Paul Donovan, l’économiste en chef du géant financier suisse UBS, s’en est une nouvelle fois pris aux crypto-monnaies.
Dans un entretien accordé à la chaîne de télévision américaine CNBC, il a déclaré que les actifs numériques étaient déficients, en prédisant qu’ils ne se démocratiseraient jamais.
L’économiste a expliqué qu’à la fin de l’année 2017, alors que le BTC et les autres crypto-monnaies avaient flambé, il était clair pour quiconque disposait « d’un diplôme d’études secondaires en économie » qu’une chute était imminente.
Pour M. Donovan, le principal défaut des crypto-monnaies résiderait dans leur incapacité à faire office de réserves de valeur :
« Tous les économistes savent qu’une réserve de valeur nécessite un équilibre entre offre et demande. Avec les crypto-monnaies, il est impossible de contrôler l’offre en cas de baisse de la demande », a‑t-il lancé sur CNBC.
« Je suis venu enterrer le Bitcoin »
Le dirigeant s’est par ailleurs opposé aux déclarations des représentants de la Banque de réserve fédérale de Saint-Louis. Dans un livre blanc, ceux-ci avaient suggéré que les crypto-monnaies pourraient être utiles dans des pays marqués par la corruption et la dévaluation de leur monnaie nationale.
« Si vous n’avez pas de gouvernement, alors la société devient anarchique. Dans cette situation, il est faux de dire que des actifs comme les crypto-monnaies peuvent être utiles », a‑t-il déclaré.
Cet entretien faisait suite à un article intitulé « Je suis venu enterrer le Bitcoin, pas faire ses éloges », publié cette semaine par M. Donovan sur le site internet de la banque UBS Wealth Management.
Paul Donovan, chief economist at UBS Wealth Management, does not mince words :
« I come to bury Bitcoin, not to praise it » pic.twitter.com/8UiA12ZtpK
— Tim Swanson (@ofnumbers) November 28, 2018
M. Donovan y avait notamment écrit que les développeurs de crypto-monnaies ne disposaient pas, selon lui, de certaines connaissances basiques en économie :
« Leurs designers sont très doués en mathématiques. Mais ils semblent ne rien connaître de l’économie.
La véritable valeur provient d’une adéquation entre l’offre et la demande. L’offre de crypto-monnaies peut augmenter, mais elle ne peut diminuer. De son côté, la demande pour les crypto-monnaies peut diminuer.
La demande a été nourrie par une foi aveugle, pas par des fondamentaux économiques réels. L’impossibilité d’équilibrer offre et demande conduit à une destruction de valeur ».
Une récidive
Ce n’est pas la première fois que M. Donovan émet de vives critiques à l’encontre de la crypto-sphère.
En novembre dernier, alors que le Chicago Mercantile Exchange était sur le point de proposer des contrats à terme sur le Bitcoin, l’économiste avait comparé ce produit financier à la tulipomanie – le nom donné au soudain engouement pour les tulipes dans le nord des Provinces-Unies au milieu du 17ème siècle, qui provoqua la flambée démesurée puis l’effondrement des cours de l’oignon de tulipe.
« À l’époque, l’idée de ne pas livrer physiquement le produit concerné était choquante. Les traders se réunissaient en groupes, appelés « collèges ». Ces tavernes peuvent être assimilées à des plateformes d’échange de crypto-monnaies de l’époque ».
Notons que le contrat à terme qui sera proposé en janvier prochain par la startup Bakkt, lancée par le propriétaire du New York Stock Exchange, devrait être réglé « en nature ». Il devrait ainsi donner lieu à des transferts de « véritables » Bitcoins.
Référence : CCN