Jusqu’à présent, l’année 2018 peut être considérée comme une année noire pour le Bitcoin.
L’actif, dont la valeur s’élevait encore à plus de 17 600 dollars dans la nuit du 5 au 6 janvier, était retombé ce vendredi matin à 8 650 dollars, soit une baisse de plus de 50% :
Mais pas de quoi inquiéter Oliver von Landsberg-Sadie, le CEO du broker londonien BitcoinBro. Dans un entretien accordé hier à la chaîne de télévision Bloomberg, il évoque des « douleurs de croissance » pour le Bitcoin, et indique qu’il reste « extrêmement haussier sur le long terme ».
« Il s’agit d’une correction saine. C’est le signe que les marchés deviennent plus matures », a‑t-il expliqué.
Des pressions réglementaires en partie à l’origine de ce « crash »
Pour le CEO de BitcoinBro, l’une des raisons de cette chute serait liée à l’évolution de l’environnement réglementaire.
Il évoque notamment la Corée du Sud, dont les autorités ont révélé mercredi que l’équivalent de 600 millions de dollars de crypto-monnaies avaient été échangés de manière illicite – alors que le pays planche sur un cadre réglementaire adapté aux plateformes d’échange.
La Corée du Sud semble d’ailleurs avoir joué un rôle prépondérant dans la flambée du Bitcoin, mais aussi dans celle de nombreux autres actifs numériques. Le pays concentre à lui seul environ 20% des volumes d’échange de crypto-monnaies, principalement à travers une douzaine de grandes plateformes d’échange.
Il n’est donc pas étonnant, même si d’autres facteurs peuvent être évoqués, qu’il puisse aussi être, en partie, à l’origine de la chute des cours de ces actifs.
Pourtant, même si l’arrivée d’un cadre réglementaire plus strict peut venir nourrir, à court terme, les craintes des investisseurs, ces mesures constituent pour M. von Landsberg-Sadie une excellente nouvelle pour les marchés. Il estime notamment que ceux-ci bénéficieront, sur le long terme, d’une conformité aux règles « Know Your Customer » et anti-blanchiment d’argent.
Larry Fink, le CEO de la société de gestion d’actifs BlackRock, avait déclaré en octobre dernier que le Bitcoin reflétait « la demande, à travers le monde, pour le blanchiment d’argent ». Mais alors que cet actif est souvent pointé du doigt par les autorités, M. von Landsberg-Sadie rappelle qu’il ne s’agit pas d’un choix pertinent pour les criminels qui souhaiteraient blanchir de l’argent – puisqu’il est possible de remonter la trace des BTC volés à travers la blockchain.
Et l’on peut penser qu’ils pourraient plutôt se tourner vers des crypto-monnaies anonymes, telles que le Monero ou le Zcash – des actifs qui peuvent, de leur côté, permettre à des individus malintentionnées de blanchir des fonds.
Pour M. von Landsberg-Sadie, la perspective de la mise en place d’un cadre réglementaire plus strict aurait impacté les plateformes d’échange, qui pourraient y perdre l’un de leurs « cas d’usage » :
« Il existe des points d’entrée et de sortie. Il faut s’intéresser à la manière dont un individu qui souhaite blanchir des fonds va convertir cet actif dans d’autres actifs qu’il pourra utiliser. Pour cela, il va avoir besoin d’un point de sortie, comme une plateforme d’échange. Mais maintenant que les régulateurs se tournent vers ce secteur, et que ces plateformes intègrent des procédures “Know Your Customer” et veillent comme il se doit à empêcher le blanchiment d’argent, c’est un cas d’usage qui va s’affaisser ».
La meilleure opportunité de l’année ?
Tom Lee, le co-fondateur de la société de conseil en investissement Fundstrat Global Advisors avait proposé à la mi-janvier un prix cible de 25 000 dollars pour le Bitcoin en 2018.
Et il avait incité ses clients à mettre en place un ordre d’achat pour le Bitcoin à 9000 dollars –le niveau auquel il pensait que l’actif allait retomber :
“Nous pensons que la meilleure manière d’appréhender ces chutes consiste à s’intéresser aux retracements qui les suivent – quelle proportion de la hausse précédente a pu être récupérée. La flambée récente, qui a duré 94 jours, a permis au prix du Bitcoin d’augmenter de 16 536 dollars (soit une hausse de 556%). Un retracement à la baisse de 63% indique que le prix du Bitcoin devrait retomber à environ 9 000 dollars.
Un tel niveau constituait, à ses yeux, « la plus grande opportunité d’achat en 2018″.
Car même si le Bitcoin a perdu plus de la moitié de sa valeur depuis son record historique, cela ne serait pas de nature à perturber les « véritables croyants » :
Percent movement from all-time high :
Bitcoin : ‑53%
Ethereum : ‑23%
Ripple : ‑74%
Stellar : ‑50%
Bitcoin Cash : ‑69%
Cardano : ‑67%
EOS : ‑44%
NEO : ‑33%
Litecoin : ‑60%The true, long-term believers are unfazed.
(h/t @twobitidiot)
— Pomp ? (@APompliano) 1 février 2018
Et il convient probablement de prendre un peu de recul, pour réaliser qu’il enregistre toujours une hausse de 800% depuis le 1er janvier 2017 :
Références : CCN, CoinMarketCap