Le gouvernement sud-coréen prépare un projet de loi visant à interdire le trading de crypto-monnaies dans le pays. Alors que de nombreux médias anglophones annoncent une fermeture imminente de ces plateformes, Reuters précise qu’il faudra plusieurs mois, voire plusieurs années, avant que celui-ci ne puisse être adopté.
La nouvelle a plongé la plupart des marchés dans le rouge. Dans le même temps, on apprend que les autorités ont mené plusieurs perquisitions auprès de ces plateformes, qui seraient soupçonnées d’évasion fiscale.
La Corée du Sud prépare un projet de loi visant à mettre fin aux échanges de crypto-monnaie
Park Sang-ki, le ministre de la Justice sud-coréenne, a déclaré cette nuit lors d’une conférence de presse qu’il comptait s’en prendre aux plateformes de trading de monnaies numériques.
Il explique qu’après avoir mené de longues concertations avec les différentes agences gouvernementales, il aimerait proposer aux parlementaires d’interdire purement et simplement cette activité dans le pays :
« Il existe de grandes inquiétudes concernant les monnaies virtuelles, et le ministère de la Justice est en train de préparer un projet de loi visant à interdire le trading de crypto-monnaie sur les plateformes d’échange »
Ce qu’il faut savoir, c’est qu’une fois qu’une proposition de loi est soumise, celle-ci doit faire l’objet d’un vote majoritaire des 297 membres de la National Assembly avant qu’elle ne puisse être adoptée. D’après Reuters, il s’agit d’un processus qui peut prendre plusieurs mois, voire plusieurs années.
Charlie Lee, le créateur du Litecoin, a tenu à rassurer les investisseurs, en faisant référence aux craintes liées aux rumeurs d’une possible interdiction, en Chine, d’activités telles que le minage ou le trading de monnaies numériques :
Korea bans Bitcoin FUD is the new China bans Bitcoin FUD. ?♂️
— Charlie Lee [LTC] (@SatoshiLite) 11 janvier 2018
Ce qui devrait, par contre, être rapidement mis en place, c’est l’interdiction pour les citoyens de recourir à des comptes de trading anonymes sur les plateformes d’échange. Et, plus généralement, le gouvernement aimerait que celles-ci puissent faire preuve d’une plus grande transparence – comme nous vous l’indiquions déjà il y a deux semaines.
Yonhap News, un média local, a ainsi précisé le 2 janvier dernier que le gouvernement allait se mettre, aux environs du 20 janvier, à contraindre les utilisateurs à se soumettre à une vérification d’identité – comme c’est déjà le cas sur de grandes plateformes d’échange étrangères, comme Bittrex ou Bitfinex.
Voici ce que le site indique :
« Avec cette mesure, seules les comptes bancaires associés à un “vrai nom”, et les comptes correspondants à ce nom sur les plateformes d’échange pourront être utilisés pour les dépôts et les retraits – la création de “comptes virtuels” sur les plateformes d’échange sera interdite »
Des plateformes perquisitionnées
De nombreuses informations font état d’opérations de grande ampleur menées par le gouvernement contre les principales plateformes d’échange.
Cette semaine, certaines d’entre elles ont ainsi reçu la visite d’inspecteurs de l’administration fiscale. Coinone, 9ème plus grande plateforme au monde avec près d’un milliard de dollars de volumes quotidiens, était l’une de leurs cibles. Voici ce que certains employés ont indiqué à la presse :
« Quelques membres du National Tax Services ont perquisitionné notre bureau cette semaine. La police locale mène également une enquête visant notre société depuis l’année dernière, ils pensent que notre activité est liée aux jeux d’argent [gambling] »
La deuxième principale plateforme au monde, Bithumb, fut également perquisitionnée cette semaine : « Des inspecteurs des impôts nous ont demandé hier de leur fournir certains documents administratifs », ont déclaré des employés de la plateforme.
D’après certaines informations, Séoul viserait également les banques qui proposaient des comptes de crypto-monnaies.
Si elle évoquerait, pour justifier ces mesures, la hausse du nombre de crimes en lien avec ces actifs, il semblerait que le gouvernement soit à la recherche de moyens pour calmer la frénésie qui entoure les monnaies numériques dans le pays, qui représenterait au moins 20% des échanges mondiaux.
Les marchés dans le rouge
La perspective d’une possible fermeture des plateformes sud-coréenne a provoqué des répercussions immédiates sur les marchés.
Alors que le Bitcoin s’échangeait à plus de 15 000 dollars à 1h10 cette nuit, son cours avait chuté à mois de 13 200 dollars à 5h50, en baisse de 12%. Lors de la rédaction de cet article, il était repassé au dessus des 13 850 dollars :
Dans le même temps, l’Ether était passé de plus de 1 300 dollars à 1 150 dollars.
Du côté de Ripple, on constatait une baisse de plus de 50% sur une semaine, d’après les données fournies par CoinMarketCap, passant d’un record historique de 3,84 dollars à 1,77 dollars aujourd’hui. On peut vraisemblablement penser que la décision du site, qui avait choisi de ne plus prendre en compte les prix qui prévalent sur les plateformes sud-coréennes a pu engendrer une certaine forme de panique – les plateformes sud-coréennes correspondant à près de 50% des volumes de XRP échangés.
Reste à voir si cette baisse ne serait pas également le fruit d’une correction logique, après les fortes appréciations qu’ont connu les principaux crypto-actifs ces dernières jours. Celle-ci pourrait permettre à certains acheteurs d’obtenir des actifs numériques à des prix plus attractifs.
Référence : Reuters, Cryptovest, Bitcoinist, AltCoinToday
Cet article ne constitue pas une recommandation d’investissement. Nous vous suggérons de mener vos propres recherches avant de décider de vous procurer des crypto-monnaies – des actifs extrêmement risqués. Ne dépensez pas plus que ce que vous pouvez vous permettre de perdre. Nous ne saurons être tenus responsables de toute perte en capital, en lien avec la lecture de cet article.
Même combat que son confrère Bruno Le Maire, n’est-ce pas. L’empire contre-attaque !