Le Bitcoin semble répondre à la définition d’une monnaie qui serait produite grâce à de l’énergie, telle qu’elle a été proposée par l’industriel américain pendant l’entre-deux-guerres.
En 1921, le célèbre entrepreneur Henry Ford avait suggéré de créer une « monnaie basée sur de l’énergie », qui servirait de base à un nouveau système monétaire. Cent ans plus tard, il est difficile de ne pas constater les similitudes qu’aurait eu un tel actif avec le « système d’argent électronique de pair-à-pair » présenté dans le whitepaper du Bitcoin.
Le Bitcoin, une « monnaie énergie »
Le 4 décembre 1921, le New York Tribune publiait un article présentant cette vision d’Henry Ford. L’industriel proposait de remplacer l’or par une monnaie adossée à de l’énergie, dont il pensait qu’elle pourrait permettre d’empêcher aux élites bancaires d’avoir la mainmise sur la richesse mondiale et de mettre fin aux guerres. Il ambitionnait de le faire en concevant « la plus grande centrale électrique » et en créant un système monétaire basé sur des « unités de puissance ».
Voici ce qu’a précisé M. Ford, qui a fondé la Ford Motor Company en 1903 :
« Sous ce nouveau système de monnaie énergétique, la norme serait la suivante : une certaine quantité d’énergie créée pendant une heure correspondrait à un dollar.
Il s’agit tout simplement de penser et de calculer en des termes différents de ceux qui nous sont imposés par le groupe bancaire international, auquels nous nous sommes tellement habitués que nous pensons qu’il n’existe pas d’autre norme souhaitable ».
Les détails concernant la valeur des devises « seront précisés lorsque le Congrès s’y intéressera », avait-il ajouté.
Si Henri Ford n’a jamais eu la possibilité de concrétiser sa vision d’une monnaie adossée à de l’énergie, le Bitcoin semble être parvenu à le faire, un siècle plus tard. Depuis janvier 2009 et le minage de du premier bloc de sa blockchain, plus de 18,8 millions de BTCs ont été créés à travers un processus très gourmand en énergie – le minage – qui s’appuie sur des ordinateurs chargés de résoudre des problèmes mathématiques complexes. Son protocole de validation par preuve de travail suscite d’ailleurs régulièrement des critiques au regard de son impact environnemental – une affirmation qui ne tient pas compte de la capacité du réseau Bitcoin à favoriser un passage vers des énergies renouvelables.
Remplacer l’or et « mettre fin aux guerres »
Dans son article, Henri Ford reproche à l’or d’être à l’origine de conflits internationaux :
« Le mal essentiel de l’or dans sa relation avec la guerre est lié au fait qu’il peut être contrôlé. Brisez le contrôle et vous mettrez fin aux guerres ».
Les défenseurs du Bitcoin estiment de leur côté que les principes sur lesquels se base la cryptomonnaie pourrait limiter les guerres en diminuant la capacité des États à financer des conflits par l’inflation.
Si l’étalon-or compliquait la tâche des nations qui souhaitent débloquer des fonds, « les banquiers internationaux » contrôlaient autrefois la majeure partie de l’offre de lingots d’or, comme l’explique Ford. Ce processus de contrôle et d’accumulation de métal précieux avait permis aux élites financières de créer un marché florissant pour l’argent, qui a prospéré en temps de guerre.
L’étalon-or avait été abandonné en 1971 par le président américain Richard Nixon, qui avait déclaré que le gouvernement suspendait temporairement la convertibilité entre les dollars et les lingots. Subsista un « quasi-étalon-or » jusqu’en 1973, avant que tout lien entre la monnaie américaine et le métal précieux ne soit supprimé.
L’article du New York Tribune a été relayé ce samedi sur la page r/CryptoCurrency de Reddit. Lors de la rédaction de cet article, il avait récolté pas moins de 2 600 « upvotes ». Si Satoshi Nakamoto n’a jamais mentionné Henry Ford dans ses différents messages publiés en ligne, certains utilisateurs de Reddit estiment que le créateur du Bitcoin a probablement été influencé par l’idée de l’industriel américain.