Ceci est la traduction libre d’un article publié aujourd’hui sur le site News.Bitcoin.com. Le « je » qui s’exprime est le « je » de l’auteur, Eric Wall. N’hésitez pas à consulter l’article d’origine en cliquant sur ce lien.
Sur le marché des crypto-monnaies, on retrouve aujourd’hui une grande variété d’investisseurs.
Mais ce ne fut pas toujours le cas. Entre 2010 et 2016, la situation était bien plus simple. On retrouvait alors deux catégories distinctes :
- Ceux qui mesuraient leur richesse en termes de monnaies fiduciaires, comme l’euro ou le dollar
- Ceux qui la mesuraient en termes de Bitcoin
Bitcoin : deux types d’investisseurs
Lorsqu’une personne de type 1 rencontre une personne de type 2, voici typiquement la manière dont va se dérouler la conversation :
Individu de type 1 : « Le Bitcoin affiche de superbes performances, je suis vraiment heureux d’en avoir acheté. Il s’agit de l’un de mes meilleurs investissements »
Individu de type 2 : « C’est super. À quel prix est-ce que tu penses que tu vas finir par le vendre ? »
Individu de type 1 : « Hmm ? J’ai déjà vendu. J’ai vendu mes monnaies fiduciaires pour obtenir des Bitcoins »
Au cours des années 2010–2016, la performance réalisée par les investisseurs de Type 1 a généralement été largement dépassée par celle qu’ont pu générer les investisseurs de Type 2. Du coup, une autre distinction est apparue : les « weak hands » (« mains faibles) contre les « strong hands » (mains fortes). Avec la flambée des altcoins en 2017, je m’attends à ce que cette distinction laisse place à une nouvelle catégorisation :
- Ceux qui continuent à ne détenir que du Bitcoin
- Ceux qui ont acheté, en totalité ou en partie, des « altcoins »
- À lire également : « Qu’est-ce qu’un “altcoin” ? »
À l’avenir, en supposant que l’écosystème des crypto-monnaies continue de croître, nous pouvons dresser trois hypothèses différentes pour les marchés.
Scénario A : Le « roi » Bitcoin s’impose définitivement
Le Bitcoin se pose à nouveau comme le « roi des crypto-monnaies », et devient définitivement la référence en termes de réserve de valeur et de moyen d’échange. Il voit arriver en son sein l’ensemble des fonctionnalités et des attributs de ses concurrents à travers des « sidechains », des « drivechains » et des « technologies de deuxième couche ».
Ce scenario est connu sous le nom de « Bitcoin maximalism ». Pour les tenants de cette vision, alors que différents altcoins surgissent chaque mois, ils ne parviennent pas à s’imposer du fait d’un effet de réseau insuffisant. Et ceux qui ont misé trop gros sur leur succès voit leur fortune fondre comme neige au soleil.
Scénario B : la lutte se poursuit
Le calme ne revient jamais sur le champ de bataille des crypto-monnaies. Différents actifs numériques continuent d’émerger – des actifs qui viennent répondre à des besoins différents.
Des protocoles tels qu’Interledger permettent de réunir l’écosystème à travers des « atomic swaps », offrant ainsi aux utilisateurs la possibilité de bénéficier d’une expérience harmonieuse en jonglant avec différents actifs.
Si ce scénario est particulièrement intéressant, en plus d’être plausible, il a pour défaut de fragmenter à la fois la liquidité et la sécurité des crypto-monnaies dans leur globalité.
Quel que soit le degré de marginalisation du BTC, ceux qui ont misé sur les bonnes innovations pourront battre à plate couture les Bitcoin maximalists.
Scénario C : le Bitcoin plonge
L’approche des Bitcoin maximalists, aussi bien au niveau des évolutions développées autour du protocole du BTC que des tensions politiques qu’ils sont susceptibles d’imposer à cet actif, entraînent une diminution de son pouvoir. Celui-ci se laissse distancer par des projets concurrents – et ces investisseurs finissent ruinés.
