Ethereum va devoir faire ses preuves durant l’événement annuel des développeurs, Devcon3, qui doit se tenir à partir de mercredi prochain.
Alors qu’Ethereum constituait récemment le projet Blockchain suscitant le plus d’enthousiasme, il semblerait que cette ardeur se soit relativement estompée.
Rappelons toutefois que la capitalisation totale du protocole a dépassé à plusieurs reprises les 30 milliards de dollars, et que l’on a pu assister au lancement de centaines d’ICOs s’appuyant sur Ethereum pour créer leurs tokens.
La raison des désillusions que peuvent ressentir certains investisseurs ? Le projet, lancé en 2014, semblait pour certains prédestiné à être le premier à dépasser le Bitcoin en termes de capitalisation totale. Et même si l’on a pu assister à une hausse spectaculaire du cours de l’Ether (d’environ 10,60 dollars au 1er février 2017 à plus de 390 dollars le 13 juin 2017), certains restent sur leur faim – ils attendaient avec impatience ce que l’on appelle « the flippening », autrement dit un Ethereum dont la capitalisation serait supérieure à celle du Bitcoin.
Pourtant, les inquiétudes nourries par certains ne semblent pas réellement justifiées.
« Je pense qu’ils fonctionnement de manière aussi efficace que possible » a expliqué à CoinDesk l’auteur William Mougayar, qui prodigue des conseils à la fondation Ethereum.« C’est une véritable plateforme, dotée de nombreuses fonctionnalités ».
Avant la conférence Devcon3 qui se tiendra cette semaine à Cancún, les participants espèrent également que les différents débats, ainsi que les avancées des projets basés sur Ethereum, pourront démontrer les progrès réalisés par l’écosystème lié à ce protocole.
Andrew Keys, directeur mondial du « business development » de ConsenSys Capital, a fait part de ses espoirs. Il aimerait que cette conférence puisse permettre de montrer au monde la vitesse à laquelle sont développés, au sein de la communauté Ethereum, de nouveaux outils et projets.
Il a expliqué ceci à CoinDesk :
« Je pense qu’il est temps de tout construire… ou de tout arrêter. Nous avons vu assez de démonstrations de faisabilité. Il faut maintenant mettre des choses concrètes en production. »
D’autres participants ont présenté l’événement non pas comme ce qu’il devait être, mais comme ce qu’il ne devait pas devenir. Ainsi, le développeur Hudson Jameson, a expliqué que la Devcon3 ne devait pas ressembler à une « fête des ICOs » – montrant ainsi son scepticisme a l’égard de certains projets lancés grâce à des tokens basés sur la technologie Ethereum.
M. Jameson a déclaré qu’il s’attendait plutôt à ce que la conférence puisse servir de forum d’échange pour résoudre des problématiques techniques, en s’intéressant particulièrement aux méthodes permettant de rendre Ethereum plus respectueux de la vie privée et plus « scalable ».
Des douleurs croissantes
Alors que certains voient Devcon3 comme une mise en avant de la direction que va prendre Ethereum, d’autres le voient plutôt comme une mise en avant des limites actuelles de la plateforme.
En effet, même si de nombreux essais basés sur Ethereum ont été conduits, ils sont encore peu nombreux à utiliser Ethereum (ou d’autres Blockchains) dans des cas concrets, en dehors des laboratoires que constituent les machines des développeurs. La raison ? Cette technologie constitue toujours, pour le moment, un chantier en cours.
La récente mise a jour d’Ethereum « Byzantium », l’une des plus importantes de la plateforme, a beau avoir apporté de nombreuses améliorations à la Blockchain, il reste encore, pour certains, un long chemin à parcourir.
Ethereum doit procéder aux changements promis depuis longtemps, comme la migration vers un protocole de « mining » plus respectueux de l’environnement et plus égalitaire, ou encore l’apparition d’applications performantes, qui permettent de faciliter l’utilisation de cette technologie.
C’est la raison pour laquelle Loi Luu, co-fondateur et PDG de KyberNetwork, un marché décentralisé d’échange de crypto-monnaies, estime que le « fork »(ndlr : modification du protocole Ethereum), même s’il a bien fonctionné, n’a pas répondu aux attentes de la communauté.
« Je pense que de nombreuses personnes n’ont pas été satisfaites par le précédent hard fork, puisque sa portée n’était pas assez grande » a‑t-il expliqué.
Et ce fork a par ailleurs duré plus longtemps que prévu. Byzantium a ainsi été scindé en deux mises à jour pour faciliter le travail des développeurs – et la date du premier de ces deux forks a ensuite été déclarée.
Certains développeurs adoptent tout de même un point de vue plus positif. Stefan George, co-fondateur de Gnosis, une plateforme de marchés prédictifs décentralisés, a déclaré qu’il était heureux que le fork « se soit finalement réalisé », expliquant qu’il allait permettre de jeter les bases qui permettraient à Ethereum d’attendre ses objectifs.
Des questions demeurent sans réponse
Les développeurs sont nombreux a penser que les carences d’Ethereum constitueront un point d’attention important lors de la Devcon3.
La scalabilité semble par ailleurs constituer l’obstacle principal si Ethereum souhaite permettre un jour à des applications décentralisées de pouvoir remplacer Facebook ou Snapchat.
Loi Luu a insisté sur le besoin de recherches dans ce domaine, expliquant que la Devcon3 allait permettre de mobiliser les forces vers cet objectif.
« Ethereum devient de plus en plus connu – les gens s’attendent désormais à ce qu’une solution réglant la problématique de la scalabilité puisse être bientôt déployée » a‑t-il déclaré.
On sait que les développeurs ont proposé plusieurs solutions pour permettre d’assurer cette scalabilité. C’est le cas de Raiden Network, ou encore de TrueBit, dont les équipes s’exprimeront durant cette conférence pour présenter l’avancée de leurs projets respectifs.
Stefan George a également évoqué les potentiels concurrents d’Ethereum. Il songe ainsi à Dfinity, une autre Blockchain se présentant comme un « ordinateur mondial », mais estime qu’il pourrait y en avoir d’autres. Celles-ci pourraient toutefois être bénéfiques à Ethereum, puisqu’elles forceraient sa communauté à être plus réactive.
Référence : CoinDesk