Bitcoin Démocratisation

De nombreux étudiants universitaires américains auraient utilisé leur prêt étudiant pour acheter des crypto-monnaies

Trois pièces de Bitcoin

Aux États-Unis, les prêts étu­diant ne sont pas seule­ment uti­li­sés pour s’ac­quit­ter des frais de sco­la­ri­té et d’hé­ber­ge­ment. Un son­dage révèle que les étu­diants seraient nom­breux à s’ap­puyer sur cette aide finan­cière pour inves­tir sur les crypto-marchés.

Plus de 20% des étudiants universitaires américains auraient acheté des actifs numériques grâce à leur prêt étudiant

Entre 15 000 et 50 000 dol­lars par an : c’est le mon­tant des frais de sco­la­ri­té annuels par étu­diant aux États-Unis – un mon­tant qui peut être encore plus impor­tant pour cer­taines ins­ti­tu­tions très pres­ti­gieuses. Ajou­tez à cela les frais d’hé­ber­ge­ment, de nour­ri­ture ou de loi­sirs, et vous com­pre­nez pour­quoi la plu­part des indi­vi­dus qui suivent des études outre-Atlan­tique sont contraints de contrac­ter un prêt pour finan­cer leurs études.

Mais comme le rap­porte The Bos­ton Globe, cer­tains étu­diants ne se conten­te­raient pas d’u­ti­li­ser celui-ci pour payer leurs charges.

Le site évoque les résul­tats d’un son­dage mené par Poll­fish et publié par The Student Loan Report. Ceux-ci montrent que sur 1000 étu­diants inter­ro­gés entre le 16 et le 20 mars der­nier, 212 ont indi­qué qu’ils avaient déjà uti­li­sé une par­tie de ces sommes pour ache­ter des cryp­to-mon­naies.

Sondage étudiants et crypto-monnaies

Voi­ci ce que Drew Cloud, l’un des employés du Student Loan Report, a précisé :

« Les jeunes Amé­ri­cains sont cer­tai­ne­ment les plus enthou­siastes vis-à-vis des cryp­to-mon­naies : ils repré­sentent les inves­tis­seurs les plus actifs, et vont cher­cher à s’im­pli­quer dans cet éco­sys­tème par tous les moyens. Mais pour être hon­nête, je ne m’at­ten­dais véri­ta­ble­ment pas à ce que l’on puisse mesu­rer un tel pour­cen­tage. Le bud­get d’un étu­diant est limi­té, et cet argent devrait être uti­li­sé pour le loyer, l’a­chat de pro­duits ali­men­taires ou de livres. »

Une pratique interdite

Bitcoin interditAlors que ces étu­diants cherchent sans doute à géné­rer, sur le long terme, des plus-values sub­stan­tielles, un tel choix n’est pas sans risque, puis­qu’ils n’ont pas le droit d’u­ti­li­ser ain­si les sommes qu’ils ont pu emprun­ter.

C’est ce qu’à indi­qué Elys­sa Kir­kham, rédac­trice pour le site Student Loan Hero :

« L’in­ves­tis­se­ment ne consti­tue pas une dépense édu­ca­tive ; il est donc contraire au règle­ment d’u­ti­li­ser l’argent de son prêt étu­diant pour ache­ter des actifs numériques ».

De son côté, un porte-parole du minis­tère de l’É­du­ca­tion des États-Unis a décla­ré ceci :

« Les fonds du gou­ver­ne­ment fédé­ral des­ti­nés au finan­ce­ment de la for­ma­tion des étu­diants ne doivent ser­vir qu’à cou­vrir les frais de sco­la­ri­té d’un éta­blis­se­ment d’en­sei­gne­ment supé­rieur recon­nu. L’in­ves­tis­se­ment n’est pas consi­dé­ré comme une uti­li­sa­tion adé­quate du fonds fédé­ral d’aide aux étudiants ».

Adam S. Mins­ky, un avo­cat spé­cia­li­sé dans les prêts étu­diants, est plus prag­ma­tique. Si cette pra­tique est inter­dite, il la décon­seille avant tout pour les risques qu’elle sup­pose :

« J’au­rais tort de dire qu’il ne s’a­git pas d’un acte illé­gal. Mais quoi qu’il en soit, je ne pense pas qu’il s’a­gisse d’un choix per­ti­nent d’un point de vue pure­ment financier ».

Des étudiants attirés par les rendements des crypto-marchés

Cette appré­hen­sion pro­vient très pro­ba­ble­ment de la forte vola­ti­li­té que l’on retrouve sur le mar­ché des cryp­to-mon­naies. En témoignent les évo­lu­tions du prix du Bit­coin : au début de l’an­née 2017, l’ac­tif numé­rique s’é­chan­geait à moins de 1 000 dol­lars, avant de fran­chir le seuil des 20 000 dol­lars le 17 décembre dernier.

