Le directeur général de Nordea Bank estime que le Bitcoin est une « blague », et que tout ceci serait « complètement absurde ». Un banquier danois déclare quant à lui qu’il ne se sent « pas à l’aise » avec la crypto-monnaie,
ATP, le plus grand fonds de pension du Danemark avec environ 120 millions d’actifs sous gestion, indique qu’il compte rester à l’écart du Bitcoin, alors que la crypto-monnaie est sur le point d’infiltrer plusieurs marchés à terme.
« On peut bien sûr prendre son temps et essayer de comprendre ses bases techniques, mais le Bitcoin et le rôle qu’il est censé jouer constituent un élément avec lequel je ne suis pas à l’aise », a confié Kasper Ahrndt Lorenzen, directeur des investissements d’ATP, au cours d’un entretien accordé à Copenhague.
« Je pense qu’en tant qu’investisseur, il convient de rester humble », a‑t-il indiqué. « Lorsque une personne n’est pas à l’aise avec quelque chose, elle doit rester humble et ne pas tenter d’y aller ».
Pour Casper von Koskull, directeur général de la Nordea Bank, il ne fait aucun sens d’autoriser une classe d’actifs à l’image si sulfureuse.
« Je n’y ai pas réfléchi », a‑t-il affirmé. « Lorsque l’on regarde tous les crimes financiers et les problématiques de régulation, où se place le Bitcoin ? »
Il a poursuit ainsi :
« Si vous laissez cet actif évoluer sans faire l’objet de contrôles, alors, du fait des milliards que nous dépensons dans la régulation du système financier, je pense que c’est une “blague” de laisser vivre le Bitcoin », a déclaré M. von Koskull. « Je ne comprends pas – c’est complètement absurde ».
Au Danemark, la Danske Bank a rejoint les rangs des institutions financières qui ont indiqué qu’elles n’offriraient pas à leurs clients la possibilité de déposer les gains qu’ils auront pu générer en spéculant sur le Bitcoin, d’après ce qu’a rapporté le journal Dagbladet Børsen. M. Lorenzen d’ATP se demande si le Bitcoin pourrait véritablement constituer une nouvelle forme de monnaie.
« Si nous devions traiter le Bitcoin en tant que crypto-monnaie ? Nous pensons qu’il n’en est pas encore à ce stade », a‑t-il indiqué. « Si nous devions investir dans une crypto-monnaie, nous le ferions seulement si celle-ci nous permettait de nous appuyer sur des produits dérivés, afin de gérer notre risque. Et nous le ferions en nous basant sur des primes de risques bien définies [ndlr : un supplément de rendement permettant de compenser un niveau de risque élevé]. Le Bitcoin n’a pas de prime de risque bien définie ».
Lors de la rédaction de cet article, le Bitcoin poursuivait sa tendance haussière, et était tout proche des 15 000 dollars (12 700 euros) – sa valeur a ainsi plus que doublé en l’espace de moins d’un mois.
Cette hausse pourrait être liée à l’arrivée imminente d’une nouvelle vague d’investisseurs institutionnels dans son écosystème.
Cboe Global Markets Inc. a déclaré qu’il allait mettre en place des contrats à terme sur le Bitcoin dès dimanche prochain. Il sera suivi par CME Group, qui se lancera le 18 décembre.
Nasdaq a également prévu de proposer de tels contrats. La plateforme Cantor Exchange proposera prochainement un produit financier dérivé lié au Bitcoin, tandis que la startup Ledger X offre déjà des options sur la monnaie numérique.
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M. Lorenzen ne ferme toutefois pas définitivement la porte au Bitcoin. Il a déclaré que sa société était « toujours en train de chercher à étendre son univers d’investissement. Si le Bitcoin devenait plus “établi”, et que nous nous sentions à l’aise avec cet actif, alors peut-être que nous pourrions l’ajouter à notre univers d’investissement, sur un pied d’égalité avec d’autres monnaies ».
Il estime que toutes ces innovations technologiques sont en train d’avoir des impacts considérables sur le secteur.
« Il est clair que l’on assiste à une remise en cause des systèmes monopolistiques qui prévalaient autrefois, et qui contrôlaient tout », a‑t-il affirmé. « Ce monde n’existe plus ».
Référence : Fortune