- Des chercheurs britanniques se sont appuyés sur le machine learning pour débusquer des dispositifs de « pump and dump » sur les crypto-marchés.
- En s’intéressant à des activités d’achat inhabituelles, leur algorithme est parvenu à identifier cinq coins qui se sont ensuite appréciés de plus de 100%.
Des chercheurs britanniques se sont intéressés à l’un des principaux maux qui rongent la crypto-sphère : les escroqueries de type « pump and dump ».
D’autant qu’avec plus de 2 000 actifs numériques sur les crypto-marchés, de nombreuses cibles potentielles s’offrent aux escrocs.
Les chercheurs se sont intéressés au fonctionnement de ces combines, et ont tenté de voir s’ils pouvaient parvenir à les identifier avant même qu’elles aient lieu. Dans une étude baptisée « Anatomie d’un Dispositif de Pump-and-Dump de Crypto-monnaies », Jiahua Xu et Benjamin Livshits, deux membres de l’Imperial College London, révèlent qu’ils y sont parvenus en développant un algorithme de machine learning.
Les escroqueries de type « pump and dump » constituent une forme de délit d’initié. Si elles ont déjà proliféré sur d’autres marchés, la facilité d’accès aux crypto-bourses et la faible liquidité des crypto-monnaies rendent ces actifs propices à de tels agissements.
Ce phénomène avait d’ailleurs conduit en février la Commodity Futures Trading Commission (CFTC) américaine à appeler les épargnants à mener des recherches approfondies avant d’investir dans les crypto-monnaies – en particulier lorsqu’il s’agit d’actifs à faible capitalisation, qui s’échangent sur des marchés peu liquides.
« Les épargnants ne devraient pas acheter des monnaies virtuelles, des pièces numériques ou des tokens en se basant sur des conseils prodigués sur les réseaux sociaux ou sur des flambées de prix soudaines. Ils sont invités à mener des recherches minutieuses au sujet des monnaies virtuelles, des pièces numériques, des tokens, ainsi que des sociétés ou des entités qui se cachent derrière eux, afin de pouvoir faire la distinction entre l’engouement et les faits », avait alerté le régulateur.
Si l’on retrouve de nombreuses escroqueries de ce type sur les crypto-marchés, c’est sans doute parce qu’elles peuvent être particulièrement rentables. Selon une étude publiée en août par le Wall Street Journal, les groupes de trading qui organisent de telles opérations seraient parvenus à générer au total l’équivalent de 825 millions de dollars de profits durant le premier semestre 2018.
Deux escroqueries par jour
Pour comprendre le mécanisme de ces dispositifs, les chercheurs ont étudié de précédents « pump and dump » afin de dégager certaines tendances.
« En moyenne, on retrouve deux escroqueries de type “pump and dump” chaque jour, et celles-ci sont chaque mois à l’origine de 7 millions de dollars de volumes d’échange », ont-ils révélé.
Après avoir collecté de nombreuses données, ils se sont aperçus que des volumes inhabituels d’achats apparaissaient fréquemment avant ces pumps, indiquant que leurs instigateurs commençaient à acheter des coins. Les chercheurs ont ainsi développé un algorithme de machine learning capable de détecter ces acquisitions suspectes, en supposant qu’elles pourraient être annonciatrices de fortes hausses.
Grâce à celui-ci, ils sont parvenus à identifier six crypto-monnaies dont le cours était sur le point de grimper. Parmi elles, cinq ont flambé de plus de 100%, tandis qu’une n’a enregistré qu’une appréciation mesurée.
Comment fonctionnent les dispositifs de « pump and dump » ?
Les « pumps », ce sont des achats coordonnés, qui vont faire artificiellement gonfler le prix d’une crypto-monnaie, dans l’espoir d’attirer d’autres acheteurs. Les instigateurs de la manœuvre, qui ont pu acheter la monnaie avant les autres, vont pouvoir réaliser un profit en revendant celle-ci à un très bon prix.
Ils vont dans un premier temps jeter leur dévolu sur une petite crypto-monnaie, associée à de faibles volumes d’échange, et dont le prix sera donc facilement manipulable.
Ils vont ensuite discrètement accumuler des coins, afin de s’assurer qu’ils détiennent une position importante avant que de nombreux autres investisseurs ne déferlent sur ce marché.
Ces escrocs vont alors indiquer sur les réseaux sociaux la date exacte du pump, afin que leurs followers se tiennent prêts. Ils n’ont plus qu’à annoncer le coin qui doit être acheté, en précisant parfois une « pump target ».
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En quelques secondes, le prix de l’actif ciblé va flamber… avant de retomber brutalement. Les instigateurs du dispositif sont généralement parvenus à réaliser un profit, en revendant leurs coins à un prix bien plus élevé que celui auquel ils l’ont acheté.
Dans le même temps, certains traders moins expérimentés ont acheté l’actif au plus haut, et ne peuvent ensuite le revendre qu’à un prix beaucoup moins important.
Pour en savoir plus, n’hésitez pas à lire cette étude en cliquant sur ce lien.
Références : CryptoGlobe, Arxiv