Ceci est la traduction libre d’un article publié dans la nuit de vendredi à samedi par le site CoinTelegraph, qui remet en perspective la décision récente de la Chine « d’interdire » les crypto-transactions. Vous pouvez retrouver l’article d’origine en cliquant sur ce lien.
Depuis 2009, la Chine et Hong Kong ont « interdit » – ou suscité la peur sur les crypto-marchés – à 19 reprises.
Le Bitcoin a chuté de 5% hier, suite à une « nouvelle » (datant en fait du 15 septembre) indiquant que la Banque Populaire de Chine (BPC) déclarait que l’ensemble des crypto-transactions étaient désormais illicites.
Avec cela en tête, intéressons-nous aux 12 dernières années de FUD (« peur, incertitude et doute ») venant de Chine, et tentons de voir si nous parvenons à déceler certaines tendances.
2009 : la Chine interdit les « monnaies virtuelles » pour la première fois
1 : Les régulateurs chinois n’ont jamais été de grands fans des cryptomonnaies. En 2009, alors que les monnaies numériques basées sur la technologie blockchain n’en étaient encore qu’à leurs balbutiements, les ministères de la Culture et du Commerce avaient interdit l’utilisation de « monnaies virtuelles » pour effectuer des achats et des ventes de biens. Même si cette mesure ne visait pas spécifiquement le Bitcoin, elle semble avoir ouvert la voie à une décennie de réglementations anti-crypto.
2013 : première interdiction du Bitcoin
2 : En 2013, la BPC avait décidé d’interdire aux institutions financières chinoises de traiter les transactions en BTC. Elle avait alors qualifié les cryptomonnaies de monnaies « sans véritable signification ». Cette nouvelle avait fait chuter le prix du Bitcoin sous les 1 000 dollars, alors que la plateforme BTC China (BTCC) était la première au monde en termes de volumes.
L’actif avait à nouveau flambé quelques semaines plus tard.
2014 : de fausses menaces d’interdiction
L’année 2014 nous a appris que les documents émanant soi-disant des régulateurs de Pékin sont parfois aussi efficaces que des vrais.
3 : En mars, une « fake news » publiée sur la plateforme Sina Weibo affirmait que la banque centrale prévoyait d’interdire toutes les transactions en Bitcoin dans le pays dans moins d’un mois. Bien que la nouvelle soit fausse, cela n’avait pas empêché la première cryptomonnaie d’enregistrer une chute importante.
4 : À peu près au même moment, la bourse chinoise de cryptomonnaies FXBTC avait révélé qu’elle allait devoir fermer suite aux menaces des régulateurs d’interdire son activité. Le cours du Bitcoin avait alors plongé de 709 dollars à un plus bas à 346 dollars. Il était toutefois parvenu à repasser au-dessus des 600 dollars à la fin du mois.
2016 : le piratage d’une plateforme asiatique fait chuter les prix
5 : Basée à Hong Kong, la plateforme d’échange Bitfinex avait été victime de l’un des plus grands piratages de l’histoire en août 2016. Les hackers étaient parvenus à mettre la main sur 119 759 BTCs – soit alors plus de 5 milliards de dollars – certains de ces fonds faisant, encore aujourd’hui, l’objet de traçages. La nouvelle du piratage de l’une des plus grandes plateformes d’échange avait provoqué la chute du cours du Bitcoin, qui avait alors perdu plus de 10% de sa valeur.
Malgré tout, en septembre, les prix avaient à nouveau retrouvé leurs niveaux d’avant le hack.
2017 : la Chine publie deux crypto-interdictions en l’espace d’un mois
6 & 7 : En septembre, le gouvernement chinois avait officiellement interdit aux bourses d’échange d’offrir leurs services aux résidents du pays. La BPC avait annoncé que les citoyens ne seraient plus autorisés à participer à des « Initial Coin Offerings » (des levées de fonds en cryptomonnaies).
Seulement 3 mois plus tard, le Bitcoin passait de 4 000 dollars à un record historique à près de 20 000 dollars.
