En dépit des nombreux avertissements proférés par les autorités nigérianes, ce sont pas moins de 3 millions d’euros de Bitcoins qui sont échangés chaque semaine sur les 13 plateformes que compte le pays.
Certains analystes ont appelé le gouvernement à revoir sa position et à offrir aux actifs numériques la possibilité d” »aller de l’avant ». Ils estiment que les organes de régulation seraient plus enclins à les autoriser s’ils comprenaient bien leur mode de fonctionnement.
Les avertissements ne découragent pas les nigérians
Les régulateurs nigérians ont adopté une position très ferme vis-à-vis des devises numériques.
C’est ce que montre notamment une décision du Sénat, qui a lancé une enquête portant sur le trading de Bitcoins.
Et certaines institutions ont émis des avertissements. L’année dernière, la Banque centrale du Nigeria avait ainsi déclaré que les « monnaies virtuelles » ne constituaient pas des monnaies légales. Elle avait indiqué aux banques que les initiatives qu’elles prendraient avec ces actifs se feraient à leurs risques et périls.
De son côté, le gendarme des marchés financiers, la Nigeria Deposit Insurance Corporation, a alerté les épargnants à plusieurs reprises en leur rappelant qu’ils ne bénéficiaient d’aucune protection lorsqu’ils achetaient ces actifs numériques.
Mais ces avertissements ne semblent pas avoir eu un grand impact sur l’engouement des investisseurs. Si le prix du Bitcoin a diminué depuis décembre dernier, l’attrait suscité par l’actif numérique est, d’après ce qu’indique le média local Leadership, toujours aussi important.
Les nigérians ont ainsi échangé jusqu’à 1,389 milliards de nairas par semaine (soit environ 3,1 millions d’euros) durant le mois de février, après une moyenne hebdomadaire de 1,299 milliards de nairas (environ 2,9 millions d’euros) enregistrée à la fin du mois de décembre.
On compte actuellement 13 plateformes d’échange dans le pays. À la mi-décembre, celles-ci avaient enregistré un record historique en termes de volume, avec l’équivalent de 4,3 millions d’euros échangés en une semaine.
Comprendre pour mieux réguler
Notons que les nigérians ne se tournent pas exclusivement vers le Bitcoin, mais n’hésitent pas à investir une partie de leur patrimoine numérique dans certaines crypto-monnaies alternatives.
C’est ce qu’a indiqué Emeka Okoye, développeur en chef pour la plateforme Cymantiks Nigeria. L’homme a par ailleurs exhorté les institutions gouvernementales à repenser leur approche en matière de réglementation. Il estime qu’une trop grande sévérité ne ferait qu’alimenter la spéculation, et serait susceptible d’encourager l’utilisation des crypto-monnaies à des fins criminelles.
M.Okoye a ainsi conseillé aux régulateurs nigérians de privilégier une « réglementation intelligente », plutôt que de se tourner vers une interdiction pure et simple :
« C’est une attitude qui permet à l’innovation d’aller de l’avant et de laisser la réglementation suivre. Le plus important, ce sont les individus, pas les institutions et les entreprises ».
Il estime que si les autorités décidaient d’interdire purement et simplement les crypto-monnaies, elles nuiraient à l’expansion de ce qu’il perçoit comme un outil technologique innovant. Et d’avertir que « les hors-la-loi utiliseront ces outils, et l’on n’aura alors plus aucun contrôle. Les gens devront se résoudre à en subir les conséquences ».
La priorité ? Faire en sorte que les régulateurs comprennent bien le fonctionnement de ces actifs.
« Comprennent-ils comment cela fonctionne ? Je peux créer un système d’échange d’actifs numériques, qui ne soit pas localisé au Nigeria et ils ne pourront pas le réguler. J’ai aussi une carte de séjour étrangère et ils ne peuvent pas contrôler ce que j’en fais, n’est-ce pas ? » a souligné M. Okoye.
Il estime toutefois que les crypto-monnaies ne remplaceront jamais totalement les monnaies fiduciaires – elles permettront toutefois de bénéficier d’une solution complémentaire de transfert de richesse, qu’il considère comme plus pratique à utiliser.
Référence : News.Bitcoin