Pour éviter les risques de piratage, certains « HODLers » de Bitcoins ont décidé d’employer les grands moyens, en se faisant implanter une puce électronique NFC sous la peau.
Martijn Wismeijer est un homme prudent. Cet entrepreneur hollandais avait décidé en 2014 de se faire implanter chirurgicalement deux puces NFC contenant les clés privées de son portefeuille Bitcoin.
Pour justifier cette initiative, le fondateur de la société d’installation de distributeurs de BTCs General Bytes avait expliqué avoir perdu, au fil des années, la majeure partie de ses Bitcoins :
« Je peux affirmer sans hésitation que j’ai perdu la plupart de mes Bitcoins suite à des piratages, des vols, des plateformes d’échange qui ont fermé ainsi que d’autres problèmes. Si je m’étais fait poser cette puce en 2010, je serais certainement un homme riche aujourd’hui « .
« Je l’ai fait parce que je souhaitais expérimenter les implants sous-cutanés avec des Bitcoins bien sécurisés, car j’étais persuadé qu’il s’agissait d’un “Saint Graal” des paiements sans contact », a‑t-il déclaré au site IBTimes.
L’homme s’était fait implanter ces micro-puces NFC dans un atelier de piercing. Fabriquées en verre, elles mesurent 2mm x 12mm – soit la taille d’un petit grain de riz. Elles sont capables de stocker chacune 888 octets de données, ce qui est suffisant pour accueillir 26 clés privées chiffrées.
De nombreux usages possibles
Même s’il utilise principalement ses puces pour obtenir un accès à ses Bitcoins, M. Wismeijer s’est aperçu qu’elles pouvaient également servir à d’autres applications.
« Je me suis rendu compte que l’on pouvait les utiliser pour de nombreuses autres choses, même comme un bouton « snooze » pour une alarme. Pour pouvoir éteindre l’alarme, je dois scanner l’un des deux implants, ce qui demande des efforts et m’évite de me rendormir.
Je pensais que, dans la mesure où le stockage était limité, il était stupide de me limiter à une seule puce. Je peux ainsi stocker des informations privées comme des crypto-monnaies ou des authentifications à deux facteurs sur la première, tandis que la seconde peut servir à héberger d’autres types de données, comme des contacts d’urgence ou ma carte de visite ».
Afin de rassurer ceux qui s’inquiéteraient à l’idée de se faire implanter un tel objet dans le corps, M. Wismeijer a indiqué que ce processus était extrêmement simple. Il estime qu’il est moins douloureux qu’une injection intraveineuse, et a rappelé que cette procédure était fréquemment pratiquée sur des animaux domestiques.
@ralphtheninja Correct. They are two NTAG216 NFC tags and experimented with Bitcoin and other crypto. pic.twitter.com/hajMRdoisG
— Martijn Wismeijer (@twiet) 11 novembre 2014
Une utilisation au quotidien
Martijn Wismeijer utiliserait chaque jour ses puces NFC pour effectuer des achats : il lui suffit de scanner l’une d’entre elles avec son smartphone pour recevoir puis déchiffrer ses clés avant d’effectuer une transaction. Le chiffrement permet de s’assurer que le simple fait de scanner ses mains ne suffisent pas à accéder à ses BTCs.
Par ailleurs, ses clés peuvent être être retirées et remplacées par de nouvelles clés destinées à d’autres crypto-monnaies.
Du fait de l’attention dont il a fait l’objet, M. Wismeijer a toutefois indiqué qu’il ne stockait jamais de quantités importantes de BTCs sur les portefeuilles accessibles à partir de sa puce.
Mais il ne serait pas le seul à s’être tourné vers ces implants : il connaîtrait « au moins 50 personnes » dans la région de Prague qui utiliseraient elles aussi ces portefeuilles Bitcoin sous-cutanés.
Bien que la méthode puisse sembler radicale, la protection des BTCs constitue une problématique de taille pour les crypto-investisseurs. Car les pertes de clés privées sont fréquentes : selon une étude menée par la société Chainalysis, entre 2,77 millions et 3,79 millions de Bitcoins (soit près d’un cinquième de l’offre en circulation) seraient désormais inaccessibles par leurs propriétaires.
Enfin, rappelons toutefois que si le processus a été approuvé par la FDA américaine, il n’est apparemment pas sans risque, puisque certaines études indiquent que ces puces NFC pourraient causer des cancers.
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— Martijn Wismeijer (@twiet) 15 avril 2018