Ils pourraient toutefois limiter la casse s’ils avaient pu amasser quelques altcoins, en bénéficiant d” »airdrops » et de « forks ». Certains auront toutefois pu chercher systématiquement à liquider l’ensemble de ces « dividendes » pour pouvoir accroître leur stock de Bitcoins.
Dans quelle direction allons-nous ?
Entre janvier 2009 et mars 2017, la part de marché du Bitcoin sur l’écosystème – aussi connu sous le nom de « Bitcoin dominance » – n’était jamais tombée sous la barre des 73%.
Et il y a un an, jour pour jour, cette proportion s’élevait encore à 85%.
Même si cette mesure est souvent controversée – la « Market Cap » d’un actif peut facilement flamber – elle constitue toujours un bon indicateur pour évaluer facilement l’emprise du BTC sur les crypto-marchés à un instant donné.
Si l’on regarde un peu en arrière, on peut s’étonner de la manière dont la donne a changé.
Il y a tout juste un an et demi, un seuil de 10 000 dollars pour le Bitcoin était présenté comme quelque chose de magique. Aujourd’hui, le même prix est considéré comme relativement faible, puisque l’actif a flirté avec la barre des 20 000 dollars en décembre dernier.
De manière similaire, une « Bitcoin dominance » au-dessus des 40% est considérée comme importante, puisqu’elle n’était plus que de 32% il y a encore 2 mois. Il s’agit toutefois d’un chiffre extrêmement faible si l’on s’intéresse à ses évolutions à plus long terme.
Le problème est le suivant : nous avons tendance à nous appuyer sur des points de référence récents pour déterminer si un actif est sur-évalué ou sous-évalué.
Il peut être intéressant de prendre un peu de recul, et de s’intéresser sur les évolutions de ces actifs sur une période plus longue.

Bitcoin vs portefeuille composé des 10 principaux altcoins, entre octobre 2013 et octobre 2016.
Les altcoins ont tendance à fortement augmenter pendant les périodes haussières… mais plongent de manière encore plus forte au cours des périodes baissières.
Sauf qu’en 2017, la période haussière des altcoins a été amplifiée par 3 facteurs importants :
- Le Bitcoin a souffert de problèmes de « scalabilité », ce qui a pu offrir pour la première fois une pertinence à certains altcoins/forks
- On pouvait retrouver des altcoins qui apportaient une véritable valeur ajoutée, et qui commençaient à arriver à maturité, ce qui n’était sans doute pas le cas au cours des années précédentes
- La prolifération d’ICOs a permis de financer des budgets marketing considérables et des équipes de développement de qualité, ce qui n’était pas imaginable auparavant
Alors, lequel des 3 scénarios est le plus plausible ?
Au-delà des graphiques et des chiffres, il existe une chose bien plus importante à garder à l’esprit lorsque l’on s’intéresse à l’investissement dans les crypto-monnaies : les valorisations actuelles sont encore majoritairement le fruit d’une spéculation pure. Le marché ne fait que matérialiser le sentiment des agents concernant le potentiel, à long terme, de ces actifs.
Je reçois souvent des questions du type « J’envisager d’acheter des Litecoins, il semble que c’est une bonne affaire à 200 dollars, n’est-ce pas ? ».
La raison, c’est que le Litecoin s’échangeait auparavant à 350 dollars, et que son prix semble désormais attractif, en termes relatifs. Mais, à mon avis, le fait que le Litecoin ait pu un jour grimper à 350 dollars n’a aucune importance. Ce qui compte si vous souhaitez investir dans le Litecoin, c’est de savoir si vous pensez que le scénario A, B ou C est le plus probable pour l’avenir des crypto-monnaies dans leur ensemble.
Pour conclure, je dirais que les informations qu’il vous manque ne peuvent être trouvées dans les graphiques. Le seuil moyen pour tenter de les obtenir consiste à comprendre le marché dans son ensemble, et à tenter de visualiser son avenir.
Références : News.Bitcoin, CoinMarketCap, WooBull
*Bitcoin Maximalist, continuer super job