De leur côté, les ICOs ont sus­ci­té un fort engoue­ment à la fin de l’an­née 2017, avec des star­tups par­ve­nant à récol­ter en un temps record des dizaines de mil­lions de dol­lars. L’une d’entre elles était d’ailleurs par­ve­nue à lever pas moins de 36 mil­lions de dol­lars en l’es­pace d’une seule minute.

Ces flam­bées semblent avoir sus­ci­té l’in­té­rêt de nom­breux étu­diants, qui espé­raient ain­si pou­voir réa­li­ser un inves­tis­se­ment pro­fi­table. Mal­heu­reu­se­ment, même si l’on peut pen­ser que l’é­co­sys­tème blo­ck­chain pour­rait conti­nuer à croître au cours des pro­chaines années, de nom­breux jeunes épar­gnants ont du y lais­ser des plumes.

Et Mark Kan­tro­witz, un expert en prêts étu­diants, a rap­pe­lé que les emprun­teurs devaient s’en­ga­ger à rem­bour­ser ces sommes :

 » Si vous uti­li­sez un prêt étu­diant pour inves­tir dans des actifs numé­riques et que vous per­dez cet argent, vous devrez quand même rem­bour­ser votre prêt. Et où trou­ve­rez-vous l’argent néces­saire pour régler vos frais de scolarité ? »

Mais pour Drew Cloud, cette forte vola­ti­li­té pour­rait finir par s’a­vé­rer béné­fique pour les étu­diants – des étu­diants qui pour­raient par­ve­nir à pro­fi­ter d’une nou­velle flam­bée des actifs numériques :

« Il est tou­jours pos­sible que nous assis­tions à une nou­velle période de crois­sance explo­sive pour les cryp­to-mon­naies. Et les emprun­teurs pour­ront se réjouir de leur initiative ».

Dans cette éven­tua­li­té, Mme Kir­kham estime que les étu­diants devraient tirer pro­fit de ces hausses pour rem­bour­ser une par­tie de leur prêt de manière anti­ci­pée :

« Si vous vous retrou­vez avec des fonds sup­plé­men­taires, vous pou­vez les trans­mettre à votre prê­teur à tra­vers le “bur­sar’s office” [le bureau de l’u­ni­ver­si­té char­gé des prêts étu­diant]. Il s’a­git du choix le plus judicieux ».

« L’émergence d’une nouvelle génération de consommateurs »

étudiant et crypto-monnaiesCette étude fait écho aux résul­tats d’un son­dage publié en jan­vier der­nier. Celui-ci mon­trait que 18% des inves­tis­seurs amé­ri­cains qui ont ache­té du Bit­coin l’au­raient fait en s’endettant.

Elle ne donne tou­te­fois aucune indi­ca­tion sur la part des sommes emprun­tées par les étu­diants qui auraient été pla­cées sur les cryp­to-mar­chés. Chris­tian Cata­lin, un pro­fes­seur du MIT spé­cia­li­sé dans les mon­naies numé­riques, espère qu’il ne s’a­git pas d’un pour­cen­tage substantiel :

« Dans cet éco­sys­tème, les gens ne devraient pas inves­tir un seul dol­lar qu’ils ne pour­raient se per­mettre de perdre aus­si­tôt. Si cer­tains de ces étu­diants sont par­ve­nus à rac­cour­cir la durée de leur prêt, je pense qu’il est impor­tant de réa­li­ser qu’ils ont eu beau­coup de chance ».

Et d’a­jou­ter que ces ini­tia­tives témoignent de l’ap­pé­tence des jeunes géné­ra­tions pour les mon­naies numé­riques, ain­si que de leur défiance face au sys­tème finan­cier traditionnel :

« On assiste à l’é­mer­gence d’une nou­velle géné­ra­tion de consom­ma­teurs qui ont ten­dance à ne pas faire confiance aux ins­ti­tu­tions finan­cières tra­di­tion­nelles. Je pense qu’ils appré­hendent ces actifs avec curio­si­té et enthousiasme ».

Réfé­rences : Bit­coi­nistThe Student Loan Report

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1 Commentaire
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Jah Mie Daemon
Jah Mie Daemon
5 années il y a

Encore plus flip­pant, selon une source plus ou moins proche d’on ne sait quoi, des banques se ser­vi­raient de l’argent de leurs clients pour spéculer.
Affaire à suivre

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