Lors d’une conférence récemment organisée à New York par la Japan Society, le PDG du Groupe Monex a dressé un parallèle entre l’arrivée des produits dérivés financiers et celle des crypto-monnaies. Il estime que les crypto-marchés vont parvenir, comme l’ont fait les marchés dérivés, à surmonter les freins auxquels ils sont actuellement confrontés.
« Très semblable à l’arrivée des produits dérivés »
Oki Matsumoto, le PDG de Monex Group, s’attend à ce que les régulateurs décident prochainement d’instaurer un cadre plus accommodant autour des crypto-monnaies :
» Ce qui se passe actuellement dans le crypto-monde est très semblable à l’arrivée des produits dérivés des années 1980. Tôt ou tard, tous ces cadres réglementaires évolueront ».
Apparus dans les années 1980, les produits dérivés constituaient alors des outils financiers innovants mais controversés. Ils avaient du faire face à la frilosité des régulateurs, alors que, dans le même temps, de nombreuses institutions financières avaient décidé de prendre le train de cette nouvelle vague d’innovations financières.
Il y a quelques semaines, Monex avait décidé de racheter la plateforme d’échange d’actifs numériques japonaise Coincheck, alors que celle-ci avait été victime en janvier dernier d’un piratage, qui lui avait fait perdre l’équivalent de 530 millions de dollars. Le cours de l’action de Monex avait flambé dès que les investisseurs avaient eu vent de ce rachat :
Voici ce qu’a déclaré Oki Matsumoto au sujet de cette acquisition :
»Nous travaillons très bien bien ensemble, Coincheck peut nous apporter une grande valeur ».
Coincheck – qui se remet progressivement de son piratage – semble ainsi prête à regagner sa place sur le marché japonais grâce aux ressources financières et humaines de Monex. Le groupe dispose d’un poids important dans l’économie japonaise, et il pourrait parvenir au fil des mois à impliquer davantage d’investisseurs dans l’écosystème.
M. Matsumoto nourrit de grands espoirs pour le secteur, qui pourrait prendre une voie similaire à celle prise par les produits dérivés :
» Peu de personnes pouvaient alors comprendre les produits dérivés, seulement des ingénieurs spécialisés. Pourtant, 5 ans plus tard, toutes les plus grandes écoles au monde prodiguaient des cours sur ces instruments ».
« Il faudra du temps »
M. Matsumoto est toutefois conscient qu’il faudra peut-être du temps et un changement radical pour y parvenir. D’autant que, pour l’instant, le taux d’imposition sur les gains liés au trading de monnaies numériques peut atteindre jusqu’à 55 % pour certains investisseurs japonais.
Cette fiscalité peu accomodante n’a toutefois pas refroidi les ardeurs de nombreux épargnants. Un sondage menée entre janvier et mars 2018 a ainsi montré que près de 14% des employés japonais de sexe masculin âgés entre 25 et 30 ans détenaient des crypto-monnaies.
Mais pour M. Matsumoto, il faudra patienter avant de voir cette tendance se diffuser dans toutes les couches de la population :
» Je pense qu’il faudra du temps aux épargnants japonais pour transférer une part importante de leur patrimoine vers les crypto-monnaies ».
Références : Bitcoinist, CNBC