Que faire après avoir créé une crypto-monnaie dont la valeur totale flirte avec la barre des 30 millions de dollars ?
Un informaticien de 23 ans, affublé d’un T‑shirt vert « Doge », nous a donné hier une réponse.
Lors de la conférence phare d’Ethereum, la Devcon, le fondateur du projet Vitalik Buterin a révélé qu’il était en train de travailler sur le futur visage de son réseau Blockchain. Ce qu’il a présenté comme « une modeste proposition » doit plutôt être appréhendé comme une véritable feuille de route des évolutions techniques qu’allait recevoir Ethereum, sur un horizon de 3 à 4 ans.
Particulièrement impliqué dans la mise en place du « sharding », qui vise à désengorger le réseau, le jeune informaticien a présenté une stratégie solide, mettant en lumière les problèmes qui demeurent non résolus, en mettant l’accent sur la scalabilité.
Dans la mesure où les nœuds d’Ethereum stockent tout ce qui s’est produit sur le réseau, M. Buterin a expliqué qu’il existait un besoin pour des solutions qui pourraient venir réduire les coûts de stockage de ceux-ci, alors que l’activité au sein du réseau ne cesse d’augmenter.
C’est une problématique qui fait partie depuis longtemps des priorités de l’informaticien. Sa présentation permettait de prendre la mesure de sa détermination à la solutionner, et de voir sa volonté de galvaniser les développeurs autour de ce qui devra constituer un effort collectif.
« Le volume d’activité sur la Blockchain est extrêmement plus important qu’il ne l’était il y a deux ans » a‑t-il expliqué, faisant référence aux volume croissant de transactions journalières sur le réseau, mais aussi à l’existence de plus de 20 000 nœuds au sein d’Ethereum.
Il a expliqué que le réseau était désormais en lutte contre ses propres limites.
« La scalabilité, c’est le problème numéro un. Il existe une quantité immense de systèmes, aujourd’hui disparus, qui déclaraient pouvoir régler cette problématique, mais qui n’ont pas su le faire. C’est donc un challenge particulièrement décisif, et qui devrait s’avérer complexe à mener. »
Scinder le réseau
La réponse de Buterin tient en huit lettres : le sharding.
De quoi s’agit-il ? Le sharding, c’est une manière de répartir les données en plusieurs couches. S’inspirant des bases de données « traditionnelles », Vitalik Buterin aimerait offrir la possibilité à chaque nœud de n’héberger qu’une fraction de la totalité du réseau. Ces nœuds pourraient, en cas de besoin, s’appuyer sur d’autres pour récupérer des données.
Mais comment y parvenir d’un point de vue pratique ? Et surtout, comment s’assurer de ne pas mettre en péril la sécurité du réseau, et éviter que certains nœuds ne décident de fournir de fausses informations aux autres ?
Vitalik Buterin a proposé un nouveau type d’infrastructure de sharding, qui serait à même de résoudre à la fois les problèmes de scalabilité et ceux de gouvernance – tout en s’assurant du bon fonctionnement du réseau.
La proposition dévoilée aujourd’hui consiste à séparer Ethereum dans différents types de « shards » (fractions de Blockchain). Il y aurait ainsi le shard principal, qui serait constitué par le réseau Ethereum tel qu’il est aujourd’hui, et d’autres shards, présentés par Vitalik Buterin comme d’autres « univers ».
Le jeune informaticien a expliqué que ceci permettrait de limiter la nécessité d’apporter des modifications importantes sur la Blockchain principale, pour réserver les ajouts les plus « agressifs » sur de plus petits chaînes satellites. C’est la raison pour laquelle ceci devrait permettre à Ethereum de conserver une certaine stabilité, tout en offrant la possibilité aux développeurs de pouvoir rapidement expérimenter de nouvelles solutions sur les autres shards.
Ou, comme M. Buterin l’explique :
« D’autres univers, dans lesquels toutes les choses sur lesquelles nous travaillons depuis plusieurs années pourront être déployées beaucoup plus rapidement. »
Une vision d’avenir
Une nouvelle feuille de route a également été présentée par le fondateur d’Ethereum.
Elle contient notamment des mises à jour apportées à l” »Ethereum Virtual Machine » (EVM), la technologie qui permet de compiler le code des smart-contracts, et de le transmettre au réseau. Il a également évoqué un autre projet de longue date, eWASM, qui doit permettre d’utiliser Ethereum dans un navigateur Web.
Un autre projet, qui consiste à accélérer la manière dont les logiciels se connectant au réseau pourraient se synchroniser plus rapidement avec celui-ci, a été évoqué.
« Vous allez entendre parler de plus en plus de cette idée », a‑t-il déclaré. Il a d’ailleurs invité les développeurs du monde entier à apporter leur contribution à ce projet.
C’est toutefois le sharding qui semble être au cœur des préoccupations de Vitalik Buterin – et qui devrait constituer le plus grand changement apporté au réseau sur les 3 ou 4 prochaines années. L’homme a précisé que certains développeurs travaillaient déjà sur le projet.
Il a expliqué par ailleurs que le travail sur ce protocole était plus avancé que ce que pouvaient imaginer certains.
« Nous ne sommes qu’à quelques centimètres d’une mise à jour fonctionnelle, codée en Python » a‑t-il conclu.
Référence : CoinDesk