Une action collective lancée hier en Californie accuse Ripple d’avoir violé les lois fédérales et étatiques sur les valeurs mobilières « en vendant des XRPs au public ».
Une action en justice menée par « des investisseurs lésés »
Cette action en justice a été enregistrée hier par Taylor-Copeland Law, un cabinet spécialisé dans la réglementation liée à la technologie blockchain et aux crypto-monnaies. Le groupe explique que la vente de XRPs constituerait une « “Initial Coin Offering” sans fin », et estime que « le XRP comporte tous les signes d’un titre financier classique, et [que] Ripple tente de masquer ses ventes de XRP en écoulant celui-ci à travers des plateformes d’échange plutôt que de le faire de manière directe ».
Taylor-Copeland indique que cette action est intentée « pour le compte d’investisseurs lésés, qui ont subi de fortes pertes à cause de la vente des tokens XRP par Ripple ».
Même si l’on peut se poser des questions quant à la pertinence d’une telle action en justice, on sait que de nombreux investisseurs s’étant tournés vers le XRP au début de l’année y ont, pour le moment, perdu des plumes. Le 4 janvier dernier, l’actif avait franchi un nouveau record historique, à plus de 3,70 dollars. Lors de la rédaction de cet article, le Ripple affichait une forte baisse depuis ce pic, et s’échangeait à moins de 0,90 dollar.
« Le XRP est “open-source” « , et il est vendu sur « des plateformes qui ne sont pas affiliées à Ripple »
Ryan Zagone, le directeur des Regulatory Relations de Ripple, a récemment plaidé la cause du XRP auprès de membres du Parlement britannique, en présentant les raisons pour lesquelles le XRP ne devait pas être considéré comme un titre financier classique. Voici un extrait de l’argumentation qu’il a présentée lorsqu’on lui a demandé à quelle catégorie appartenait cet actif :
« Le XRP est “open-source”, ce qui signifie que de nombreux participants peuvent utiliser sa technologie. Il existe des plateformes d’échange de monnaies virtuelles qui le vendent aux épargnants. Il y est présenté comme un investissement ou un moyen de paiement. Ces plateformes ne sont pas affiliées à Ripple. En tant que société, nous utilisons la même technologie “open-source”.
Nous ne vendons pas le XRP directement aux épargnants, nous ne le vendons qu’à des faiseurs de marché institutionnels et à des institutions financières. Nous disposons d’une licence dans l’État de New York pour couvrir cette activité – il s’agit d’une BitLicense. Elle ne nous permet pas de vendre à des épargnants – à vous ou à moi. Par conséquent, nous ne vendons qu’à des acteurs institutionnels ».
« Nous avons appelé à la mise en place d’une réglementation globale pour l’enregistrement de ces plateformes, afin de s’assurer qu’elles offrent une protection aux épargnants, qu’elles respectent les lois anti-blanchiment d’argent, et que des mesures soient mises en place pour garantir leur sécurité ».
De son côté, le cabinet d’avocat reproche à Ripple d’avoir instauré une confusion entre les services qu’elle offre à des entreprises et la crypto-monnaie XRP.
« Afin d’accroître la demande pour le XRP, et augmenter ainsi les profits qu’elle peut générer à travers le vente de XRPs, Ripple Labs a constamment présenté le XRP comme un bon investissement, a relayé des prédictions de prix optimistes, et a instauré une confusion entre ses entreprises clientes et l’utilisation du XRP. Par exemple, en 2014, Ripple Labs a déclaré publiquement qu’elle “s’engagera dans des stratégies de distribution dont [elle] s’attend qu’elles résultent sur un taux de change stable ou en hausse du XRP face aux autres monnaies”. Ripple Labs a par ailleurs nettement intensifié ses efforts en 2017 et en 2018 pour présenter le XRP au public ».
On peut également lire dans cette plainte des accusations (qui avait déjà été relayées par la presse il y a quelques semaines) selon lesquelles Ripple aurait proposé de l’argent aux plateformes Gemini et Coinbase pour que le XRP y soit référencé :
« Aux alentours du printemps 2017, Ripple Labs aurait proposé à Coinbase plus de 100 millions de dollars de XRPs pour qu’elle offre à ses utilisateurs la possibilité de trader le XRP. Au cours du troisième trimestre 2017, un membre de Ripple aurait par ailleurs demandé à la plateforme Gemini si un paiement d’1 million de dollars la persuaderait de référencer le XRP. Même si Gemini et Coinbase ont toutes deux démenti ces informations, des rumeurs datant de fin 2017 et de début 2018 selon lesquelles le XRP pourrait être ajouté à Coinbase ont favorisé la hausse de son prix. Les plaignants certifient que les informations indiquées sont, à leur connaissance, complètes, authentiques et exactes. C’est sur cette base qu’ils accusent Ripple Labs d’être à l’origine de ces rumeurs ».
Notez qu’il s’agit toutefois d’une pratique très répandue dans l’écosystème. Le mois dernier, la société Autonomous Research révélait d’ailleurs que les plateformes d’échange pouvaient réclamer plusieurs millions de dollars pour référencer un token.
Lors de la rédaction de cet article, Ripple n’avait pas commenté ces diverses accusations.
Références : DailyHodl, Taylor-Copeland Law