Alors que le prix du Bitcoin connait une hausse de près de 1000% depuis le début de l’année, l’énergie électrique consommée par les « mineurs », qui sécurisent le réseau, est désormais plus importante que celle qui est consommée par 159 pays.
Une étude conduite la semaine dernière par le comparateur britannique PowerCompare s’est appuyée sur les données fournies par le site Digiconomist, qui évaluait la consommation annuelle d’électricité liée au Bitcoin à 29,05 térawatts-heures – soit 0,13% de la consommation totale d’énergie dans le monde.
Pour PowerCompare, ce chiffre est supérieur à celui de la consommation électrique du Nigeria – qui est pourtant le pays le plus peuplé d’Afrique, et le plus riche du continent.
La carte ci-dessous montre, en couleur orange, les pays qui consomment moins d’électricité que ne le font les mineurs de Bitcoin à travers le monde :
L’étude indique par ailleurs que le coût annuel du minage serait approximativement égal à 1,5 milliards de dollars. Si ce chiffre est particulièrement élevé, il se situe bien en-deçà des revenus annuels associés au minage, qui atteindraient les 7,2 milliards de dollars.
Par ailleurs, la consommation d’électricité liée au minage de Bitcoin aurait augmenté, sur le seul mois d’octobre, de 29,98%. Si elle continuait de s’accroître à ce rythme, le Bitcoin absorbera en février 2020 l’équivalent de la consommation actuelle d’électricité dans le monde.
La carte ci-dessous permet de comparer la consommation mondiale liée au minage de Bitcoin avec celle de chaque pays :
On peut par exemple noter que le Bitcoin suppose une consommation électrique supérieure de 16% à celle de l’Irlande, qui utilise 25 Twh d’électricité par année.
Par ailleurs, sur une année, le minage de Bitcoin représente 6,74% de l’électricité consommée en France.
Le minage, une activité nécessaire pour sécuriser le réseau Bitcoin
Le Bitcoin est une crypto-monnaie, qui fut créée en 2009. Il a été conçu pour fonctionner sans aucune autorité de régulation, et s’appuie sur la technologie « blockchain ».
Afin de s’assurer que les transactions ne soient pas falsifiées, ou que les enregistrements liés à la propriété ne puissent être modifiés, les participants au réseau Bitcoin vont enregistrer les transactions dans des blocs.
Et pour inciter les agents à participer à ces enregistrements, qui supposent la résolution de problèmes cryptographiques complexes, ceux-ci se voient remettre des Bitcoins fraîchement créés. On appelle ce procédé le « mining » (que l’on peut traduire en français par « minage »).
Les créateurs du Bitcoin ont limité l’offre totale de Bitcoins – celle-ci ne peut dépasser les 21 millions de BTC, qui devraient avoir été créés aux alentours de l’année 2140. Et afin d’assurer la viabilité du système à travers les années, les problèmes cryptographiques impliqués dans le mining deviennent progressivement plus complexes au fil des mois.
Ainsi, alors qu’un simple ordinateur portable suffisait il y a quelques années pour obtenir des Bitcoins grâce au minage, il faut désormais s’équiper de puissantes machines spécialisées pour espérer obtenir des récompenses.
Par conséquent, les mineurs s’équipent de machines de plus en plus puissantes afin d’obtenir des Bitcoins. Le minage (et donc les transactions Bitcoins qu’il permet de sécuriser) requiert des niveaux d’électricité de plus en plus importants.
Les transactions Bitcoin nécessitent désormais tellement d’énergie que l’électricité utilisée par une seule transaction pourrait assurer l’approvisionnement énergétique d’un foyer pendant près d’un mois, d’après une étude effectuée par la banque néerlandaise ING.
Notez que la majeure partie du minage de Bitcoin est effectuée en Chine, un pays au sein duquel les prix de l’énergie électrique sont plus attractifs que ceux que l’on retrouve dans la plupart des pays occidentaux. Une telle hégémonie pourrait toutefois bientôt prendre fin, dans la mesure où certains mineurs de la région ont déclaré qu’ils cherchaient désormais à délocaliser leur entreprise à l’étranger, de crainte que le gouvernement n’interdise ce type d’activité.
Ainsi, des inquiétudes naissantes au sujet des conséquences environnementales du minage de Bitcoin sont en train d’émerger – et devraient se faire plus pressantes dans les années à venir. Certaines crypto-monnaies ont d’ailleurs déjà recours au « proof-of-stake » (preuve d’enjeu), un mécanisme de sécurité bien moins gourmand en énergie.
Références : BusinessInsider, DailySabah, PowerCompare, blockchain.info