Hier, les crypto-monnaies faisaient l’objet d’une table ronde au sein du Forum économique mondial qui se tient en ce moment à Davos, en Suisse. Il s’agissait principalement de savoir si le Bitcoin pouvait être considéré comme une monnaie à part entière.
« The Crypto-Asset Bubble »
Cette table ronde, surnommée « The Crypto-Asset Bubble » (la bulle des crypto-actifs), réunissait Cecilia Skingsley, sous-gouverneur de la banque centrale de Suède, Jennifer Zhu Scott, associée auprès de la société d’investissement Radian Partners, Neil Rimer, co-fondateur d’Index Ventures, ainsi que Robert Shiller, lauréat du prix Nobel d’économie.
M. Shiller, qui avait récemment déclaré que le Bitcoin pourrait vraisemblablement « s’effondrer », estime que les crypto-monnaies s’appuient sur une « idée très intelligente ». Il juge cependant que la technologie blockchain n’est pas adaptée à de tels actifs :
« Je suis fasciné par cette technologie », a‑t-il indiqué. « Et elle se diffuse dans plusieurs domaines, et de nombreuses personnes sont très enthousiastes. Mais il me semble qu’elle devrait être appliquée à d’autres secteurs. Car elle est devenue “virale” avant tout du côté des monnaies numériques. Le problème c’est que, même si la blockchain constitue une technologie importante, elle n’est pas stable ».
Jennifer Zhu Scott estime que le Bitcoin ne peut pas être assimilé à une monnaie. Un point de vue partagé par Cecilia Skingsley, qui a indiqué que le Bitcoin n’était pas suffisamment stable, et que son taux d’acceptation n’était pas suffisamment élevé pour qu’il puisse véritablement faire office de monnaie.
Elle explique :
« En ce qui me concerne, les crypto-monnaies – le Bitcoin et les autres – ne remplissent pas les critères nécessaires pour être considérées comme des monnaies. Elles peuvent être assimilées à des actifs, mais il ne s’agit pas de réserves de valeur – leur valeur est très volatile, et l’on ne peut pas les utiliser comme des moyens d’échange ».
Neil Rimer d’Index Ventures estime de son côté que le Bitcoin est « l’une des inventions les plus audacieuses, les plus fortes et les plus profondes » qu’il connaisse, et a insisté sur la jeunesse de cette technologie.
« Voilà une expérience qui a démarré il y a 9 ans. Elle a parfois très bien fonctionné, et d’autres fois moins bien. Le Bitcoin pourrait échouer et retomber à 0 dollars, mais il a accompli avec succès un certain nombre de choses qui, je pense, sont remarquables ».
« Un outil puissant »
Jennifer Zhu Scott a ensuite évoqué les évolutions du prix du Bitcoin – en mentionnant la hausse du cours de l’actif au-dessus des 10 000 dollars. Elle estime qu’il ne s’agit pas de l’élément le plus important, et invite l’auditoire à prendre du recul vis-à-vis de ces fluctuations :
« Lorsque le Bitcoin est en-dessous des 10 000 dollars, les gens pensent qu’ils s’agit d’un désastre, et lorsqu’il repasse au-dessus des 10 000 dollars, ils redeviennent très enthousiastes. Le fait que le Bitcoin soit toujours en vie, qu’il parvienne à susciter un tel intérêt, que nous en parlions aujourd’hui à Davos avec un lauréat du prix Nobel, le gouverneur d’une banque centrale et un investisseur de renom, je pense que cela en fait un outil puissant. »
Les intervenants ont ensuite évoqué l’avenir du Bitcoin.
Mme Zhu Scott estime que l’on assistera d’ici une dizaine d’années à l’émergence d’une crypto-monnaie « stable », qui devrait être nettement différente du Bitcoin tel qu’on le connait aujourd’hui. Elle s’appuie pour cela sur l’exemple de MySpace : si la société a été la première à proposer un véritable réseau social, elle ne fait plus partie des leaders de ce marché – et d’autres réseaux ont désormais pris sa place.
De son côté, Neil Rimer a appelé à la mise en place d’une régulation accrue. Il pense qu’une technologie véritablement innovante ne peut réussir à s’imposer si le cadre réglementaire qui l’entoure n’est pas adapté.
Hier, c’était Theresa May qui profitait du Forum économique mondial pour évoquer les crypto-monnaies. Elle avait indiqué que son gouvernement allait « très sérieusement » s’intéresser au Bitcoin, une monnaie qui serait susceptible, selon elle, d’être utilisée à des fins criminelles.
Références : CoinDesk, World Economic Forum
Tacitement, c’est surtout bien ou mal selon à qui cela profite, tout étant relatif suivant tel ou tel autre référentiel. Il n’y a plus rien à démontrer ni à prouver dans ce domaine.