8 & 9 : La première cryptomonnaie était inscrite dans l’un des plus grands « bull runs » de son histoire, lorsque la plateforme BTCC avait révélé qu’elle devait fermer suite à une « interdiction » du gouvernement (elle est pourtant toujours ouverte). De son côté, le gouverneur adjoint de la BPC avait déclaré que « le corps du Bitcoin flotterait un jour dans une rivière ».
Le Bitcoin, alors dans une tendance haussière, n’avait enregistré que des baisses mineures et passagères suite à ces annonces.
2018 : une crise de confiance alimentée par certains médias
10 : En janvier 2018, plusieurs médias avaient publié des articles indiquant que la chute récente des crypto-marchés serait liée aux célébrations, le mois suivant, du nouvel an chinois, qui inciterait les épargnants à mettre de l’argent de côté.
11 : De nombreux observateurs ont fait valoir que cette chute était plutôt due à un article du média chinois Securities Times, qui rapportait que le pays était en train de sévir vis-à-vis du crypto-minage.
En février, le Bitcoin avait perdu plus de 65% de sa valeur, chutant jusqu’à 6 852 dollars. Cela n’avait toutefois pas duré : le prix du BTC avait rebondi à 11 000 dollars à la fin du mois.
2019 : une « FUD » importante
12 : Le cours du Bitcoin avait fortement chuté en avril 2019, alors qu’un projet de la Commission du Développement National et de la Réforme avait révélé qu’elle envisageait d’interdire le minage de cryptomonnaies dans le pays.
13 : La BPC avait de son côté publié une annonce indiquant que les cryptomonnaies ayant servi à effectuer des échanges seraient « immédiatement supprimées » si elles étaient découvertes.
Malgré une brève chute, le BTC s’apprêtait à enregistrer l’année suivante de nouveaux records historiques.
2020 : la Chine serait derrière le « crypto-bain de sang »
14 : Le « crypto bloodbath » de mars 2020, qui avait vu le cours de toutes les principales cryptomonnaies plonger au début de la crise de la pandémie de COVID-19, pourrait être en partie lié aux ventes réalisées par les mineurs chinois.
15 : Le gouvernement hongkongais avait annoncé en décembre qu’il comptait interdire le crypto-trading aux épargnants – un objectif qui s’inscrivait dans sa volonté de sévir plus efficacement contre le blanchiment d’argent.
En décembre, le Bitcoin dépassait pour la première fois de son histoire le seuil des 20 000 dollars, atteignant les 30 000 dollars le 2 janvier.
2021 : interdiction du crypto-minage et des crypto-transactions
16 : En mai, la National Internet Finance Association of China, la China Banking Association ainsi que la China Payment and Clearing Association avaient publié un communiqué avertissant les épargnants contre l’investissement dans les cryptomonnaies.
17 : Le mois suivant, la BPC avait donné l’ordre aux banques chinoises et aux prestataires de services de paiement mobiles de ne pas offrir de services bancaires et de transferts de fonds aux clients engagés dans des crypto-transactions.
18 : En juin, des responsables gouvernementaux avaient décidé d’imposer une interdiction sur le crypto-minage, provoquant l’exode massif des opérateurs de fermes d’actifs numériques du pays.
19 : Et nous arrivons à aujourd’hui, avec la BPC déclarant que toutes les crypto-transactions effectuées en Chine sont illégales.
Après 19 épisodes de« FUD » provenant de Chine, le Bitcoin est toujours bel et bien là
Si l’on inclut le message publié hier par la BPC, on a pu lire au total 11 messages émanant des régulateurs chinois ou hongkongais, promettant d’appliquer ou faisant allusion à l’application d’une interdiction sur les crypto-transactions, les plateformes d’échange ou le minage.
On compte également 8 incidents majeurs, « fake news » ou relais de médias provoquant la peur sur les crypto-marchés – comme des piratages ou des décisions prises par des crypto-entreprises du pays.
Ainsi, depuis 2009, la Chine a « interdit » l’accès à la crypto-sphère – ou a été à l’origine d’une crainte auprès des investisseurs en actifs numériques – à 19 reprises.