De nombreux dirigeants politiques, mais aussi des représentants d’institutions financières, ont affirmé ces derniers mois que le Bitcoin serait principalement utilisé à des fins criminelles.
D’après les résultats d’une étude, cette affirmation pouvait se vérifier jusqu’en 2016, l’année où l’utilisation de la monnaie numérique à des fins licites serait devenue majoritaire.
1/3 des utilisateurs du réseau Bitcoin y auraient eu recours pour mener des transactions illégales
Depuis plusieurs années, certains observateurs indiquent que le crime pourrait avoir été à l’origine de nombreuses innovations technologiques : le chiffrement, Tor, les crypto-monnaies anonymes,…
Et pour certains, c’est également le cas du Bitcoin – et ce même si Satoshi Nakamoto, l’inventeur de cette monnaie numérique, semble avoir souhaité avant tout fournir aux citoyens un moyen de s’émanciper de la tutelle des institutions financières.
Alors, le Bitcoin, une monnaie principalement en lien avec la conduite d’activités criminelles ?
D’après les résultats d’une étude menée par le Dr Sean Foley, de l’Université de Sydney, environ un tiers des détenteurs de monnaie numérique auraient déjà utilisé le Bitcoin pour mener une forme d’activité illégale.
L’auteur de l’étude explique que 34 à 36 millions d’utilisateurs du réseau Bitcoin, sur un total de 106 millions, auraient reçu ou envoyé des devises numériques dans le cadre d’opérations illégales.
Mais s’il est difficile de connaître aujourd’hui le nombre de détenteurs de Bitcoins (ils pourraient n’être que 45 millions à travers le monde), il semble encore plus compliqué de connaître la part des utilisateurs qui se servent de leur portefeuille numérique pour mener des activités illicites.
Une baisse du nombre de Bitcoins détenus à des fins illicites
Il existe un élément que cette étude ne vient pas clarifier : qu’est ce que l’on considère comme relevant d’une activité illégale ?
Est-ce que le fait d’acheter un gramme de cannabis, qui est autorisé dans certains pays, est aussi néfaste que la commande une arme à feu ou la création d’un ransomware ?
Par ailleurs, il est impossible de savoir comment une monnaie digitale pseudonyme a été utilisée. Si la blockchain peut permettre de voir vers quelle adresse des Bitcoins ont été transférés, elle n’offre aucune information relative au motif de cet envoi.
Les estimations proposées par le Dr Foley semblent toutefois intéressantes. Il s’est penché sur le sujet en analysant les flux de Bitcoins effectués au travers des transactions conduites sur les places de marché darknet – à savoir Silk Road et sa longue liste de successeurs.
Comme le rapporte le quotidien économique The Australian Financial Review, il a présenté la méthodologie sur laquelle il se serait appuyé :
« Notre deuxième approche consiste à nous baser sur les caractéristiques nous permettant d’opérer une distinction entre les utilisateurs impliqués dans des activités illégales, et ceux impliqués dans des activités légales – grâce à des modèles d’estimation. Par exemple, pour chaque utilisateur Bitcoin, nous avons pu mesurer jusqu’à quel point celui-ci mettait en place des actions lui permettant de dissimuler son identité et son transactions. En ayant recours à ces outils innovants, nous sommes capable d’approximer la taille de l’économie du marché noir. »
On peut toutefois penser que les utilisateurs qui cherchent à masquer leur identité sur internet ne le font pas tous pour mener des activités illégales.
Les recherches menées par le Dr Foley indiquent que l’utilisation du Bitcoin à des fins illicites aurait connu un pic en 2014, avant de diminuer progressivement.
À l’inverse, le nombre de Bitcoins conservés pour mener des transactions légales aurait fortement augmenté pendant les cinq dernières années, dépassant en 2016 le niveau des portefeuilles destinés à des opérations illicites .
La route de la soie
Lors de son lancement en février 2011, la place de marché Silk Road constituait l’un des rares sites sur lesquels la monnaie numérique pouvait être utilisée.
Il était alors possible d’acheter tout un tas de marchandises avec des Bitcoins – licites ou illicites – et de se les faire livrer chez soi. C’est d’ailleurs peut-être pour pouvoir procéder à des commandes sur Silk Road que de nombreux « early adopters » ont acheté leurs premiers Bitcoins.
Le Bitcoin connait un engouement sans précédent, avec une intensification du rythme de transactions journalières, et une acceptation grandissante par les commerçants du monde entier.
Mais même si les utilisations du Bitcoin à des fins licites semblent avoir pris le devant sur les transactions pour des motifs illégaux, le Bitcoin est encore très souvent associé à des activités criminelles.
Il n’est donc pas étonnant de constater que c’est le département de la Sécurité intérieure des États-Unis qui s’intéresse de près, dans le pays, à la monnaie numérique. C’est ce qu’a affirmé Sarah Sanders, porte-parole de la Maison-Blanche, au cours d’une conférence de presse :
Alors que le Bitcoin est souvent fustigé comme un vecteur de criminalité par les représentants gouvernementaux, certains rappellent que 90% des billets de banque américains en circulation contiendraient des traces de cocaïne…
Références : news.bitcoin.com, afr.com