Le Parti démocrate thaïlandais – le premier parti d’opposition du pays – est devenu le premier parti majeur à conduire des élections primaires intégralement sur une blockchain.
En ayant recours à un système d’e‑voting adossé à la blockchain Zcoin, le parti est parvenu à mener son élection primaire – une élection qui a attiré plus de 120 000 votants entre le 1er et le 9 novembre.
C’est la première fois qu’un parti politique thaïlandais majeur s’appuie sur un processus démocratique pour élire ses dirigeants.
IFPS et Zcoin
Un clip de rap thaïlandais, intitulé « Rap Against Dictatorship », est récemment devenu viral, enregistrant plus de 30 millions de vues en l’espace de deux semaines. Pour éviter que celui-ci ne soit censuré par les autorités, un internaute en a sauvegardé une copie dans une transaction conduite sur la blockchain Zcoin, en ayant recours au système de stockage de fichiers décentralisé IPFS.
Le parti démocrate thaïlandais a pris une initiative similaire en utilisant ce procédé pour conduire son élection primaire, assurant ainsi l’intégrité des votes. Les participants ont pu prendre part à ce processus en utilisant une application mobile qui nécessitait de soumettre une photo de leur pièce d’identité, ou en se présentant dans des bureaux de vote munis d’ordinateurs Raspberry Pi.
Le protocole IPFS a été utilisé pour stocker les données chiffrées contenant les documents d’identification et les feuilles de scrutin. Les hachages ont été placés sur la blockchain Zcoin, garantissant ainsi leur immutabilité, aussi bien aux yeux de la Commission Électorale que des candidats du Parti démocrate.
Voici ce qu’a déclaré Poramin Insom, fondateur et développeur principal de Zcoin, au sujet de ce scrutin :
« Je suis très fier que Zcoin ait pu jouer un rôle pour rendre possible le premier e‑vote à grande échelle en Thaïlande. Celui-ci a permis d’amener un grand taux de participation ainsi qu’une grande transparence. […] J’estime que nous avons atteint une étape importante dans l’histoire politique du pays et nous espérons que les autres partis politiques, ou même des gouvernements, et pas seulement en Thaïlande, envisageront d’utiliser la technologie blockchain pour du e‑voting ou des sondages ».
Alors qu’un petit groupe d’environ 250 parlementaires et dirigeants de partis choisissait auparavant son leader pour devenir candidat à la présidence, le recours à la technologie blockchain a permis à plus de 120 000 adhérents répartis dans le pays de faire entendre leur voix.
Un scrutin serré
Dans une lutte qui aura des implications pour l’élection qui aura lieu l’année prochaine, l’ancien premier ministre Abhisit Vejjajiva a battu son principal opposant Warong Dechgitvigrom au terme d’un scrutin serré, avec 67 505 votes contre 57 689.
Avant cette élection, M. Vejjajiva avait évoqué l’importance de l’ouverture du processus démocratique. Le succès du recours à la technologie blockchain pourrait avoir, à terme, un impact significatif sur le processus électoral du pays.
Des membres du Parti démocrate ont révélé que les clés de chiffrement utilisées au cours de cette élection ont été scindées à travers la méthode « Shamir’s Secret Sharing Scheme », qui requiert un consensus pour déchiffrer l’ensemble des votes. Pour connaître les résultats du scrutin, il était ainsi nécessaire d’obtenir l’accord de cinq parties : trois représentants de chaque candidat, la Commission Électorale de Thaïlande et le Parti démocrate.
Référence : CCN