Cet article constitue la traduction libre d’un billet publié aujourd’hui par Leishen Pillay, partenaire au sein du cabinet d’avocats mondial Hogan Lovells. Vous pouvez le retrouver en cliquant sur ce lien.
Le Bitcoin a beau faire fréquemment les gros titres lorsque sa valeur augmente ou diminue, son prix n’est peut-être pas la chose la plus intéressante à son sujet.
Ce qui est intéressant, c’est la technologie blockchain qui se cache derrière cette crypto-monnaie controversée – une technologie qui pourrait permettre à l’Afrique de relever les défis les plus pressants auxquels elle est confrontée.
Corruption, fraude,… Autant de phénomènes que l’on pourrait tenter d’endiguer grâce à une simple technologie, qui ne supposerait par ailleurs pas des investissements financiers conséquents.
La technologie blockchain : immutabilité et décentralisation
La blockchain pourrait offrir de nouvelles solutions pour lutter contre la corruption, puisqu’elle permet de créer et de stocker des enregistrements chiffrés qui peuvent être vérifiés, mais ne peuvent être modifiés ou supprimés.
La meilleure manière d’expliquer comment fonctionne la technologie blockchain, c’est de penser aux briques de LEGO avec lesquelles vous avez peut-être joué lorsque vous étiez enfant.
La blockchain s’appuie sur un algorithme qui permet d’ajouter de nouvelles couches de données « au-dessus » des données existantes, de la même manière que vous pourriez utiliser plusieurs briques de LEGO afin de construire un mur.
Plus votre mur LEGO est grand, plus il sera difficile de retirer les briques qui le constituent – en particulier celles qui se trouvent le plus près du sol. De la même manière, chaque couche de données chiffrées dans la blockchain permet d’améliorer l’intégrité de sa structure, de telle sorte qu’aucune donnée ne pourra ensuite être manipulée ou supprimée.
Mais la blockchain ne se limite pas à une méthode d’agrégation des données. L’un de ses autres caractéristiques, c’est sa nature décentralisée – elle va stocker des données sur un grand nombre d’ordinateurs simultanément, situés dans des lieux différents.
La blockchain s’appuie sur un « registre distribué » (distributed ledger). Un registre classique – qui peut prendre la forme d’un livre ou d’un logiciel destiné à enregistrer les transactions qui sont effectuées – ne stocke celles-ci qu’à un seul endroit.
La blockchain enregistre chaque transaction sur un réseau composé de milliers, voire de millions d’ordinateurs disséminés à travers le monde, ce qui la rend (en théorie) impossible à pirater.
De nombreuses applications pour le continent africain
Plus de transparence
Ces propriétés rendent la technologie blockchain extrêmement intéressante pour assurer le stockage de données nécessitant une protection contre les tentatives de fraude et de corruption.
Titres de propriété, documents d’identité, dossiers médicaux,… ils pourraient tous faire l’objet d’un enregistrement sécurisé grâce à la technologie blockchain.
On pourrait d’ailleurs l’utiliser afin d’enregistrer les transactions passées par les États, sur un système comptable décentralisé – ce qui permettra à chaque citoyen d’y avoir accès. Ceci pourrait améliorer la transparence de l’action gouvernementale, tout en permettant de s’assurer de la manière dont sont gérées les finances publiques.
Mais les applications possibles de la technologie blockchain en Afrique dépassent la sphère administrative. On pourrait ainsi imaginer une utilisation combinée de la technologie blockchain et de l’Internet des objets afin de pouvoir s’assurer du respect de la chaîne du froid lors de la distribution de vaccins.
En effet, certains vaccins doivent obligatoirement être conservés sous une certaine température jusqu’à leur administration au patient. Un « smart device » connecté pourrait contrôler la température du vaccin de manière continue, qui serait retranscrite sur un enregistrement infalsifiable, et permettrait de s’assurer que ces vaccins n’auront pas subi le moindre choc thermique.
La possibilité de « tracker » des produits
Une autre application possible de la technologie blockchain pour l’Afrique : le combat contre les cigarettes de contrebande – un problème très présent sur ce continent.
Certains producteurs réfléchissent ainsi à l’idée d’un stockage des numéros de série de lots de paquets de cigarettes sur une blockchain – ils ne pourraient ainsi pas être falsifiés.
Le gérant d’un débit de tabac pourrait alors scanner le numéro de série présent sur chaque lot, et recevoir la confirmation qu’il s’agit bien d’un lot distribué par le fournisseur, et non de cigarettes contrefaites.
Une implémentation peu coûteuse
De part la nature décentralisée de la technologie blockchain, celle-ci pourrait parfaitement être implémentée dans des pays africains sans qu’ils n’aient à supporter des coûts d’infrastructures importants.
En effet, la technologie blockchain pourrait parfaitement être utilisée en Afrique, et ce même si le matériel nécessaire pour la développer n’est pas physiquement présent sur le continent. Tout ce dont on les utilisateurs auront besoin, c’est d’un téléphone mobile capable de transmettre des données.
Une solution tirant profit de cette technologie pourrait parfaitement être développée et hébergée n’importe où dans le monde, en étant accessible depuis l’Afrique.
Références : HoganLovells, blockgeeks, Bim-world