Deux membres « pro-crypto » du Parlement préconisent le redéploiement de plusieurs centaines de millions d’euros pour faire de la France une « blockchain nation ».
Comme l’ont révélé Les Échos, Jean-Michel Mis, député (LREM) de la Loire, et Laure de La Raudière, députée (LR, droite constructive) d’Eure-et-Loir, ont rendu mercredi un rapport présentant 20 préconisations destinées à soutenir le développement et l’adoption de la technologie blockchain.
« 2018 a été l’an zéro de la popularisation de la blockchain en France. L’année 2019 doit être celle de l’émergence de cet écosystème », déclare M. Mis. « L’ordre d’idée, ce serait de “flécher” 500 millions d’euros sur trois ans », ajoute-t-il, avec pour échéance le projet de loi de finances 2020.
Il s’agirait plus précisément de redéployer des crédits accordés par l’Agence nationale de la recherche et Bpifrance vers l’écosystème blockchain.
Conférence de presse à @AssembleeNat suite à la présentation de notre rapport sur la #Blockchain. Occasion de montrer que les élus peuvent travailler ensemble sur des sujets innovants et aux potentiels essentiels pour notre pays #numérique #technologie #souveraineté #formation pic.twitter.com/JID6awOX8m
— Jean-Michel MIS (@JeanMichelMIS) December 12, 2018
« Je tire le signal d’alarme : c’est le moment d’investir »
Laure de La Raudière estime qu’il est urgent que la France capitalise sur cette nouvelle technologie avant que d’autres pays – notamment la Chine et les États-Unis – ne s’y mettent. Elle a rappelé que l’Hexagone avait été en retard dans la révolution Internet des années 1990, et qu’il ne devait pas commettre cette fois la même erreur.
« Je tire le signal d’alarme : c’est le moment d’investir, a‑t-elle déclaré au Journal du Net. « Il n’y a pas encore de positions établies dans le monde. En plus, nous avons de nombreux atouts : des talents, de la formation et de nombreuses entreprises qui s’intéressent à la blockchain. Il faut donc accélérer avec de l’argent public français et européen ».
La députée a par ailleurs appelé le secteur public à implémenter la technologie blockchain, de la même manière qu’ont commencé à le faire certains acteurs du secteur privé, comme « Carrefour ou Casino ».
« La France doit avoir une philosophie conquérante sur le sujet et l’État au premier chef, à la fois en tant qu’utilisateur et fédérateur de projets », a‑t-elle ajouté.
Laure de La Raudière a également suggéré l’émission d’une monnaie numérique par la Banque Centrale Européenne (BCE), ou « par une autre entité ».
« Cela permettrait de rassurer les investisseurs qui souscrivent aux émissions de jetons pour financer les start-up de la blockchain », a‑t-elle expliqué. « Ensuite, cela offrirait une alternative aux crypto-monnaies très volatiles comme le Bitcoin. Enfin, cela apporterait des garanties d’honorabilité aux institutionnels et cela leur permettrait de monter en compétences sur les sujets blockchain et crypto ».
En novembre 2018, Christine Lagarde, la directrice du Fonds Monétaire International (FMI), avait proposé une suggestion similaire, en évoquant notamment les travaux menés par les banques centrales de la Suède, du Canada et de l’Uruguay.
« Je pense que nous devrions envisager la possibilité d’émettre des monnaies numériques », avait-elle déclaré. « L’avantage est clair. Votre paiement serait immédiat, sécurisé, peu coûteux, et potentiellement semi-anonyme […] Et les banques centrales pourraient ainsi conserver leur influence dans les paiements ».