Jake Chervinsky, un avocat spécialiste des litiges liés aux valeurs mobilières, a évoqué ce mardi l’entrée imminente de Bakkt sur les crypto-marchés.
S’il estime que l’arrivée de cette startup détenue par ICE – le propriétaire du New York Stock Exchange (NYSE) – pourrait avoir un impact positif le Bitcoin, il juge qu’il est encore trop tôt pour se prononcer sur la question.
0/ @Bakkt plans to launch next month on December 12, and some people are hoping it kicks off another crypto bull run. Now seems like a good time for a quick discussion on :
- what Bakkt is
– why it might be exciting
– when it will get regulatory approvalThread. ?
— Jake Chervinsky (@jchervinsky) 6 novembre 2018
Au cours des dernières semaines, l’arrivée de Bakkt – annoncée en août dernier – est vue par beaucoup comme ce qui pourrait constituer le catalyseur de la prochaine hausse du Bitcoin et des principales crypto-monnaies.
« Dans l’esprit de nombreux observateurs, le lancement de Bakkt est devenu le récit décrivant quand et comment nous parviendrons à la fin de la tendance baissière du marché. Il jouera le même rôle que celui des ETFs sur le Bitcoin en tant que véhicule d’investissement de confiance qui serait susceptible de favoriser l’arrivée d’argent institutionnel dans cet espace, mais sans avoir à obtenir l’approbation de la Securities and Exchange Commission [le gendarme de la bourse américaine] », déclare M. Chervinsky.
L’arrivée de Bakkt, une nouvelle importante pour les crypto-marchés
Comme l’a récemment expliqué son PDG Kelly Loeffer, Bakkt est une plateforme qui doit permettre aux institutions, aux commerçants et aux consommateurs d’échanger, de stocker et de dépenser des crypto-monnaies.
M. Chervinsky rappelle qu’en tant qu’opérateur du NYSE – le premier marché boursier au monde – ICE revendique plusieurs dizaines d’années d’expérience dans le secteur de la finance traditionnelle.
L’avocat précise par ailleurs que la bourse d’échange aura la possibilité d’introduire des contrats à terme sur le Bitcoin sans avoir à obtenir d’autorisation spécifique de la part de la Commodities and Futures Trading Commission (CFTC). Il lui suffira, en théorie, de déposer une demande auto-certifiante jusqu’à un jour ouvré avant la mise en place de son marché à terme. Il explique toutefois qu’elle pourrait être amenée à négocier cette introduction avec le régulateur financier.
Il note que, contrairement aux contrats à terme sur le Bitcoin proposés depuis décembre 2017 par les bourses américaines CME et CBOE, Bakkt fournira des Bitcoins « réels » aux acheteurs de contrats à terme sur le BTC. Ceci pourrait avoir un impact sur l’offre disponible sur les marchés au comptant, et donc sur le cours de la première monnaie numérique.
« L’entrée d’ICE semble constituer un événement conséquent. Il s’agit d’un acteur établi, respecté et puissant de l’industrie financière. En d’autres termes, les grandes institutions accordent suffisamment de crédit à ICE pour lui confier leur argent, notamment ces investisseurs institutionnels dont beaucoup pensent qu’ils seront à l’origine de la prochaine flambée du Bitcoin. Il convient également de noter que Bakkt conservera et délivrera des Bitcoins “réels”. Cela signifie que les flux institutionnels permettront de réduire le niveau de l’offre disponible, et pourront ainsi (peut-être) provoquer une hausse du prix », précise l’avocat.
Ainsi, si la demande des investisseurs institutionnels pour les produits de Bakkt est suffisamment forte, on peut penser que son marché à terme pourrait avoir un impact significatif sur les prix « spot » du Bitcoin.
Trop tôt pour se prononcer ?
Malgré la force de frappe d’ICE, il reste encore difficile de savoir si Bakkt parviendra à réussir son pari.
On sait pour l’instant que ses contrats à terme sur le Bitcoin constitueront son premier crypto-produit, et marqueront le démarrage de la première phase de son développement.
Mais il semble encore impossible de savoir ce que compte précisément faire la startup. Comme l’explique M. Chervinsky, sa deuxième phase devrait être marquée par le lancement d’une application de paiement qui pourra être utilisée par des particuliers. Celle-ci devrait permettre à des sociétés telles que Starbucks – qui fait partie des partenaires de Bakkt – de prendre en charge des paiements en crypto-monnaies.
Reste à voir si Bakkt parviendra à séduire de nombreux commerçants et à tirer profit de l’implication de mastodontes tels que Starbucks ou Microsoft.
« La phase deux reste un mystère. Bakkt n’a pas encore défini de calendrier. Du fait des discussions liées à la “dépense” de crypto-monnaies à travers Bakkt, je suppose qu’il s’agit d’un système de paiement dédié aux consommateurs. Peut-être le type de système que vous utiliseriez dans un Starbucks pour payer votre café avec des Bitcoins. Nous devons attendre et voir ce qui se passe », ajoute Jake Chervinsky.
Il convient ainsi d’attendre le déploiement de la première phase de croissance Bakkt, qui correspond à la sortie de son marché à terme, pour pouvoir évaluer son impact potentiel sur le Bitcoin. Pour le moment, alors que la société n’a pas clairement dressé publiquement les contours de sa deuxième phase de développement, il semble être trop tôt pour déterminer les conséquences de son arrivée sur les crypto-marchés.
Référence : CCN