si sûr. Il y a quelques jours, Joseph Young présentait le gouvernement sud-coréen comme étant « extrêmement imprédictible », et indiquait que l’on pouvait s’attendre à tout :
I admit, it’s difficult reporting about South Korean #cryptocurrency market because the gov’t is very unpredictable. The gov’t could ban trading tomorrow after promising there will be no ban and I wouldn’t be surprised.
In a market like this, the media’s role is important.
— Joseph Young (@iamjosephyoung) 15 janvier 2018